Au lendemain du 1er mai, nouvelles tensions au Front national autour de Jean-Marie Le Pen

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Le 1er mai 2016 à Paris : Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch (à droite) lors de la cérémonie d’hommage à Jeanne d’Arc. Pour Marine Le Pen et ses conseillers, l’heure est aux vilains petits canards.

 
La participation de Marie-Christine Arnautu et Bruno Gollnisch à la cérémonie d’hommage à Jeanne d’Arc organisée par Jean-Marie Le Pen crée de nouvelles tensions au sein du Front national. Proche du fondateur du FN, désormais en délicatesse avec sa fille et actuelle présidente du mouvement, mais toujours membre de ses instances dirigeantes, cette assistance au 1er mai du vieux tribun est vécue comme une trahison par Marine Le Pen et ses proches.
 
Pour Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu, il n’y a là qu’une marque d’amitié, jamais cachée, et de « fidélité personnelle et politique » pour Jean-Marie Le Pen. Pour Marine Le Pen et ses amis, c’est un affront. Et peut-être l’occasion de pousser vers la sortie les derniers fidèles du fondateur du Front national.
 

Nouvelles tensions au Front national

 
De fait, lundi, le bureau politique du Front national a sommé les deux députés européens de démissionner des instances du FN, c’est-à-dire du bureau politique en ce qui concerne Bruno Gollnisch, et du bureau politique et du bureau exécutif pour Marie-Christine Arnautu, qui est vice-présidente du mouvement.
 
Cette dernière n’entend pas se plier à cet oukase en démissionnant, et affirme que le FN devra engager une procédure d’exclusion s’il veut aller jusqu’au bout de ses menaces. « Je n’accepte pas une certaine purge, j’ai la conscience tranquille. Je ne démissionnerai pas, il va falloir qu’ils m’excluent », a-t-elle déclaré.
 
De son côté, observant qu’il s’agit d’une « tempête dans un verre d’eau », Bruno Gollnisch a indiqué qu’il réservait sa réponse, voulant prendre le temps de la réflexion et de consulter ses amis et collègues.
 
Quelle que soit la décision qu’il prendra, Bruno Gollnisch déplore cette situation. « On peut conserver une fidélité personnelle et politique à Jean-Marie et soutenir la candidature de Marine Le Pen », affirme-t-il, allant jusqu’à souhaiter qu’elle « gagne en 2017 ».
 

Autrefois symbole d’unité, le 1er mai est devenu un test d’exclusion

 
Ce n’est manifestement pas le point de vue des instances dirigeantes du Front national. Dans un communiqué, son bureau politique du FN a en effet affirmé « le caractère inacceptable de la participation de membres du Conseil d’administration du Front national à une manifestation politique réunissant un grand nombre d’organisations et de personnalités violemment hostiles au Front national ».
 
Il est vrai que Marine Le Pen avait prévenu, à la veille du 1er mai, les proches de son père qu’ils auraient à choisir leur camp, affirmant une division manifestement irréconciliable que Bruno Gollnisch, Marie-Christine Arnautu, et également Mireille d’Ornano, elle aussi député européen, estiment être une erreur politique.
 
Le choix de changer de formule pour le 1er mai en était donc bien un signe manifeste. La motivation officielle de raisons de sécurité après des menaces de l’Etat islamique visant le FN paraît, après cela, bien pâlotte. Au point que même la presse admet que la ficelle est un peu grosse, et que l’opération visait bien avant tout à couper l’herbe sous le pied de Jean-Marie Le Pen et de ses amis.
 
De ce point de vue, c’est manifestement réussi. Du point de vue de la France, c’est regrettable…
 

François le Luc