L’affaire Freddie Gray à Baltimore : « Racisme des Blancs » ! Mais seules les entreprises asiatiques et arabes ont été pillées…

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Dimanche, le maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake a annoncé la levée immédiate du couvre-feu nocturne instauré dans la ville depuis mardi dernier, à la suite des grandes émeutes des 4 et 5 mai. « Ma priorité était d’assurer la sécurité, la paix, la santé et le bien-être des habitants de Baltimore. Ça n’a pas été une décision facile à prendre, mais que j’ai estimée nécessaire pour aider à restaurer le calme ». Il faut à présent corriger la situation, « recréer la confiance entre la communauté et la police »… C’est plutôt l’inculpation des policiers qui a calmé les ardeurs belliqueuses de la communauté noire, hurlant au racisme. Quant à la justice, elle sera sans doute tributaire des tensions et de la politique qui les utilise.
 

Un empressement notable à poursuivre les policiers

 
Voilà une semaine déjà que de graves émeutes mettaient à feu certains quartiers de la ville de Baltimore. Plus de 200 entreprises détruites – dont beaucoup n’avaient pas d’assurance – et des millions de dollars perdus… Une cinglante réponse à la mort de Freddie Gray, jeune afro-américain du quartier, décédé des suites de son arrestation, en garde à vue, le 19 avril dernier. Les pillages et les incendies faisaient une vingtaine de blessés parmi les forces de l’ordre et entraînaient plus de 250 arrestations.
 
Maintenant, c’est « l’affaire Freddie Gray », comme il y a eu « l’affaire Michael Brown », en août dernier. Mise à part que le jeune Baltimorien avait été arrêté dix-huit fois avant le 12 avril, principalement pour possession de drogue, et avait déjà passé deux ans derrière les barreaux…
 
Mais il n’en fallait pas plus pour que les tensions raciales explosent. Et c’est très rapidement, vendredi, que la procureure générale de Baltimore a annoncé la poursuite des six policiers concernés – trois Blancs et trois Noirs – pour homicide involontaire : « Freddie Gray est mort d’une blessure [à la moelle épinière] qui lui a été fatale alors qu’il ne portait pas de ceinture dans le fourgon de police où il avait été embarqué. » Ils seront déférés devant un juge le 27 mai pour une audience préliminaire. Un empressement largement critiqué par l’avocat du syndicat des policiers qui dénonce des « conflits d’intérêts » et réclame un « procureur spécial indépendant », la campagne de l’actuelle procureure ayant été en partie financée par l’avocat de Freddie Gray
 

L’Affaire Freddie Gray : le racisme des Blancs ?

 
Le lendemain, samedi 2 mai, des milliers de manifestants se rassemblaient, dans le calme cette fois, pour dénoncer les brutalités policières et demander « justice pour Freddie Gray », accentuant une pression déjà tangible. « C’est le résultat d’années et d’années de brutalité policière et d’abus dans cette ville ! » – dans une ville pourtant administrée par les Démocrates depuis des décennies. Elijah E. Cummings, élu démocrate du Maryland, est venu lui-même marcher, entouré de plusieurs centaines de personnes, en chantant « je vais rester sur le champ de bataille »…
 
Pasteurs baptistes, membres des gangs des quartiers, la communauté entière était là, « pacifique »… Toute la presse de gauche est venue les plaindre, les excuser. Alors que des milliers de policiers ont dû venir en renfort et que les 3.000 soldats de la Garde nationale du Maryland commençaient seulement dimanche, à quitter les lieux… Pauvres émeutiers ?!
 

Mais seules les entreprises asiatiques et arabes ont été pillées à Baltimore…

 
La presse française a rapporté tous ces éléments. Elle a largement fait écho au climat de haine et de revanche, à la composante raciale évidente. Mais seulement d’un côté… Pour le reste, il faut aller voir la presse américaine et, en particulier le récit d’un des émeutiers, rapporté par le New-York Times
 
Qui raconte, paisiblement et naturellement, comment les membres des trois gangs de Baltimore, à savoir les Crips, les Bloods et la Guerrilla Black Family, se relayaient pour monter la garde devant les entreprises appartenant à des Noirs pour les protéger des pillards. Et surtout, comment ils redirigeaient ces mêmes pillards « vers d’autres entreprises, pour la plupart appartenant à des Asiatiques et des Arabes »…
 
Le Blanc n’aurait donc pas l’apanage du racisme ?!
 
Cette interview, Le Monde ne l’a pas retranscrite, ne retenant que le terme de « minorités » qui fait oublier toutes rivalités inter-communautés autres que l’incontournable et unilatérale rivalité Blanc-Noir – l’obsession raciale étant bien sûr le seul fait du Blanc. Le Monde n’a pas non plus rapporté ses mots quand ce même jeune afro-américain disait qu’ils faisaient tous en sorte qu’aucun « enfant noir », ni qu’aucun « journaliste » ne soit touché par les émeutiers… Ce n’est visiblement pas ce qu’il faut retenir en France.
 
Comme l’a dit Obama, il faut que lumière soit faite – à condition d’orienter les projecteurs là où il faut.
 

Clémentine Jallais