Le JT du 24 février 2014
RITV Vidéo


Au sommaire :

  • Ukraine orange : les leçons d’une opération psy
  • Notre-Dame des Landes : violences inouïes et flou politique
  • GPS au secours de l’éléphant
  • Vanneste en suspens
Ukraine orange : les leçons d’une opération psy

Ioulia Timochenko, l’ancienne égérie de l’Ukraine orange révélée en 2004, a été libérée et félicite la foule héroïque dont l’action doit ramener son pays vers la démocratie et vers l’Europe. Mais bien des événements demeurent peu clairs, et il faut faire l’analyse d’un processus qui ressortit, pour partie au moins, à une opération psy.

La version Timochenko correspond en tout point à celle des médias européens : c’est sûr, une révolution spontanée, non politique, a permis d’éliminer un pouvoir odieux. Pourtant des questions demeurent. De quel côté était le peuple ? Quelle est l’ampleur de la divergence entre l’Est et l’Ouest du pays ? Les insurgés ont-ils appelé à prendre les armes dans les derniers jours ? Etaient-ils soutenus par des éléments armés étrangers, comme cela a été dit ? A côté de cela des certitudes se dessinent. Les mêmes qui souhaitaient construire une Ukraine orange en 2004 ont organisé le mouvement. Les Etats-Unis et l’Europe ont apporté un soutien politique et médiatique massif. Des financiers ont distribué des fonds. Par exemple Spilna Sprava, qui a occupé le ministère ukrainien de la justice, est financé par l’International Renaissance Foundation, une organisation qui fait partie du réseau de l’Open Society Institute de George Soros.

La signature des services spéciaux

Et le déroulement des événements porte la marque d’une opération psy exemplaire menée par des services spéciaux et qui a visée trois cibles spécifiques : la population, les services de sécurité et la classe politique. Une longue phase d’agitation sur les médias et les réseaux sociaux avant un déchaînement de violence très bref, suffisant à faire tomber un gouvernement peu déterminé. Capitalisant l’expérience acquise dans les printemps arabes, les services ont établi très vite deux éléments capitaux : le caractère inéluctable de la chute et la position de victimes pacifiques des manifestants qu’on n’a pas nommés rebelles ou insurgés. Il est difficile pour l’instant de prouver la participation de telle ou telle puissance, mais la présence de groupes paramilitaires armés est établie, et la disposition des barricades, l’usage du feu, la logistique, signalent des professionnels. Enfin, la récente vidéo vue 7 millions de fois d’une femme présentée comme une sympathique et pacifique patriote ukrainienne, I am an Ukrainian a été inspirée par Larry Diamond, membre du CFR, ancien conseiller de la coalition en Irak. C’est une signature et un signal envoyé à d’autres chefs d’Etat, Poutine en premier. Le message est double : d’abord, ne croyez pas que nous sommes sans contre-jeu après notre revers en Syrie ; ensuite, surtout, si vous ne voulez pas subir le même sort, tâchez de vous réformer dans un sens qui convienne mieux aux démocraties.
 
 

Notre-Dame des Landes : Violences inouïes et flou politique

Nantes a été la cible de violences inouïes samedi. A l’occasion d’une manifestation contre le projet de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, mille casseurs d’extrême gauche ont tout saccagé, agressant les forces de l’ordre. Sans que la police réagisse et avec la bénédiction de Cécile Duflot, ministre. Un flou politique problématique.

Les riverains sont restés choqués par les violences inouïes, les dégradations « jamais constatées auparavant  » et le fait que la police n’a pas fait correctement son travail. Seules 14 personnes ont été interpellées, alors que l’estimation des dégâts s’élève à 300.000 euros. A comparer aux 350 interpellations à l’issue de la Manif pour Tous du 26 mai dernier, ou les 256 du Jour de Colère, alors qu’aucune dégradation n’était à déplorer dans un cas comme dans l’autre.
Manuel Valls a quand même condamné ces violences mais en en limitant la responsabilité à quelques manifestants qui auraient échappé au contrôle des organisateurs – alors qu’il se plaisait à condamner l’intégralité du mouvement opposé au mariage homosexuel pour quelques bouteilles vides jetées sur les forces de police…
Mais il a surtout dénoncé l’« ultragauche » et les « Blacks Blocs », une façon de mettre ces casseurs dans une catégorie à part, alors qu’ils ne forment avec les antifas qu’une même nébuleuse d’activistes utile à la police et bénéficiant de la complaisance du ministre de l’Intérieur depuis de nombreux mois.
Cette manifestation a aussi provoqué un scandale politique, puisque le gouvernement lui-même est divisé sur la question de ce projet nantais.
Cécile Duflot avait précisé au matin de la manifestation contre le projet de Jean-Marc Ayrault qu’elle y serait « plutôt deux fois qu’une » si elle n’était pas ministre.
Le premier ministre a donc demandé aux Verts de « sortir de l’ambiguïté » à la suite des violences commises par le mouvement, avant de préciser qu’il avait « besoin de tout le monde » dans son gouvernement, sans que Cécile Duflot n’ait besoin de revenir sur son soutien.
Noël Mamère a demandé que Jean Marc Ayrault lui-même sorte de l’ambiguïté et juge que ses camarades Verts sont déconsidérés. Pour une fois, on lui donnera raison.