John Brennan, directeur de la CIA, parle de son passé communiste

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Au cours d’une table ronde organisée pendant la conférence annuelle de la Congressional Black Caucus Foundation, qui s’intéresse aux questions touchant la communauté noire aux Etats-Unis, le directeur de CIA, John Brennan, a cherché à démontrer que le passé militant d’un individu ne l’empêche pas ou ne devrait pas l’empêcher de travailler aux postes sensibles du gouvernement fédéral. La preuve ? Lui-même a été embauché par la CIA alors même qu’il a avoué avoir voté pour un communiste aux élections présidentielles de 1976. Un passé communiste dont on peut se demander s’il a laissé des traces
 
C’est en 1980 que John Brennan tentait d’obtenir son habilitation de sécurité pour travailler dans l’organisme du renseignement américain. Il a raconté comment il a dû subir un test face à un détecteur de mensonges. On lui demanda ; « Avez-vous jamais travaillé avec ou pour un groupe voué au renversement des États-Unis ? »
 

John Brennan a voté communiste à la présidentielle américaine de1976

 
Brennan raconte comment il était resté pétrifié par la question. Aussitôt, il pense à ce fameux vote pour le candidat communiste en 1976 – à l’époque il s’agissait de Gus Hall. « J’ai répondu que je n’étais ni démocrate ni républicain, mais que cela avait été ma façon, alors que je fréquentais l’université, de signaler que j’étais mécontent du “système” et qu’il fallait un “changement”. » Il ajoute qu’il n’était pas membre du parti communiste. Il pense ne jamais passer l’épreuve d’habilitation de sécurité.
 
Au contraire, il fut accepté par la CIA, ce qui le conduit aujourd’hui à « rassurer » son auditoire sur le fait que l’usage de la liberté d’expression et l’affirmation de ses préférences politiques n’a pas pour effet de disqualifier ceux qui cherchent à faire carrière dans l’administration.
 
The New American pose cependant la question. Brennan s’est-t-il simplement rendu coupable d’une imprudence de jeunesse, ou son action à la CIA, qu’il dirige depuis mars 2013, rend-elle compte d’un « côté plus obscur de ses choix politiques » ?
 
A l’époque, en 1976, le parti communiste américain cherchait à obtenir le soutien pour la politique étrangère soviétique qui était en pleine guerre froide avec les Etats-Unis. Il était largement financé par Moscou.
 

A la CIA, le passé communiste de Brennan n’a pas dérangé

 
L’étudiant qu’était alors Brennan, insatisfait du monde qui l’entourait, à la recherche du « changement », s’appliquait dans sa thèse à démontrer que les droits de l’homme absolus n’existent pas face au pouvoir ; il justifiait notamment les actions du gouvernement égyptien de l’époque qui censurait certains discours.
 
 « Puisque la presse peut jouer un rôle d’un tel poids pour déterminer la perception des masses, je suis favorable à un certain degré de censure gouvernementale. Les articles incendiaires peuvent provoquer une opposition de masse et peut-être des violences, spécialement dans les systèmes politiques en voie de développement », écrivait-il dans sa thèse. Pour un Américain, une telle prise de position est insoutenable, tant le pays est attaché constitutionnellement à la liberté d’expression face au pouvoir.
 
Ces dernières années, Brennan s’est illustré en facilitant la circulation de fausses informations sur Benghazi avec toutes les conséquences que cela eut sur le conflit avec la Libye – et la montée de l’État islamique, et la vague migratoire vers l’Europe. Il a également nié, à tort comme la suite devait le montrer, que les ordinateurs des collaborateurs de la sénatrice de Californie, Dianne Feinstein, avaient été piratés par la CIA.
 

Le directeur de la CIA a des idées totalitaires

 
Mais le plus significatif reste l’établissement, par John Brennan en personne, d’une liste de citoyens américains suspects dont la mort est susceptible d’être décidée par le président des États-Unis sans procès et sans respect des garanties constitutionnelles, dès lors qu’ils sont décrétés représenter une menace. C’est la fameuse « disposition matrix » qui, sous la houlette du directeur de la CIA, permet ces assassinats ciblés dans un cadre qui est désormais inscrit dans les dispositions de politique étrangère des Etats-Unis. Le système prévoit une supervision de la part de différentes agences fédérales, avec une récolte d’informations permettant de filtrer et d’ôter de la liste ceux qui ne répondent pas ou plus aux critères du vrai « danger potentiel », mais cela laisse ouverte la possibilité de supprimer physiquement ceux qui sont jugés dangereux.
 
Cette chasse aux « terroristes » sans le moindre contrôle judiciaire laisse évidemment la porte ouverte au pire des arbitraires. Et malgré les objections d’organisations de protection des libertés civiles, sa mise en place n’a pas empêché Brennan d’accéder à la direction de l’agence de renseignement, au grand dam notamment du sénateur Rand Paul qui déclarait, en mars 2013 ; « Aucun homme politique ne doit avoir à titre individuel la possibilité de juger de la culpabilité d’un individu, de l’accuser, de juger de sa culpabilité de l’exécuter. Cela va contre tous ceux en quoi nous croyons fondamentalement dans notre pays. »
 
Mais voilà qui s’inscrit clairement dans la logique du jeune étudiant Brennan ; il est des droits individuels qui doivent céder devant la toute-puissance de l’État. Ce n’est sans doute pas là le fin mot du communisme, mais c’est un totalitarisme qui s’accorde bien avec celui-ci.
 

Anne Dolhein