Jeremy Corbyn s’applique à marxiser le parti travailliste : communistes et trotskystes bienvenus

Jeremy Corbyn marxiser parti travailliste communistes trotskystes bienvenus
 
Le nouveau leader du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a lancé ses premiers signaux vers l’extrême gauche. Il a déjà débarqué Hilary Benn, jusqu’ici chargé des Affaires étrangères au « cabinet fantôme » du Labour, connu comme socialiste « modéré » – il est remplacé par l’un des 26 élus travaillistes aux Communes qui ont poussé la candidature de l’improbable sexagénaire. Au centre de tous les regards outre-Manche, Corbyn a déjà déclaré que les communistes et les trotskystes sont les bienvenus dans le Parti rénové…
 
Aguichant les chefs syndicalistes, promettant que le Labour comptera bientôt 500.000 membres, Jeremy Corbyn joue la carte de l’ouverture au peuple : les membres du parti auront leur mot à dire sur son programme. La « démocratie participative », version rouge, n’est pas loin : c’est ce qui explique sans doute la discrétion du leader travailliste sur la question de l’Union européenne et du Brexit. Sa position est incertaine mais au fond cela ne change rien. L’extrême gauche dans les différents pays d’Europe est là pour canaliser le mécontentement et, le temps venu, elle compose… Voyez la Grèce.
 

A la tête du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn vise l’européisation du syndicalisme

 
Il a d’ailleurs déjà prévenu qu’il entendait travailler avec les syndicats et groupes sociaux de l’Europe entière. En fait, c’est une autre Union européenne qui se dessine : docile à l’égard des banques centrales et au service d’une collectivisation renforcée, pleinement acquise au rejet des identités, des libertés et des valeurs morales.
 
L’un des principaux dossiers où l’on attend Corbyn est celui de l’armement nucléaire. A peine arrivé au sommet du Labour, il a plaidé pour la fin des « armes de destruction massive » – le programme Trident qui fait du Royaume-Uni une puissance nucléaire. Il s’agit simplement d’accepter le désarmement multilatéral sur lequel tout le monde est d’accord, assurait-il à l’orée de la conférence de son parti, lundi – d’autant que, dit-il, les chefs militaires ne se voient pas utiliser le Trident.
 

Pour marxiser le Labour, Corbyn est prêt à ouvrir ses portes aux communistes et aux trotskystes

 
Sur ce point, il a déjà changé d’avis, ou pour être plus précis, tenu un autre langage. Le débat sur la question inscrit à l’ordre du jour de la conférence a été purement et simplement abandonné sous la pression des syndicats. On est dans la politique : il s’agit d’adapter le discours. Ce que l’on fera, c’est autre chose.
 
Mais une chose est claire : les trotskystes et les communistes sont les bienvenus dans le parti travailliste tel que le veut et le dirige Jeremy Corbyn depuis quinze jours. C’est ce qu’il a répondu à Andrew Marr, de la BBC : « Tout le monde sera le bienvenu au Labour, à condition d’adhérer aux principes du parti. »
 
Pour les communistes et les trotskystes – fréquentables, n’est-ce pas, malgré les millions et millions de victimes du communisme – ce ne sera pas trop difficile. Interrogé en juillet sur le fait de savoir s’il était marxiste, Corbyn a éludé la question mais sa botte en touche était révélatrice : « [Marx] était essentiellement quelqu’un de fascinant… de qui nous avons beaucoup à apprendre. »
 

Anne Dolhein