De l’inflation à la déflation : une menace économique et politique pour la France

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L’inflation a ralenti en France le mois dernier à 0,3%, après 0,5% le mois précédent, et ce en raison de la baisse des prix des produits manufacturés et de l’énergie, a annoncé l’INSEE jeudi. S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les analystes, d’aucuns relèvent pourtant que la déflation menace la France : une difficulté économique mais aussi politique.
 
D’après les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique, sur le seul mois de novembre, les prix à la consommation ont reculé de 0,2%. Et l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet, dans le cadre des traités européens, des comparaisons avec les autres pays de la zone euro, a reculé de 0,2% sur le mois, et atteint 0,4% sur les douze derniers mois, ce qui représente une légère diminution par rapport à octobre, où il s’était stabilisé à + 0,5%. Une amélioration par rapport aux prévisions, puisque la plupart des économistes n’envisageaient une baisse que de 0,1%.
 

La France dit adieu à l’inflation

 
« C’est la première fois que l’inflation sous-jacente est négative depuis que la série existe (1990) », se félicite l’INSEE dans un communiqué. L’institut précise que ce recul des prix à la consommation en novembre s’explique par les baisses de 0,3 % des prix des produits manufacturés (– 1,2% sur un an), de 0,6% des prix de l’énergie (– 1,1% sur un an), ainsi que par le repli saisonnier des prix des services (– 0,1%, mais + 1,5% sur un an).
 
Les analystes économiques ne sont pas pour autant satisfaits. Car, expliquent-ils, la question du jour est désormais celle de la déflation, c’est-à-dire une spirale qui conjugue la baisse des prix et celle des salaires. « En gardant à l’esprit que le taux d’inflation annuel reflète toujours l’impact de la hausse de la TVA début 2014, nous devons nous attendre à ce que le taux principal tombe en territoire négatif au début de l’année prochaine », explique Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas.
 

Perspective de déflation, menace économique et politique pour toute la zone euro

 
La question n’est pas pure spéculation. Tant la Commission européenne que la Banque Centrale européenne s’en inquiètent, car la France n’est pas la seule à être concernée. Toute la zone euro – voire plus… – pourrait en pâtir !
 
Alors Bruxelles se raccroche à tout ce qui peut paraître favorable pour se rassurer, et surtout rassurer les Européens : baisse du pétrole – et donc de l’essence, faiblesse de la monnaie unique, qui favorise les exportations des pays de la zone euro, etc. Et Francfort réfléchit, de plus en plus activement semble-t-il, et malgré les réticences de Berlin, à la possibilité de racheter massivement, dès le début de l’année prochaine, de la dette publique des Etats-membres.
 
Une situation que d’aucuns croient pouvoir attribuer à la souplesse pratique de deux hommes : Mario Draghi, le président de la Banque Centrale européenne, et Jean-Claude Juncker, celui de la Commission européenne. Libération s’est même permis, hier, à l’endroit de ce dernier, une comparaison flatteuse avec son prédécesseur José Manuel Barroso, que le quotidien de gauche a qualifié d’« idéologue borné ». Si ! Si ! Libération
 
Quoi qu’il en soit des réalités tangibles ou des simples espérances, cette situation explique mieux la relative compréhension manifestée par Bruxelles à l’égard de la France. En une période potentiellement aussi explosive, la rigueur et l’austérité risqueraient de provoquer une réaction populaire impossible à juguler. La Commission européenne n’a certes pas envie de multiplier l’expérience d’Athènes…