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Transports : la puissance publique contre la langue française

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Quel que soit le mode de transports choisi, micheline départementale ou vols internationaux, la puissance publique française, qu’elle soit régionale ou gouvernementale, s’ingénie à léser notre langue, tant par incompétence que par idéologie. En voici deux exemples pris dans de récents voyages.
 
Le féminisme est une bestiole idéologique irrationnelle. En voici une preuve. Avant-hier, assise à la fenêtre d’un wagon de fabrication Alstom, je regardais défiler sur l’écran l’annonce suivante : « La région Poitou-Charente-Aquitaine et SNCF sont heureux de vous accueillir sur le réseau X. Il desservira les gares de … » J’ignore quel fonctionnaire a été chargé de rédiger ce message, qu’une voix féminine lénifiante diffusait dans les hauts parleurs de plafond pour les mal-lisants, mais il est bien difficile de comprendre sa logique et sa grammaire. Commençons par ce « réseau » qui « desservira ». Je ne suis pas tout à fait sûre qu’un réseau puisse desservir des gares, les grammairiens en disputent, ils sont là pour ça, mais je suis bien certaine que, si on quitte le général et l’intemporel, il ne pourra le desservir. Un train desservira des gares, un réseau ne le fera pas – du moins s’il existe déjà.
 

Les transports de Pépy blessent la langue française

 
Mais laissons ce détail, qui n’intéressera que les coupeurs de cheveux en quatre et les amateurs pointilleux de logique. Ce qui m’a le plus surprise, c’est cette « région » et « SNCF » qui « sont heureux ». Étonnant, quand même. A l’heure où l’on tord la langue française et où l’on nous fait grincer les oreilles avec des « procureures » et des « auteures », quand il se trouve que le féminin s’impose, la puissance publique, en l’espèce le conseil régional, nous fourgue un masculin. Car enfin, la SNCF est la société nationale des chemins de fer français : avec la région, elles ne sauraient être qu’heureuses, et non heureux. Peut-être le désastreux Guillaume Pépy, PDG de la SNCF et néanmoins militant sodomite actif, dont l’un des amants les plus connus fut le déjanté et défenestré Richard Descoings, ancien patron de Sciences Po Paris, est-il à l’origine de cette errance des genres ? Mais un contradicteur opiniâtre pourrait m’objecter que la SNCF utilise systématiquement dans sa communication le sigle SNCF sans article. Peut-être entend-elle signifier ainsi que c’est une sorte de nom propre, indépendant des mots qu’il suggère, et que ce nouvel objet grammatical doit être considéré comme neutre, donc entraîner le masculin pluriel « heureux ». On atteindrait là le sommet de l’absurde et de l’arbitraire sur quoi débouche nécessairement la révolution de la langue française qu’a lancée la subversion féministe.
 

La puissance publique contre la constitution française

 
Le deuxième exemple d’errements néfastes de la puissance publique en la matière m’a été fourni à Roissy Charles De Gaulle alors que j’attendais mes bagages, ce qui est toujours très long dans cet aéroport. Une hôtesse à la voix la plus suave a invité le « guest  Durand » à gagner au plus vite la porte Z pour embarquer, le tout en anglais avec un bon accent de chez nous. J’attendis, j’avais le temps, la traduction en langue française de cette annonce. En vain. Elle ne vint pas. La chose n’est pas seulement ridicule, car la demoiselle au micro parlait comme beaucoup de ses consœurs un anglais difficilement défendable, et qu’elle utilisait bêtement le vocabulaire commercial à la mode (« guest », hôte, alors qu’il s’agit de clients traités comme du bétail par les compagnies d’aviations : dans le temps, elles étaient plus neutres, elles disaient « passenger »). Elle est illégale depuis la loi Toubon de 1994, l’État étant actionnaire majoritaire des aéroports de Paris. Elle est même bonnement anti-constitutionnelle. Je n’exagère nullement. La constitution française dispose en effet à son titre premier en tête de l’article deux : « La langue de la république est le français. » Dans un aéroport français, toute annonce doit donc être faite en français. Il est amusant de constater que, alors que le Conseil constitutionnel se contorsionne pour retoquer certaines lois en s’appuyant sur des interprétations funambulesque de préambules divers, la puissance publique s’abstient de sévir contre ceux qui contreviennent ostensiblement à la lettre d’un des articles fondamentaux de notre constitution.
Cela confirme, par la bande, que l’État et les collectivités locales s’attachent à saper systématiquement cette composante essentielle de l’identité française qu’est la langue.
 

Pauline Mille

 
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