Israël furieux d’une résolution de l’ONU contre les colonies en Cisjordanie et à Jerusalem-Est

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Pour la première fois, l’abstention des Etats-Unis au Conseil de sécurité des Nations unies a permis à celui-ci d’adopter une résolution condamnant la construction de colonies par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. L’événement marquera sans doute le dernier épisode d’une relation de plus en plus tendue entre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président sortant américain, Barack Obama. La résolution a été adoptée par 14 voix contre zéro, suscitant la colère d’un Israël furieux d’avoir été lâché par l’allié de toujours. Mais c’est un développement logique une situation qui n’est pas nouvelle, l’ONU ayant accepté de reconnaître l’Autorité palestinienne l’an dernier.
 
Alors que la presse de gauche du monde entier se plaît depuis des décennies à condamner – pas entièrement sans raison – le comportement d’Israël vis-à-vis de ses voisins au Proche-Orient, avec une attention privilégiée pour la Palestine qui a dû faire place à l’Etat hébreu, le mythe de la toute-puissance du petit Etat juif est en train de s’effondrer pour de bon. Sur l’échiquier des globalistes, Israël n’est plus une pièce maîtresse : on est prêt à la sacrifier au moins partiellement pour faire avancer d’autres politiques. Il suffit de penser à l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, auquel Jérusalem était frontalement opposé.
 

La colère d’Israël, condamné par le Conseil de sécurité de l’ONU

 
Les Etats-Unis ne manquent pas de lobbies pro-sionistes favorable à un soutien sans condition d’Israël, quel que soit son comportement sur le terrain. D’extrême-gauche ou d’extrême droite, les antisionistes de tout poil ont longtemps dénoncé cet alignement qui passe par une aide financière, militaire, défensive. La haute finance est censée participer à l’arrangement, puisqu’elle serait acquise à la cause.
 
Mais les choses sont loin d’être aussi simples : il n’y a pas de plan univoque, de sens unique vers un monde sans frontières si possible dominé par Israël. Cela a même valu à Obama, qu’on savait ne pas être inconditionnel de l’Etat hébreu, quelques commentaires élogieux de la part d’une « droite » radicale restée attachée aux anciens schémas. Avec l’arrivée de Trump, les choses vont se compliquer, les Etats-Unis se trouvant dans une forme d’isolation aux côtés d’Israël.
 
Donc, aux termes de la résolution 2334, toutes les colonies israéliennes en dehors du périmètre originel de l’Israël d’après-guerre ont été déclarées illégales aux termes du droit international. Résolution présentée par le Sénégal et Nouvelle-Zélande, dont on comprend mal l’intérêt à agir en ce sens, aux côtés du Venezuela et de la Malaisie, non moins impliqués dans le conflit israélo-palestinien et qui, eux, n’ont pas de représentation diplomatique à Jérusalem.
 

Une résolution de l’ONU qui reflète la volonté d’Obama

 
Nétanyahou, furieux, a mis sa casquette de ministre des affaires étrangères pour convoquer les ambassadeurs de 12 des 14 pays l’ayant votée et ayant également des relations diplomatiques avec Israël. La Chine, la Russie, la France, l’Angola, l’Egypte, le Japon, l’Ukraine et l’Uruguay ont des ambassadeurs sur place qui ont été invités à répondre des votes de leurs pays ; pour le Royaume-Uni et l’Espagne, ce sont leurs chargés d’affaires qui ont dû venir sur le tapis. Les rencontres prévues avec les ambassadeurs non résidents du Sénégal et de la Nouvelle-Zélande ont été annulées et la suspension de toute aide à ce pays africain de la part d’Israël annoncée.
 
Au cours de la rencontre, Nétanyahou a indirectement accusé Washington d’avoir fomenté l’affaire, mettant en garde les exécutants contre d’autres manipulations que pourrait envisager Obama. A propos de la résolution 2334, Netanyahu a déclaré : « Nous n’avons aucun doute sur le fait que l’administration Obama l’a initiée, l’a soutenue, a coordonné ses différentes versions et a insisté sur son adoption. Au cours des décennies, les administrations américaines et les gouvernements israéliens ont été en désaccord sur les colonies. Mais nous étions d’accord pour dire que le Conseil de sécurité n’était pas le lieu où il fallait régler ce différend. Nous savions que le fait d’y aller allait rendre les négociations plus difficiles, en éloignant la perspective de la paix. Comme je l’ai dit à John Kerry jeudi : les amis n’emmènent pas des amis devant le Conseil de sécurité. »
 

Trump s’oppose à Obama sur les colonies de Cisjordanie et Jerusalem-Est

 
Dimanche, c’était au tour de l’ambassadeur des Etats-Unis à Tel-Aviv, Daniel Shapiro, d’être convoqué pour s’expliquer sur l’abstention des Etats-Unis qui jusque-là avaient toujours usé de leur veto pour protéger Israël. Nétanyahou l’a tancé pour cette décision « honteuse ».
 
La presse israélienne accuse désormais les Etats-Unis de s’être entendus avec les représentants des palestiniens mais aussi des officiels égyptiens en vue de programmer cet « abandon » d’Israël.
 
Aujourd’hui les yeux d’Israël sont tournés vers Donald Trump qui a joué de son poids de président élu pour tenter d’amener Obama à faire user du droit de veto des Etats-Unis devant le conseil de sécurité. Trump et Netanyahou, tout au long de la semaine dernière, ont présenté un front uni face au monde, annonciateur du nouveau visage des relations entre les États-Unis et Israël dès l’entrée en fonction du président-élu. Pour un homme supposé éloigné de l’établissement, Trump se révèle décidément proche du versant pro-sioniste de la politique américaine.
 

Nouvelle donne dans les relations entre Israël et les Etats-Unis : Trump a choisi son camp

 
Le président-élu s’est même fendu d’un coup de téléphone avec le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi, dont le gouvernement est supposé avoir rédigé la toute première version de la résolution 2334. La prise de position ouverte de Donald Trump, alors qu’il n’est pas encore aux affaires, a rompu avec le protocole traditionnel. Mais au moins sait-on à quoi s’en tenir, pour reprendre son tweet à l’issue du vote : « Quant à l’ONU, les choses seront différentes après le 20 janvier. » Trump, comme Netanyahou et son parti, le Likoud, affirme que la paix sera plus difficile à obtenir si l’ONU s’en mêle. « Dommage, mais nous y arriverons quand même. »
 
Voilà qui complique la vision que l’on peut avoir de Donald Trump, volontiers présenté comme proche de Poutine, qui lui-même se trouve dans le camp pro-palestinien. Trump a déjà promis d’établir l’ambassade des Etats-Unis non plus à Tel-Aviv mais à Jérusalem, une décision qui lui ferait bien des ennemis parmi les Palestiniens qui voient en Jérusalem la capitale de leur futur Etat, et leurs amis, aujourd’hui répandus sur les cinq continents.
 

Anne Dolhein