Les attentats suicides de Boko Haram et les ambassadeurs de paix de l’ONU sont des jeunes – et des femmes !

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Une carcasse de voiture à Maiduguri (Etat de Borno) après une attaque suicide attribuée à Boko Haram, le 31 juillet 2015.

 
Le mouvement terroriste islamique Boko Haram emploie majoritairement des jeunes et des femmes dans ses attentats suicides. Et l’ONU, qui vient d’organiser une assemblée d’été des jeunes, choisit ses ambassadeurs de paix dans les mêmes catégories. Concurrence, convergence, ou dialectique ?
 
Les cellules de combat antiterroriste de West Point (le Saint Cyr américain) et de l’université de Yale viennent de publier une étude sur le sexe et l’âge des combattants que Boko Haram emploie pour commettre ses attentats suicides. Sur 434 attaques répertoriées depuis 2011, le sexe des auteurs était identifiable dans 338 cas. 244 ont été commises par des femmes – 80 rien que pour les sept premiers mois de 2017. Et sur les 134 attentats suicides dont l’âge des auteurs a pu être déterminé, soixante pour cent étaient des adolescents et des enfants, le plus jeune n’ayant que sept ans.
 

Boko Haram a découvert le potentiel des femmes et des jeunes

 
Juste après le rapt par Boko Haram de 276 jeunes lycéennes de 16 à 18 ans en 2014 à Chibok, l’emploi de femmes pour les attentats suicides « est monté en flèche », selon Jason Warner, maître de conférence au centre antiterroriste de West Point. « Boko Haram a commencé à employer des femmes pour les attentats suicides en découvrant le potentiel des femmes et des jeunes dans ce rôle après l’enlèvement de Chibok ».
 
De même Boko Haram se place-t-il à l’avant-garde des groupes terroristes par l’exploitation des jeunes enfants. Mais toujours avec une préférence pour les femmes. Ellen Chapin, de Yale, affirme que Boko Haram a « utilisé 42 adolescente et 23 fillettes de douze ans ou moins, contre 11 adolescents et 5 garçonnets. On estime que les attentats suicide de Boko Haram ont tué en six ans 35.000 personnes au Nigéria, Niger, Cameroun et Tchad.
 

Les attentats suicides de jeunes et de femmes économisent les hommes

 
Boko Haram, à en croire les spécialistes du combat antiterroriste, a une approche sexiste des attentats suicides. Jusqu’à présent, femmes et jeunes étaient moins contrôlés que les hommes, et les femmes peuvent plus facilement cacher les bombes sous leurs vêtements que les hommes. Surtout, selon les chercheurs, les femmes et les enfants seraient bien plus « influençables » par Boko Haram que les hommes, et « sacrifiables » en plus grand nombre – ce qui permet d’économiser les hommes. Les soldats enfants du Libéria, la Hitlerjugend et les Marie Louise nous l’avaient déjà appris.
En outre, selon Hilary Matfess, le choix de femmes et de jeunes enfants pour les attentats suicides « renverse les normes sociales », la façon dont ils sont perçus dans les sociétés traditionnelles d’Afrique. Cela « mine la cohésion sociale » et rendra plus difficile « la réconciliation d’après le conflit ». Dès à présent, la police concentre son attention sur les jeunes et les femmes, ce qui risque de « stigmatiser les auteurs en puissance d’attentats suicide, dont beaucoup (mais pas tous) ont été forcés ».
 

L’ONU envoie des jeunes Ambassadeurs de paix

 
A l’inverse, l’ONU a décidé d’utiliser les mêmes catégories pour « construire la paix ». C’est pourquoi elle a organisé à son siège de New York une « assemblée d’été des jeunes » et une « journée internationale de la jeunesse » ce dernier week-end. Pour Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, « Les jeunes et les femmes autonomes peuvent jouer un rôle essentiel dans la prévention des conflits pour assurer une paix durable. (…) Ensemble, nous pouvons créer un monde pacifique pour les générations à venir ».
 
A cet effet, il a nommé ambassadeur spécial de la jeunesse une jeune Sri Lankaise de 26 ans, Jayathma Wickramanayake, qu’il vient d’envoyer en Irak, où plus de la moitié de la population a moins de 19 ans, pour y porter la bonne parole de la paix.
 

Les jeunes ont besoin de l’ONU et de Boko Haram

 
Elle les a également écoutés. Sans surprise, elle en a rapporté le message suivant, que les jeunes Irakiens lui ont fait passer lorsqu’elle les a rencontrés : « Nous devons combler le fossé entre les preneurs de décisions et la jeune génération. Nous constituons une grande partie de la société et avons désespérément besoin d’espace pour participer à la prise de décision ».
 
En dépit des apparences, la démarche de l’ONU ressemble beaucoup à celle de Boko Haram, et il s’agit toujours d’asseoir son pouvoir. En partant des mêmes considérations sexistes, en passant par les mêmes manipulations psychologiques, pour arriver au même bouleversement social. Car l’ONU et Boko Haram sont deux entreprises révolutionnaires qui s’alimentent l’une l’autre.
 

Autonomiser et inclure les femmes et les jeunes

 
Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU a d’ailleurs, dans la vidéo diffusée pour l’Assemblée des jeunes, annoncé la couleur sans ambiguïté : « En tant que secrétaire général de l’ONU, je suis déterminé à renforcer l’autonomisation et l’inclusion de tous les jeunes dans le monde entier ». Traduisons pour ceux qui ne sont pas familiers du jargon de l’ONU les deux mots importants de la phrase. L’autonomisation signifie que l’ONU œuvre à soustraire les jeunes à leurs préjugés, à leurs familles, à leur matrice culturelle, religieuse, nationale, pour les libérer, entendez les soumettre à l’idéologie mondialiste de l’ONU, comme fait Boko Haram pour les soumettre à l’islamisme radical. Cela, pour la même raison, parce que les jeunes et les femmes sont plus faciles à influencer – en même temps que leur image est meilleure – ils font passer les bombes mentales de l’ONU plus discrètement que ne le font les bureaucrates. L’ONU les choisit donc pour ambassadeurs du monde nouveau comme Boko Haram en fait des auteurs d’attentats suicides.
 

La révolution passe par les attentats suicides et l’ONU

 
Cela n’est pas une interprétation abusive, c’est la lettre même du message d’Antonio Guterres : « l’inclusion » des jeunes, c’est leur participation aux processus de l’ONU, à laquelle il est donné une image concrète par la nomination de Jayathma Wickramanayake. On voit par là que le tralala un peu niais, congrès de la jeunesse, rencontre avec trois pelés et deux tondus irakiens triés sur le volet pour leur faculté à émettre des souhaits vagues, entrent dans une entreprise pensée et contraignante. « Les » jeunes ont « désespérément besoin » de construire le monde de demain comme l’ONU le conçoit, fondé sur quatre piliers, développement durable, droits humains, paix et sécurité, action humanitaire.
 
Ici gît la supériorité de l’ONU sur Boko Haram. Celui-ci a besoin de forcer une part de ses candidats aux attentats suicides, pas elle : la chair à canon de l’ONU se précipite sua sponte aux guichets de recrutement. Mais le résultat sera le même : l’utilisation massive de femmes et de jeunes par l’ONU, comme par Boko Haram, fera exploser la société actuelle, ce qui est le but visé par la révolution.
 

Pauline Mille