Le JT du 23 janvier 2014
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Au sommaire :

  • Orvieto : l’illusion Cittaslow
  • C’est l’impasse en Ukraine
  • Ouganda : les raisons d’une expulsion
  • La mode du recyclage coûte cher
Orvieto : l’illusion Cittaslow

Le gros bourg d’Orvieto, situé dans le sud-ouest de l’Ombrie, célèbre pour ses vins blancs secs, fait partie de l’association Cittaslow qui promeut les villes où l’on prend le temps de vivre. Un programme tout à fait louable. Mais qu’est-ce qui se cache derrière l’illusion Cittaslow d’un paradis retrouvé ?

170 villes de moins de cinquante mille habitants font partie de l’association, dont un tiers en Italie, qui est à l’origine du mouvement, en 1999. Rien que du bon en apparence, comme la revendication d’une taille humaine et la promotion de l’artisanat soigné. Mais elle se recommande explicitement de l’idéologie formulée initialement par Ivan Illich, prêtre défroqué d’origine viennoise, la décroissance. La décroissance dont les maximalistes prônent le « retour au Pléistocène » et dénoncent l’anthropogénèse de tous nos malheurs, que ce soit le changement climatique ou le stress social. Le remède qu’ils prônent est de ne plus blesser la Terre-Mère par une activité intempestive.

Une société à deux vitesses

Cette sagesse toute épicurienne a inspiré aussi Slow Food, à laquelle Cittaslow est affiliée. Fondée dès les années quatre-vingt contre la restauration rapide et pour magnifier les plaisirs de la table, Slow Food a pour emblème l’escargot. On ne saurait s’en étonner sur une terre qui a vu naître Apicius, le millionnaire qui étonna les règnes d’Auguste et Tibère par ses fastes culinaires et décadents. Mais l’on doit remarquer que, pendant que le bon peuple est invité à se contenter d’une médiocrité supposée dorée dans des villes pour ainsi dire construites à la campagne, les maîtres de l’heure, à l’ONU, à Davos, ou à Washington, recherchent la rapidité avant tout. La NSA travaille sur l’ordinateur quantique, les transactions boursières se passent en un clin d’œil, etc.… Comme s’il se construisait une société à deux vitesses (à proprement parler), le pouvoir se réservant une hyperactivité pendant qu’il cantonne le bas peuple dans la lente paresse. Derrière l’illusion Cittaslow, faut-il il craindre que se profile une nouvelle forme d’esclavage ?
 
 

C’est l’impasse en Ukraine

Le président Ianouvkovytch négocie avec les chefs de l’opposition alors que leurs positions semblent inconciliables. Pendant ce temps, les heurts entre la police et les éléments les plus durs ont fait plusieurs morts, le gros des manifestants étant déclarés hors la loi. C’est l’impasse en Ukraine coincée entre Europe, Russie et Etats Unis.

Du point de vue pour ainsi dire militaire tout le monde est responsable des morts de la nuit dernière. L’opposition, qui a engagé l’épreuve de force, illégale, contre un gouvernement légalement élu et soutenu par sa majorité parlementaire. Le pouvoir qui a refusé d’écouter les revendications d’une partie du peuple et choisi les moyens d’un affrontement violent.
Du point de vue politique c’est encore plus compliqué. L’Ukraine est une nation indépendante de la Russie, même si Kiev fut jadis le berceau de celle-ci : l’histoire a mûri leurs différences, et les atrocités commises par les soviétiques ont rendu le divorce définitif. On comprend donc la réticence des Ukrainiens à se lier à Moscou. Mais l’idée d’une association avec l’UE, association de libre-échange ouverte sur le monde, outre qu’elle ne paraît viable pour personne, n’aurait aucun sens politique positif.

La nation entre répression et manipulation

Les menaces d’intervention de l’UE et des Etats Unis, dans ce contexte, sont pathétiques, quand on se souvient de leur inaction lors de l’invasion de Budapest en 1956 et Prague en 1968 par l’Armée rouge. D’autant plus qu’aujourd’hui, c’est l’Amérique qui agit à Kiev, par l’intermédiaire de ses services spéciaux. Ceux-ci, déjà à l’origine de la révolution Orange de Ioulia Timochenko, financent et organisent les manifestations de Kiev : la disposition des barricades, la logistique et la liaison entre différents groupes sur différents lieux pendant des semaines porte la marque de vrais professionnels. Une masse levée spontanément se serait dispersée depuis longtemps. L’impasse en Ukraine tient au fait que les aspirations nationales sont prises en tenaille entre les forces qui les répriment et celles qui les manipulent.