Islamistes à Mossoul : nouveau calvaire des chrétiens d’Orient

islamistes à Mossoul : nouveau calvaire des Chrétiens d'Orient

Il y a quelques semaines, à Pâques, Danny, jeune chrétien Irakien réfugié dans le nord de l’Irak à quelques kilomètres de la région du Kurdistan, chantait les louanges du gouvernement kurde, protecteur des chrétiens réfugiés. Après l’arrivée des islamistes à Mossoul se dessine un nouveau calvaire des chrétiens d’Orient.
 
La reconnaissance de Dany ne l’empêchait pourtant pas de penser à l’émigration…
Pourquoi ? « Parce que nous savons combien la région est propice aux basculements soudains, et nous ne serons jamais en sécurité ici ».
Les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) semblent lui donner tristement raison.
Ce matin, la ville de Mossoul, située à 70 kilomètres d’Erbil, la capitale kurde, tombait entre leurs mains, aidés par des tribus sunnites hostiles au gouvernement majoritairement chiite. Avec elle, toute la région frontalière du Kurdistan.
 
Non loin de là, Qaraqosh, petit village dans lequel un grand nombre de chrétiens sont venus se réfugier en fuyant Bagdad ou Mossoul à la fin de l’invasion américaine. Danny y habite.
 
Ils ne savent pas ce qui les attend. Le calvaire des chrétiens d’Orient commence toujours par l’incertitude. La voiture était interdite toute la matinée tant les routes étaient saturées de réfugiés de toute la région fuyant vers les camps mis en place à la frontière kurde. Les routes étaient bloquées afin qu’aucun djihadiste ne puisse passer.
Ils pensaient donc fuir à pied, avant que l’interdiction ne soit levée.
 
Aujourd’hui, vers 14h, Danny préparait donc ses bagages avec ses frères et sœurs, après être allé chercher ses grands-parents, prêts à fuir.
« Nous aurons peut-être à abandonner la voiture aux checks-points kurdes, nous verrons, pour l’instant ils faut nous dépêcher ».
 

Islamistes à Mossoul : une « libération » très spéciale

 
Ils veulent être partis avant l’arrivée des ces djihadistes qui prétendent les « libérer », dont ils savent par le bouche à oreille qu’ils approchent.
 
« Nous ne savons pas où ils sont exactement mais nous savons par exemple qu’ils occupent le monastère de Mar Behnam, dans le petit village de Nemrod, à une demie heure du notre… Nous ne pouvons pas risquer de croiser leur route » raconte Danny.
 
L’armée kurde n’était toujours pas intervenue, le président irakien redoutant qu’on ne l’accuse de vouloir récupérer cette région disputée de longue date entre l’Irak et la région autonome du Kurdistan ; une conséquence directe de l’intervention américaine.
 
Résultat ? Des habitants livrés à eux-mêmes, « terrorisés » selon les mots-mêmes de Danny.
Ils fuient donc, encore une fois.
 
Tous partent. Les routes sont majoritairement pleines de musulmans que la présence agressive des islamistes à Mossoul affole, mais être chrétiens constitue un risque supplémentaire.
 
Un risque énorme, qui leur donne aussi une force inouïe : « Dans ces moments il est difficile de faire confiance… Nous avons tant besoin de vos prières. Elle est la seule arme que nous ayons dans notre situation, elle est notre espérance. Et si par ailleurs, notre calvaire pouvait vous réveiller… »