DOCUMENTAIRE Une jeunesse allemande •

jeunesse allemande film cinéma
 
Une jeunesse allemande est un documentaire qui s’intéresse à l’extrême-gauche militante d’Allemagne de l’Ouest de 1965 à 1977. Il s’agit avant tout d’un sujet historique pour germaniste, montrant à travers les propres productions de ces anarchistes (pour simplifier), et des extraits d’émissions télévisées ou de documentaires d’époque, une célèbre « dérive terroriste » selon l’expression consacrée, celle aboutissant à la sanglante aventure de la « Bande à Baader ». La notion de « dérive », canonique des deux côtés du Rhin, est en fait très discutable, puisque ces militants n’ont cessé de prêcher la Révolution violente, puis ont tenté assez logiquement de mettre leurs dangereuses idées en application. Or s’il y a bien des ouvriers satisfaits de leur sort à un moment donné de l’Histoire et à un endroit précis, c’est bien dans la RFA de ces années-là. D’où l’échec total de leur combat, appuyé seulement par des intellectuels superficiels, terroristes surexcités ou complices logistiques – vitaux et non innocents.
 

Une jeunesse allemande : guère séduisant

 
Le parti-pris du documentaire est celui de l’absence de commentaire explicite. Certes, sur un tel sujet, il aurait été vraisemblablement mauvais ou hagiographique, mais, sur le principe, l’idée n’est pas toujours bonne. Quelques phrases introductives avant les documents d’époque, pour resituer le contexte précis, auraient été utiles. Une jeunesse allemande vaut aussi pour la masse de documents bruts, mais il y manque une vraie organisation et hiérarchisation. La première partie frôle une pénible hagiographie, avec de courts métrages révolutionnaires aux visions pour le moins biaisées, et livrés sans aucun contrepoint. Intellectuellement, ils sont d’ailleurs faibles, plaquant un schéma explicatif général, peut-être partiellement valable en Europe occidentale en 1850, sur un monde radicalement différent. Le succès de scandale obtenu par le court métrage scatologique ne présente aucun intérêt. Lorsque le débat face au terrorisme des années 1970 est restitué, la pauvreté des arguments échangés est déplorable, la société « bourgeoise » ou les terroristes anarchistes se renvoyant l’épithète de « fasciste », terme qui perd alors tout sens. Une jeunesse allemande, guère séduisant, intéressera un public restreint passionné d’Histoire allemande contemporaine.
 

Hector Jovien