“Kill Bill” : Harvard et Lawrence H. Summers proposent de cesser d’émettre des gros billets de 100 dollars ou 500 euros

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Un groupe de recherche de l’Université de Harvard, le Mossavar Rahmani Center for Business and Government, vient de publier un article universitaire proposant l’arrêt de l’émission de gros billets de banque, tels le billet de 500 euros et celui de 100 dollars. Sous la signature du Pr Peter Sands, il propose même de les retirer carrément de la circulation. Un ancien directeur de la Banque mondiale, ancien secrétaire du Trésor américain et conseiller économique de la Maison Blanche, Lawrence H. Summers – par ailleurs directeur de ce centre – présente élogieusement l’initiative dans le Washington Post du 16 février sous le titre Kill the 100 Bill.
 

Tuer les gros billets de 100 dollars ou 500 euros : le nouveau “Kill Bill”

 
Le projet jouit de sa pleine adhésion. Summers explique qu’il a lui-même recommandé le retrait des grosses coupures, ayant tenté de convaincre ses collègues européens du G7 de ne pas émettre un billet de 500 euros qui servirait d’abord, selon lui, la corruption et les entreprises criminelles au niveau global.
 
Le principal rédacteur de l’article universitaire, Peter Sands, rappelle que dans certains milieux le billet de 500 euros est connu comme le « Ben Laden »… L’analyse est convaincante, selon Summers : elle démontre le lien entre les grosses coupures et le crime. C’est une simple question matérielle : lorsqu’un million de dollars pèse à peine plus d’un kilo cela facilite les choses par rapport au même million à transporter en billets de 20 dollars. « La question se pose : a-t-on vraiment besoin de grosses coupures dans le cadre du commerce légal ? »
 
 Sans aller jusqu’à proposer de détruire les gros billets existants, Summers verrait bien la mise en place d’un moratoire sur l’impression de grosses coupures. « Le monde en deviendrait meilleur », assure-t-il. L’Union européenne serait l’endroit idéal pour mettre en place ce moratoire, puisque le billet de 500 euros vaut près de six fois plus que le billet de 100 dollars.
 

Lawrence H. Summers favorable à ce qu’on cesse d’émettre des gros billets

 
Il semblerait que la Commission européenne, notamment, soit intéressée par l’idée, tout comme le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. Si l’Union européenne lance le mouvement, cela permettrait selon l’auteur de faire pression sur d’autres, telle la Suisse. Il y a cependant une résistance au sein de la BCE dont les membres luxembourgeois sont hostiles à la mesure. Summers ne craint pas d’écrire que le Luxembourg se spécialise dans « l’accueil aux fraudeurs fiscaux, aux blanchisseurs d’argent et autres partisans du secret bancaire ». Dans ce pays on imprime 20 fois plus de billets, par rapport au PIB, que dans les autres pays européens.
 
Summers  reconnaît que les temps sont difficiles pour l’Europe, pointant « la faiblesse économique, les problèmes de sécurité et la montée des mouvements populistes ». La force de frappe de l’UE pour régler les problèmes globaux reste limitée, souligne-t-il : « Mais voici une mesure importante au niveau global et dont le l’impact serait minuscule par rapport au commerce légitime et au budget gouvernementaux. »
 

Les grosses coupures, une aubaine pour le crime, selon une étude de Harvard

 
Selon Peter Sands, il faudrait s’orienter vers un accord global visant à interdire l’émission de billets valant plus de 50 ou 100 dollars. Ce serait selon lui l’une des « mesures les plus importantes que puisse prendre le G7 ou le G20 ». Il a même dés espoirs concrets puisque la Chine, qui accueillera le G20 en septembre, a fait de la lutte contre la corruption un « élément central de sa stratégie économique et politique ». La Chine communiste en donneuse de leçons ?
 
Selon ses partisans, la mise en œuvre de la proposition apporterait la preuve que les organisations financières globales sont capables de se dresser contre le « gros argent » dans l’intérêt des « citoyens ordinaires ». Reste que l’utilisation d’argent physique, en ces temps de surveillance et de récolte de données sur toutes les transactions électroniques, est un réel facteur de liberté, précisément pour les personnes physiques, les citoyens ordinaires. Il n’est certainement pas dans leur intérêt dans voir la disparition de l’argent liquide qui revient régulièrement à l’ordre du jour dans les milieux mondialistes, et dont la proposition de Harvard ne constitue sans doute qu’une étape.
 

Anne Dolhein