Israël relâche des clandestins africains… au milieu du désert

Israël relâche clandestins africains milieu désert Dolhein
 
Libérés… Techniquement, les centaines de clandestins noirs africains qui ont tenté de s’établir en Israël le sont depuis qu’une décision de la Cour suprême de l’Etat hébreu a ordonné que les demandeurs d’asile détenus depuis plus d’un an soient relâchés sous deux semaines. Libérés de leur obligation de pointer tous les soirs au centre d’hébergement où ils sont consignés en tant qu’illégaux. Mais pour les 750 détenus du centre de rétention de Holot qui bénéficient de la mesure, c’est un cadeau empoisonné : leur camp se situe au milieu du désert, et la décision de les relâcher les prive de leur gîte. Où aller ?
 
La décision de la Cour suprême concerne exactement 1.178 personnes qui s’accommodaient finalement de la politique sévère des gouvernements successifs de Benyamin Netanyahu à l’égard des clandestins africains. Logés dans des centres de rétention « ouverts » mais entourés de barbelés, ils y avaient leurs habitudes et bénéficiaient d’un pécule de 600 shekels par mois s’ils avaient bien fait acte de présence tous les soirs – moins dans le cas contraire.
 

La politique d’Israël face aux clandestins africains

 
Ils espéraient tout de même en sortir puisqu’ils ont cherché à l’obtenir, cette libération. Mais au fond leur victoire est une nouvelle manière de dissuader les clandestins d’Afrique noire – ils sont quelques 53.000 réfugiés et demandeurs d’asile en Israël – puisqu’il se retrouvent au milieu d’une nature hostile, munis d’un sandwich et de 64 shekels, moins de 15 euros, en guise de cadeau d’adieu. Tous sont munis d’un document restreignant leurs déplacements : pas question d’aller à Eilat où Tel Aviv, où la concentration des immigrés clandestins déjà forte conduit à des tensions avec la population.
 

Relâchés au milieu du désert, avec un sandwich et 15 euros

 
La politique israélienne à l’égard de l’immigration clandestine est stricte. Le statut de réfugié n’est donné qu’avec une extrême parcimonie. Tous les autres clandestins sont considérés et traités comme des contrevenants à la loi.
 
La décision de la Cour suprême relâche un peu la pression, sans pour autant assurer les clandestins d’une vie meilleure. Mais Israël décide ce qu’il veut, sans subir la pression d’une entité supérieure. Et sans s’encombrer du discours sur l’accueil de l’étranger et le respect des droits de l’homme qui est lié, il est vrai, au souvenir des exigences d’une charité chrétienne parfois devenue folle…
 

Anne Dolhein