Hostilité grandissante de la population et révolte des maires face aux « migrants » en Italie

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Avec 86.121 arrivées recensées entre le 1er janvier et le 12 juillet 2017 selon les chiffres de l’OIM (contre 78.255 pendant la même période de 2016), l’Italie suffoque sous l’invasion migratoire. Les autres pays européens refusant d’ouvrir leurs ports aux navires qui assurent le transport de ces « migrants » depuis les côtes libyennes, et avec les contrôles aux frontières rétablis par la France, la Suisse et l’Autriche, Rome cherche à s’en sortir en répartissant ces immigrants illégaux dans tout le pays. Dans ce but, le ministère de l’Intérieur signait en décembre dernier avec l’association nationale des communes italiennes (Anci) un accord avec des incitations financières pour accueillir les immigrants et autres demandeurs d’asile. Néanmoins, confrontés à l’hostilité grandissante des populations, à l’afflux toujours plus important d’immigrants qui sont principalement des Africains à la recherche de meilleures conditions de vie et aux capacités insuffisantes des structures d’accueil, de plus en plus de maires se révoltent ouvertement contre les autorités centrales.
 

Dans toute l’Italie, des maires submergés dénoncent les moyens inadaptés

 
C’est ainsi que dans le petit village de Conetta (190 habitants), en Vénétie, le maire Albero Panfilio (centre-droit) compare le camp de tentes érigé sur un ancien terrain militaire pour abriter 1.400 hommes africains à un camp de concentration. Il accuse les autorités de parquer ces immigrants dans des « entrepôts » comme des « détritus ». À 10 km de là, à Bagnoli di Sopra, ce sont 700 « migrants » qui s’entassent sur une ancienne base militaire. Le maire Roberto Milan parle de manifestations d’habitants, restées sans effet, pour exiger leur évacuation. « La tension est forte, il y a beaucoup d’hostilité », explique-t-il en évoquant la méfiance mutuelle du fait de la présence d’immigrants trop nombreux par rapport à la population locale. Des immigrants qui ne savent pas quoi faire de leur temps et qui développent eux-mêmes des ressentiments vis-à-vis de leur pays d’accueil, même s’ils y sont venus sans y avoir été invités. Fin juin, plusieurs dizaines de résidents du camp de Conetta, tous d’origine ivoirienne, protestaient et demandaient à rencontrer le préfet.
 

La révolte s’étend dans les communes qui se voient imposer toujours plus de « migrants »

 
Beppe Grillo, le leader du parti « anti-système » gaucho-libertaire Mouvement 5 étoiles accuse sur son blog le gouvernement de centre-gauche d’avoir souscrit aux opérations de « sauvetage » en Méditerranée en se rendant complice des autres pays européens pour « expérimenter sur l’Italie les effets de l’appauvrissement de masse sur le marché du travail ». Du sud au nord de la péninsule, les actes de révolte se multiplient, comme en Sicile où un maire appelait il y a quelques jours ses administrés à bloquer l’arrivée d’un groupe électrogène destiné au centre d’accueil de « migrants » situé sur le territoire de sa commune. Des mouvements de protestation spontanés éclatent partout tandis que les préfets sont accusés de prendre les mairies par surprise au moment de leur attribuer de nouveaux groupes d’immigrants. Roberto Calderoli, le vice-président du Sénat de la Ligue du Nord, parle même d’un risque de « guerre civile ».
 
Au début du mois, le premier ministre Paolo Gentiloni prévenait ses partenaires européens des risques de troubles au sein de la société italienne si l’UE ne prenait pas en charge une partie des immigrants arrivés illégalement en Italie. Samedi, le journal anglais The Times affirmait savoir de sources sûres que le gouvernement italien envisageait, si les autres pays de l’UE persistent dans leur refus, de délivrer des permis de séjour temporaires à tous les arrivants afin qu’ils puissent poursuivre leur périple européen. Le Times appelle cela l’option nucléaire de l’Italie, ce qui n’empêche pas qu’elle est tout à fait plausible dans la situation actuelle. Il existe d’ailleurs un précédent : Berlusconi y avait déjà eu recours en 2011 pour des milliers de Tunisiens.
 

Olivier Bault