Le JT du 12 février 2014
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Au sommaire :

  • Tango à deux papas : l’essor du moralement correct
  • Hollande chez Obama : l’Euramérique avance
  • Intégration : histoire d’une manipulation
  • Progrès forcé contre mariages forcés
Tango à deux papas : l’essor du moralement correct

A la bibliothèque municipale du Chesnay, comme dans une trentaine de villes, un livre pour enfants illustrant la famille homoparentale, Tango à deux papas, cause une polémique. Le maire le maintient au nom de la liberté et de la responsabilité des parents. De belles raisons pour une soumission au moralement correct.

L’argument de la bibliothécaire est singulièrement pauvre. Que personne ne se soit plaint depuis quatre ans ne prouve qu’une chose, c’est que le peuple français, tétanisé par les politiques et les médias, n’ose plus parler ni même penser. Et que la Manif pour tous, ce n’est pas son moindre mérite, est l’occasion d’une prise de conscience. Accessoirement, on aimerait savoir si une minorité a droit de faire « bouger les lignes », pour reprendre les termes de la bibliothécaire, ou non.
La défense du maire est plus spécieuse. Il se retranche d’abord derrière un prétendu devoir de présenter les ouvrages qui existent. La masse des livres publiés aujourd’hui en France chaque année rend ce concept impensable.

Le moralement correct est intériorisé

Mais, même si elles signifiaient que toutes les tendances philosophiques ou toutes les recherches scientifiques doivent être représentées, les paroles de l’édile seraient une contrevérité : on sait très bien que, de fait, de nombreux livres sont interdits aujourd’hui. Et que d’autres ne sont jamais choisis, sous un prétexte ou sous un autre, par les responsables des bibliothèques, librairies ou grandes surfaces. La censure est aujourd’hui plus simple et plus subtile que par le passé, elle passe par l’autocensure de ses agents, l’intériorité des règles du politiquement et du moralement correct. Ce qui va dans le sens de la loi naturelle n’est pas promu, ce qui va dans le sens du moralement correct passe comme une lettre à la poste.
En fait, la bibliothécaire et le maire tombent d’accord pour ne pas poser la vraie question qu’appelle un livre tel que Tango pour deux papas. Ils ne font qu’appliquer à leur niveau le mot d’ordre suivi par les élites politiques.

Le carnaval des hypocrites

Le président de l’UMP a lancé à la télévision une polémique artificiellement gonflée sur le manuel recommandé par l’Education nationale, Tous à poil, et Najat Vallaud Belkacem se demande à grands cris « jusqu’où M. Copé va aller ». Mais la question n’est pas d’un bout de peau exhibé ou non, elle ressortit à la loi naturelle : oui ou non une paire de sodomites par nature inféconde a-t-elle « droit » à une famille et peut-elle élever des enfants ? Cette question est jugée obscène par le tribunal des antivaleurs actuelles : une indication en est le procédé d’euphémisation dont on l’entoure. On ne montre pas des folles ou de gros moustachus autour d’un gamin de trois ans, mais deux gentils pingouins autour d’un œuf. A partir de là, la chose ayant été débarrassée de ses toxines les plus visibles, le maire tolérant peut tirer argument du respect des familles (!) et du choix des parents pour la mettre sur une étagère spéciale. Et c’est vrai qu’on ne peut le réfuter si l’on s’en tient aux arguments sociologiques ou politiques. La liberté de choix des parents est en soi une bonne chose, mais elle est subordonnée au bien de l’enfant, au bien tout court : il faut opposer au moralement correct une morale correcte, la loi naturelle telle qu’elle s’exprime par exemple dans la doctrine catholique. On n’échappe pas, au bout du compte, à l’exposé de principes clairs.

Hollande chez Obama : l’Euramérique avance

Fastes à l’américaine et poncifs de la vieille amitié entre les deux républiques humanistes de part et d’autre de l’atlantique pour François Hollande. Mais derrière ce folklore qui retape la popularité de deux présidents peu populaires se cache un fait important : l’union économique et politique de l’Euramérique avance.

Tout y était, les militaires, la culture pop, la déco kitsch, le vocabulaire de l’amitié et la référence aux vins. En réalité, c’est un début de gouvernance globale sous leadership américain que vient d’aller inaugurer François Hollande à Washington, comme s’il s’agissait de vulgaires chrysanthèmes. Les deux délégations se sont en effet mises d’accord sur le principe de l’installation progressive d’une zone de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique, qui s’étendra d’ailleurs de proche en proche au Pacifique et à l’Amérique latine.

Intégration politique aussi

Dans ce cadre, l’Europe ressemblera encore un peu moins à une puissance, et un peu plus à une passoire. Mais elle n’en subira pas pour cela moins de contraintes. Au volet économique de l’intégration répond un volet politique dont la « lutte contre le terrorisme » n’est pas le seul projet. Barack Obaman a ainsi mis en garde les entreprises occidentales qui seraient tentées de faire des affaires avec l’Iran, et menacé de lourdes sanctions celles qui passeraient outre les décisions américaines en la matière. Les toasts et la guitare folk n’y changent rien : le vassal Hollande est allé faire allégeance à Washington. L’Euramérique avance.