L’avortement n’est plus une évidence

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La marche pour la vie s’ouvre cette année dans un climat optimiste. Pour la première fois depuis bien longtemps, le pseudo-droit à l’avortement n’a plus le vent en poupe. Récemment interrogée par France 3, Najat Vallaud-Belkacem, ministre du droit des femmes, se disait inquiète à cause d’ « un certain nombre de lobbies très conservateurs qui, partout en Europe, essayent de remettre en cause les acquis fondamentaux » en matière de liberté des femmes. Elle a assuré que « ces libertés fondamentales » seraient au cœur de la campagne européenne.

 
Légalisé depuis 1985, l’avortement était considéré comme irréversible, même par beaucoup de ceux qui s’y opposent, mais il semblerait que le vent tourne. En France déjà, étant donné l’énergie incroyable que met le gouvernement à le promouvoir et à le défendre alors que le nombre est stable et très élevé.

Ailleurs dans le monde également, à commencer par l’Europe.

C’est l’Espagne qui a inquiété la ministre pré-citée, à cause de la loi qu’elle vient de voter, interdisant l’avortement sauf en cas de danger de mort pour la mère (qui doit être signalé par deux médecins différents et indépendants de la clinique) ou de viol.

Légal depuis 1985, l’avortement a été remis en cause par la rue en tout premier lieu. A la suite de manifestations monstres de 2009, le candidat Mariano Rajoy avait promis de revenir sur la loi, avant d’être élu.

 
L’Europe se rebiffe
C’est désormais promesse tenue depuis le 27 décembre dernier. Grâce à la mobilisation et au franc-parler des associations pro-vie qui estiment encore aujourd’hui que le retour n’est pas suffisant, et qu’aucune vie ne doit être détruite. Grâce à une pédagogie sérieuse et moderne, notamment par voie de vidéos.

Le 9 février prochain, la Suisse – qui est sans doute la seule démocratie digne de porter son nom – organise un référendum (grâce aux 100.000 signatures récoltées) posant la question de savoir si « financer l’avortement est une affaire privée ».

Selon les cantons, l’avortement avait commencé à être légalisé dans les années 80, jusqu’à sa dépénalisation nationale en 2002.

Seul le financement est ici abordé, mais c’est évidemment une remise en cause du « droit » à l’avortement qui est en jeu.

 
Ailleurs dans le monde
L’Europe donc, mais pas seulement. Au Canada, l’avortement est loin d’être une évidence, de l’aveu même du Guttmacher Institute, centre d’études favorable à l’avortement. Ce dernier dénonce un « assaut tous azimuts » qui pourrait mener à une révision de la législation. « C’est absolument inusité. Nous n’avons jamais observé un changement de paradigme d’une telle ampleur sur une aussi courte période de temps » s’alarme une de leurs analystes.

En 2012 aux Etats-Unis , 22 Etats ont en effet adopté 70 mesures restreignant l’accès à l’avortement, portant à 205 leur nombre depuis 2001. Le nombre d’Etats concernés était de 13 en 2000, il a doublé en une décennie.

 

En Equateur, c’est le président socialiste Rafael Correa qui s’oppose très fermement à l’avortement, assurant vouloir défendre la vie et la famille traditionnelle, « base de la société ».

En Australie, c’est en revanche un libéral qui a adopté les mêmes positions. Ce n’est pourtant jamais sur son programme économique qu’il a été attaqué, mais bien sur ce sujet précis de l’avortement. Il accuse « l’industrie de la mort » de tuer entre 80.000 et 100.000 fœtus chaque année, et affirme : « C’est énorme, et je ne connais personne dans ce pays qui veuille plus d’avortement, je sais que la plupart des gens souhaiteraient qu’il y ait moins d’avortement ».

Toutes ces « résistances » ont empêché  l’ONU d’accéder à son but de « reconnaissance d’un droit international à l’IVG » malgré les centaines de millions de dollars dépensés à cet effet.

 

« Pro » et « anti » déterminés

Mais les zélateurs de l’avortement sont nombreux parmi les hautes instances, et déterminés malgré tout. Notamment en France.

En octobre dernier, l’association Pro-Choix (favorable à l’IVG) était auditionnée par l’Assemblée nationale et demandait que soit largement étendu le « délit d’entrave à l’IVG », souhaitant que les opposants soient par exemple sévèrement punis s’ils venaient à parler devant les cliniques même de « façon non-violente », ou que les directeurs d’établissement soient obligés de dénoncer toute action faite contre l’IVG,

 
La récente intervention de Najat Vallaud-Belkacem annonce un combat rude, puisqu’elle ne parle même plus de « droit » mais de « liberté fondamentale » : une façon très claire d’interdire les propos des opposants, désormais jugés « liberticides ».

Il n’empêche que le revirement spectaculaire de l’Espagne a sans doute motivé des opposants français naguère proches du découragement, et qu’ils se retrouveront, plus déterminés que jamais, et avec le soutien de nombreux espagnols, dimanche à Paris pour réaffirmer leur ferme opposition à la pratique de l’IVG.