Le JT du 20 mars 2014
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Au sommaire :

  • Ghardaïa : la guerre d’Algérie n’est pas terminée
  • Zuma condamné par les juges
  • Tartuffe Valls au secours du Sacré Cœur
  • Grosses têtes : un lobby chasse l’autre
Ghardaïa : la guerre d’Algérie n’est pas terminée

Dix mille policiers et gendarmes sont déployés dans la capitale du Mzab, trois cent mille habitants, où Mozabites berbères en régression, Arabes locaux et immigrés arabes et kabyles se battent. Ce n’est qu’une des cent résurgences de la lutte qui oppose les différentes communautés d’un pays non stabilisé. A Ghardaïa, la guerre d’Algérie n’est pas terminée.

Bien des raisons conjoncturelles peuvent être avancées pour expliquer des heurts qui ont fait plusieurs morts et des centaines de blessés : le chômage, les variations démographiques de la ville, la proximité de l’élection présidentielle du 17 avril où Bouteflika, qui est pratiquement un mort vivant, va se représenter pour le profit de son clan.

Etat déliquescent, nation inexistante

Mais la question de fond est la déliquescence d’un Etat tyrannique et corrompu qui ne peut plus assurer l’unité d’un pays dont la nation n’existe pas. Les observateurs officiels s’insurgent en vain contre ce qu’ils appellent la régression tribale ou communautaire. Dès l’indépendance, la lutte a continué entre islamistes et laïques, armée de l’extérieur et FLN de l’intérieur, socialistes et libéraux, civils et militaires, doctrinaires et pragmatiques, Arabes et Berbères, dans toutes leurs variétés. Une lutte armée, à mort, qui n’a jamais cessé. Les révoltes Kabyles en sont un exemple. L’étouffement du FIS un autre. S’ajoute à cela, pour toute la partie sud et désertique, un particularisme né de l’histoire : le Sahara n’a d’ailleurs été rattaché à l’Algérie qu’à la fin des négociations, et cela a provoqué plusieurs guerres, où les Touareg et les Marocains ont joué leur rôle. L’affaire de Ghardaïa, où le maintien de l’ordre nécessite dix mille hommes, rien que ça, montre que la guerre d’Algérie n’est pas terminée, et que l’on doit regarder avec une extrême attention l’élection du 17 avril.
 
 

Zuma condamné par les juges

Le président sud-africain vient d’être épinglé par le « public protector South Africa » a rembourser les dépenses illégales effectuées pour embellir sa résidence. Zuma condamné par les juges, c’est un signe supplémentaire de la grogne qui gagne le pays à l’approche de la présidentielle, et du processus de mise sous tutelle de l’exécutif par le judiciaire.

Les faits sont là, corroborés par la pratique du pouvoir de Jacob Zuma depuis quatre ans. L’ANC, qui a combattu sauvagement l’Etat sud-africain avant d’en prendre la direction, dirige depuis le pays à la manière d’un clan, en se servant sans souci du bien commun. Tout va à vau-l’eau, l’industrie, la santé (le sida galope toujours), les services publics dont le déclin déclenche grève sur grève, et bien sûr la sécurité : la prévalence combinée des viols, vols et meurtre est sans équivalent dans le monde. Côté démocratie les nervis de l’ANC n’hésitent pas à bâtonner les cortèges de l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition. Zuma s’enrichit et semble tranquille pour un mandat supplémentaire, puisqu’il s’est fait réélire président de l’ANC pour cinq ans en décembre 2012. Mais peut-être la condamnation prononcée par la médiatrice Thuli Madonsela va-t-elle changer la donne. Cette instance d’un nouveau genre en Afrique, parajudiciaire, va peut-être limiter les errances d’un roitelet de l’arc-en-ciel qui a perdu le sens de la mesure. Un bien en soi, un danger potentiel pour les institutions. Zuma condamné par les juges, c’est un nouveau pas vers le gouvernement mondial des juges.