Kim Jong Un veut renforcer les liens avec la Corée du Sud – les États-Unis dans l’expectative

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C’est « la première fois que le leader reclus de Corée du Nord rencontre des officiels sud-coréens », comme l’a rapporté l’agence de presse sud coréenne Yonhap. Lundi, Kim Jong Un a reçu personnellement une délégation de la Corée du Sud, dans le but de renforcer les liens entre les deux puissances et pourquoi pas de poursuivre la réunification. Un sommet a été décidé, pour la fin avril et le dictateur du Nord a parlé d’une potentielle dénucléarisation. Si les États-Unis ont encore durci leurs sanctions unilatérales, ils tendent désormais l’oreille.
 

Kim Jong Un « fermement décidé à faire avancer les relations inter-coréennes et à poursuivre la réunification »

 
La presse ou du moins une certaine presse était là pour couvrir l’événement. La délégation sud-coréenne de dix membres conduite par le chef du Bureau de la sécurité nationale, Chung Eui-yong, s’est rendue lundi à Pyongyang, dans l’espoir d’encourager les négociations entre la Corée du Nord et les États-Unis, en désaccord accru depuis plusieurs mois.
 
Franches poignées de main et sourires larges, joli dîner au quartier général du Parti des travailleurs du Nord (pas la résidence Ryongsong quand même), rien ne devait manquer à cette réunion médiatico-politique hors norme, sans précédente selon les médias sud-coréens depuis que Kim Jong Un a pris le pouvoir en 2011.
 
Les hostilités s’étaient déjà publiquement apaisées, lors des récents Jeux Olympiques d’hiver en Corée du Sud, où la présidente Moon Jae-In avait accueilli une délégation nord-coréenne de haut niveau, dont faisait partie la propre sœur du chef suprême, Kim Yo Jong.
 

Renforcer les liens, « activer le dialogue, les contacts, la coopération et les échanges »…

 
Un accord ? L’agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA) en a évoqué un. Séoul a été, quant à elle, plus vague : elle a déclaré avoir partiellement répondu à l’offre faite par le Nord. Entre autres, ont été décidés la tenue d’un sommet pour la fin avril – du jamais vu depuis dix ans – et l’ouverture d’une ligne de communication d’urgence entre les deux dirigeants.
 
D’autre part, alors qu’elle a été friande d’essais multiples en la matière ces derniers mois, la Corée du Nord a promis de suspendre ses essais nucléaires et de missiles pour toute la durée du dialogue intercoréen. On ne sait trop ce que la temporalité du dialogue recouvre… Mais l’idée est là.
Un gage de bonne composition, une sucrerie diplomatique pour Séoul qui s’est empressée de verbaliser le souhait ultime de son président, à savoir la dénucléarisation de la péninsule coréenne. La Corée du Nord a fait part de toute sa bonne volonté… mais à condition que sa sécurité soit garantie.
 
Malheureusement, il semble que le grand méchant loup américain demeure un alibi permanent pour maintenir ce moyen de dissuasion essentiel. D’ailleurs de très récentes images satellites, datées du 17 et du 28 février, ont montré, selon un rapport du site 38 North publié lundi, que le principal réacteur nucléaire de la Corée du Nord, à Yongbyon, fonctionnait, c’est-à-dire qu’il aurait repris la production de plutonium, apriori pour son programme d’armes nucléaires…
 

Dénucléarisation de la Corée du Nord… un fantasme de la Corée du Sud ?

 
Comme l’a fait remarquer Breitbart, le président sud-coréen Moon Jae-in poursuit une politique d’inclusion et de tolérance avec un régime pourtant meurtrier, alors même que la crédibilité de ce dernier est largement entamée. Il semble tout vouloir faire pour que les discussions s’étendent au-delà de simples relations bilatérales, même si cette politique demeure pour lui très impopulaire.
 
Surtout, il veut calmer le jeu politique menaçant entre la Corée du Nord et les États-Unis qui viennent d’imposer à Kim Jong Un de nouvelles sanctions unilatérales, les plus dures jamais décidées. Dans une chronique de Rodong Sinmun publiée ce week-end, le journal d’État communiste a condamné « un acte de gangster visant à contrôler totalement le commerce extérieur légitime d’un État souverain, et une autre provocation violente la souveraineté et la dignité de la RPDC. »
 
Pourtant, Donald Trump a laissé entendre, dimanche, mais aussi aujourd’hui mardi, que des négociations bilatérales avec la Corée du Nord étaient « possibles ». Le point d’achoppement reste bel et bien le désarmement, une condition non seulement « impossible », mais aussi « ridicule » pour le ministère nord-coréen qui affirme même qu’il ne se mettra pas en peine « pour un dialogue ou pour éviter l’option militaire évoquée par les USA »…
 

Les États-Unis contre la Chine et la Russie

 
Quant à la Chine et la Russie, elles continuent de jouer un rôle ambigu, à la fois assises au Conseil de Sécurité et couvrant leur protégé idéologique. Vladimir Poutine a récemment déclaré pendant son allocution à l’Assemblée fédérale que tout usage de l’arme nucléaire contre la Russie ou contre ses alliés serait considéré comme une attaque nucléaire contre la Russie. Comme l’a souligné le politologue Evgueni Kim, cité par Sputniknews, la Corée du Nord n’est certes pas l’alliée de la Russie, mais le message reste ce qu’il est.
 
De son côté, la Chine a suspendu vendredi la demande américaine de sanctions formulée le 23 février aux Nations unies visant près de soixante navires et sociétés de transport maritimes accusés d’aider la Corée du Nord à échapper aux sanctions dont elle est la cible, réclamant un approfondissement de l’enquête.
 
La Corée du Nord n’est pas seule.
 

Clémentine Jallais