Interdiction d’avoir des relations sexuelles avec le robot Pepper, mais les « sexbots » sont pour bientôt

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Le robot Pepper est un robot « émotif » : il parle, reconnaît la voix de son propriétaire et peut également chanter ou danser. En juin dernier, lors de sa commercialisation, les Japonais se le sont arraché : plus d’un millier d’exemplaires ont été vendus en une minute seulement, alors que le robot coûte près de 1.800 euros à l’achat, à quoi s’ajoutent 340 euros de location mensuelle pour couvrir les frais de mise à jour, d’applications et d’assurances.
 

Une interdiction portée dans le contrat

 
Dans le contrat, les créateurs du robot Pepper précisent toutefois que son usage à des fins « sexuelles ou indécentes » entraînerait immédiatement la rupture du contrat de « location » qui suit l’achat. Ils insistent : les utilisateurs ont interdiction d’avoir « une relation sexuelle » avec le robot, de créer des applications sexuelles ou de le reprogrammer pour harceler un tiers.
 

Interdit d’avoir des relations sexuelles avec le robot Pepper, mais des informaticiens le reprogramment pour le rendre séduisant

 
Pourtant, certains informaticiens ont déjà reprogrammé l’iPad que le robot porte autour du cou pour lui ajouter une poitrine virtuelle, lui faire secouer les hanches et gémir lorsqu’il est touché.
 
L’incident a relancé le débat des « sexbots », c’est-à-dire des robots « sexuels ». Certains ingénieurs en robotique ont même affirmé que les robots dont les hommes pourront « réellement tomber amoureux », c’est-à-dire des robots bien plus sensibles, attirants et « empathiques » que Pepper, arriveront dans quelques années seulement sur le marché.
 
« Bientôt, il y aura des robots humanoïdes réalistes dotés d’intelligence artificielle », a affirmé le professeur Adrian David Cheok, spécialiste de la robotique à l’Université de Londres. « Certains d’entre nous tomberons amoureux et aurons des relations sexuelles avec des robots. Nous entrons dans un domaine éthique et légal totalement nouveau. Nous n’avons pas encore travaillé sur l’éthique des robots », a-t-il poursuivi.
 
Pour ce professeur, il est temps de décider si les robots ont eux-mêmes des droits ou non (le « droit » de ne pas être « violé » par exemple) ? « Avoir une relation sexuelle avec un robot lorsque vous êtes marié, est-ce tromper ? », interroge-t-il notamment.
 

Bientôt les « sexbots »

 
Pour le professeur Kathleen Richardson, spécialiste de la déontologie robotique, ce genre de robots pourraient « porter une grave atteinte » aux relations humaines.
 
« Les robots sexuels semblent être une priorité dans l’industrie robotique et les modèles qu’ils sont en train de dessiner – ce à quoi ils ressembleront, le rôle qu’ils joueront – sont très inquiétants », explique-t-elle. Elle craint que ces robots ne renforcent une image « stéréotypée » de la femme, et ne réduise toute relation humaine à une relation physique.
 
Elle ajoute : « Nous pensons que la création de tels robots va contribuer à la détérioration des relations entre hommes et femmes, entre adultes et enfants, entre hommes et entre femmes ».
 
Pour le professeur Cheok, il est indispensable d’imposer certaines limites, mais empêcher les hommes de tomber amoureux de robots est « inutile ». Selon ses calculs, 60% de la population pourraient tomber amoureux d’un robot. Son but est de faire croire aux hommes que cet amour est réel en créant des robots « empathiques ». « Qu’il soit vivant ou simplement électronique, un robot sera “vivant” à toutes fins utiles parce qu’il imite la vie », commente-t-il. Comme des droits ont été accordés aux animaux, il en faudra donc pour les robots, assure-t-il.
 
La frontière entre la réalité et le monde virtuel s’estompe chaque jour.
 

Béatrice Romée