COMEDIE Jalouse ♥


 
Jalouse est une comédie française. Cet énoncé nous fait habituellement frémir, tant elles sont constamment ratées de nos jours. Or Jalouse constitue presque une exception : la grosse première moitié du film fait sourire, voire fait rire…Une femme de cinquante ans se fâche avec tout son entourage, familial, personnel, professionnel, à la suite de remarques continues particulièrement méchantes. Le film renvoie à de nombreuses études ou réflexions sociologiques, ou simplement œuvres d’autofictions introspectives, sur la femme de cinquante ans dans la société française d’aujourd’hui. Elle est divorcée depuis une décennie. Son ex-mari est parti pour une plus jeune, et lui en apparence au moins est heureux tandis qu’elle reste seule. Ses vieux parents sont ou très âgés et souffrants, ou morts, tandis que les enfants grandis, quand ils existent, s’éloignent. Cette femme finit absolument seule, beaucoup plus que n’ont pu l’être sa mère ou sa grand-mère avant « l’émancipation » du féminisme…La comédie repose, dans ce contexte sociologique et la morale singulière de la bourgeoisie de gauche – nettement distincte de la morale chrétienne, au-delà des bonnes intentions affichées -, sur la réaction anormale d’une telle femme de cinquante ans : au lieu de souffrir, avec une discrétion décente, elle décide de se venger, par jalousie du bonheur d’autrui.
 

Jalouse a frôlé la réussite inattendue

 
Cette femme se montre jalouse de la nouvelle compagne de son ex-mari, de son point de vue comblée d’attentions comme elle ne l’avait jamais été vingt ans plus tôt ; en outre, cette jeune femme est intellectuellement peu brillante, alors qu’elle est, elle, normalienne et très fière d’enseigner en classe préparatoire littéraire dans un lycée parisien réputé. Loin de se consoler de sa réussite professionnelle, elle se montre jalouse d’une jeune collègue, en théorie plus ou moins sa stagiaire, qui prétend enseigner différemment et suscite l’intérêt et la curiosité bienveillants des collègues comme des élèves. Elle se montre aussi jalouse de sa meilleure amie, qui, elle, a gardé son mari et a une fille laide. Enfin, chose lamentable, indigne, mais psychologiquement pas impossible, elle se montre même jalouse de sa propre fille unique, brillante danseuse, jeune et belle, qui attire tous les regards masculins.
 
Jalouse n’a pas pour autre ambition que de distraire. Il y parvient donc un premier temps, avec des répliques quelque peu travaillées, qui distillent du venin toujours sous couvert de bienveillance : ainsi, l’ami de sa fille est félicité de lui donner enfin une stabilité dans sa vie sentimentale, après ses innombrables et éphémères amants…Le fiancé complimenté fait alors une drôle de tête…
 
La faiblesse majeure du film réside dans sa volonté, une fois l’héroïne brouillée logiquement avec tout le monde, de rechercher de manière ô combien laborieuse une bonne fin. La comédie n’est alors absolument plus drôle ni crédible : elle propose des réconciliations improbables avec tout le monde, et absolument tout le monde ! C’est dommage, car Jalouse a frôlé la réussite inattendue.
 

Hector JOVIEN

 
Jalouse Comédie Film