Le Labour a ignoré les préoccupations pourtant connues des électeurs sur l’immigration

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Un sondage mené par le parti travailliste britannique du Labour en 2010, juste après l’élection d’Ed Miliband à la tête du parti, et révélé récemment, montre que le parti a largement ignoré les préoccupations des électeurs britanniques sur les questions économiques et d’immigration.
 
Plusieurs membres du parti du Labour ont fini par révéler ce sondage, craignant que leur parti ne refasse la même erreur coûteuse et impopulaire en 2015. Des élections sont en effet organisées les 12 août et 10 septembre prochain pour élire le chef du Labour, suite à la démission d’Ed Miliband déposé en raison de la lourde défaite subie aux dernières élections générales.
 
« Le Labour est vu comme un parti ayant systématiquement ignoré l’opinion du peuple britannique sur l’immigration. Cette question ne préoccupait pas seulement les électeurs ouvriers – c’était une question centrale pour l’Anglais moyen et une préoccupation majeure pour les libéraux-démocrates », a commenté James Morris, qui a effectué des sondages pour Ed Miliband personnellement, mais également pour le Labour.
 

Des sondages qui affirmaient que l’immigration était une préoccupation majeure ont été ignorés

 
Le sondage mené en 2010, et récemment révélé, montrait que les autorités du Labour auraient dû changer de positionnement sur l’immigration, les prestations sociales et l’économie.
 
« Il y avait clairement trois sujets sur lesquels le parti avait besoin de changer de discours (après l’élection de 2010) : l’immigration, les prestations sociales et l’économie », commente encore James Morris.
 
Toujours selon lui, l’opinion publique percevait alors l’immigration comme une concurrence déloyale en matière de travail, remettait en cause les prestations sociales pour les clandestins et, de manière plus générale, exprimait un vrai doute quand à la capacité d’assimilation de ces immigrés dans la société britannique.
 
La question des prestations sociales, partiellement liée à celle de l’immigration sans se confondre avec elle, a également été identifiée comme un sujet de grande inquiétude pour l’opinion publique.
 

Le Labour s’éloigne des électeurs sur les questions économiques et d’immigration

 
Le Labour est aussi vu comme le parti qui a mis en place un système dans lequel certaines personnes doivent travailler dur tandis que d’autres, qui ont tout intérêt pas à ne pas travailler, gagnent plus d’argent avec les aides de l’État qu’en travaillant. Pour James Morris, le principal défi du chef du Labour en 2010 était de changer la politique économique du parti. Les Britanniques considèrent en effet que « le Labour a contribué à mettre en place le désordre économique dans lequel nous nous débattons. »
 
Ces préoccupations sont sans doute beaucoup plus fortes encore en 2015, alors que la situation empire et que le Labour n’a pas réorienté son programme politique et économique.
 
Une question reste à poser : pour quelle raison le parti travailliste britannique a-t-il ignoré ces préoccupations populaires alors même qu’elles étaient électoralement gagnantes, et quelles sont les forces qui l’y ont contraint ? Il y a sans doute des sujets sur lesquels les partis politiques qui veulent rester politiquement corrects ne sont pas totalement libres.
 

Béatrice Romée