L’Intelligence Artificielle, en sauveur du monde, selon le président de Google

Intelligence Artificielle monde Google
Le président de Google, Eric Schmidt.

 
Eric Schmidt, président de Google, vient de déclarer sacro-saint le défi de l’Intelligence Artificielle. Car elle pourra, selon lui, offrir une solution mondiale aux « problèmes difficiles » qui touchent le monde… L’Intelligence Artificielle est censée connaître, en 2016, une étape décisive, face à des réalisations plurielles dans différents domaines d’application. Et ceux qui crient à la prudence, tout en augmentant les recherches, tels que Elon Musk ou Bill Gates, sont peut-être les promoteurs, conscients ou non, de la future mise en place d’une surveillance globalisée.
 

« L’Intelligence Artificielle nous aidera » (Eric Schmidt)

 
C’est acté par Google : l’Intelligence Artificielle pourra aider à résoudre « les problèmes à l’échelle de la planète toute entière »… Entendez la croissance démographique, le changement climatique, le développement humain et l’éducation.
 
Tout simplement parce qu’elle va pouvoir faire comprendre les liens entre les causes et les effets, en passant au crible de grandes quantités d’informations, a déclaré Eric Schmidt, président exécutif de « Alphabet Inc. », la société de portefeuille qui détient Google.
 
Mais pour cela, une action conjointe est nécessaire, un travail d’équipe à l’échelle internationale. « L’Intelligence Artificielle devient tellement influente et importante que les entreprises doivent travailler ensemble pour créer des approches normalisées, en utilisant des outils similaires et en publiant leurs recherches pour la communauté universitaire. » C’est alors seulement que nous pourrons changer le monde, affirme Schmidt…
 

Google et Facebook mettent leurs technologies en open source pour accélérer la recherche

 
Le message de Google qui emploie des centaines de personnes pour mener des recherches fondamentales sur l’Intelligence Artificielle, et parraine de nombreuses conférences universitaires semble déjà avoir été entendu.
 
Depuis début décembre, nombre d’annonces ont émané des grands noms de la recherche pour la technologie, tels que Facebook Inc., Microsoft Corp., IBM, Baidu Inc. … Ces géants américains ont unanimement décidé de mettre à la disposition de tous, en open source, les résultats de leur propres recherches en Intelligence Artificielle.
 
Google avait rendu accessible, début novembre, son logiciel de « Machine learning », la dernière révolution de la Silicon Valley. « Un programme informatique qui apprend tout seul », grâce à la puissance des ordinateurs et surtout au nombre gigantesque de données dont disposent désormais les entreprises, le big data. (Dans un rapport publié début novembre, les analystes de « Bank of America Merrill Lynch » estiment que la moitié des emplois aux Etats-Unis pourraient être remplacés par des robots au cours des vingt prochaines années, en particulier dans l’industrie…)
 
A la mi-décembre, Facebook s’est engagé à livrer les secrets de fabrication de son tout nouveau serveur « Big Sur », qu’il utilise pour ses projets liés à l’Intelligence Artificielle.
 
Il faut constater que d’une manière générale, les avancées sont multiples, de la reconnaissance faciale aux voitures sans pilote. Et si ces robots ont encore besoin d’une intervention humaine permanente, ils prennent de plus en plus d’autonomie quant à leur prise de décision, grâce au nombre croissant d’algorithmes qui les commandent. Le rêve ultime de leurs démiurges est celui de la Singularité : l’avenance de ce jour où les ordinateurs dépasseront en capacité et en créativité, les cerveaux humains…
 

La grande peur… orchestrée ?

 
Mais le pouvoir qui en résultera sera immense et le débat qui sévit aujourd’hui parmi ces technophiles de l’extrême est celui de la responsabilité. A qui l’octroyer, à qui le refuser…. ? Un débat en apparence seulement. Car ceux qui prétendent à l’universalité démocratique de leurs découvertes, et les mettent à la disposition de tous, en open source, sont les premiers à appeler à la prudence et à souhaiter une sorte d’autorité mondiale pour la sécurité….
 
Ainsi, Elon Musk, qui a lancé le 11 décembre dernier, pour un milliard de dollars, avec Sam Altman, président du Y Combinator, un centre de recherche à but non lucratif, intitulé « OpenAI », ayant pour objectif de développer des technologies d’intelligence artificielle et de les mettre à disposition de tous et non pas seulement des actionnaires… Les superpouvoirs pour tout le monde !
 
Seulement, s’il est tout sauf sceptique, il s’affiche d’ores et déjà dans le groupe des « prudents ». Rejoignant l’inclassable Ray Kurzweil qui redoute l’apprentissage par les robots d’une autonomie bientôt difficile à maîtriser. Ou encore le physicien britannique Stephen Hawking qui craint la possible « fin de la race humaine ». Et même Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, qui s’inquiète de « notre plus importante menace existentielle »…
 

Supervision technologique du monde

 
Crédible ou pas, vraie ou fausse, cette appréhension dévoile derechef, et avec une logique implacable, la nécessité d’une supervision technologique générale, d’« une surveillance réglementaire, peut-être au niveau international » selon les propres mots de Bill Gates : le dangereux pouvoir ne doit être attribué qu’à ceux qui le maîtrisent.
 
L’Intelligence Artificielle résoudrait alors peut-être les problèmes de tout le monde, mais sous la décision de quelques-uns… Une prospective pour le moins épineuse.
 

Clémentine Jallais