L’Europe pourrit par le Benelux et les petites monarchies

L’Europe pourrit par le Benelux et les petites monarchies

L’Europe pourrit moralement par les petits pays, qui sont tous des monarchies constitutionnelles, sans pouvoir réel pour le souverain. Les seules familles régnantes catholiques se trouvent en Belgique et au Luxembourg, tandis que les pays scandinaves, les Pays-Bas, sont protestants, comme leurs sujets. Le Benelux est en pointe, malgré les réticences de conscience de deux souverains.

 
Les Pays-Bas se sont distingués dès 1976, avec l’amendement d’une ancienne loi sur l’opium, qui autorise la consommation de drogues de classe II : ainsi les consommateurs, ou petits vendeurs ou producteurs, de cannabis et de champignons hallucinogènes, ne font pas l’objet de poursuites prioritaires de la police…En pratique, les Néerlandais peuvent détenir jusqu’à 30 grammes de cannabis sans risquer la prison. Les célèbres « coffee shops », eux, n’ont pas de statut légal, mais sont autorisés à vendre du cannabis aux consommateurs individuels.
 
Le Danemark étonne lui par sa loi sur le « partenariat », y compris homosexuel, enregistré en juin 1989, une première mondiale. Il a été abrogé et remplacé par le « mariage » en juin 2012, suivant une simplification administrative inconnue en France –qui cumule PACS et depuis peu
« mariage »-.
Puis les Pays-Bas reprennent leur rôle pionnier avec la loi sur l’euthanasie d’avril 2001. L’euthanasie aux Pays-Bas est légale en cas de conditions en principe bien encadrées : la demande répétée de la part du malade, le caractère incurable de la maladie, l’avis de deux médecins, le signalement de la procédure aux autorités. Elle est étendue en 2004 aux enfants de plus de douze ans. A quelques milliers de cas dûment signalés, administrativement lourd, il y a lieu de supposer plusieurs fois plus nombreux les cas omis de signalement, quand la mort donnée peut paraître naturelle en particulier.

 
La révolution luxembourgeoise
La législation des Pays-Bas est imitée de près en Belgique en 2002. Dans une large indifférence, au moins apparente, de l’opinion publique, la loi vient d’être étendue en février 2014 pour les mineurs, sans limite d’âge. L’Eglise catholique, seule, a protesté formellement ; les manifestations n’ont pourtant pas réussi à mobiliser des foules, dans un des Etats les plus déchristianisés d’Europe, après les Pays-Bas. Le vote a bénéficié d’une majorité large au parlement : 86 pour, 44 contre et 12 abstentions. Les opposants parlementaires s’inquiètent surtout du flou relatif du texte, notamment en cas, pourtant prévisible, d’opposition entre les deux parents pour euthanasier leur enfant. Les sondages signalent 74% d’approbation des citoyens, pourcentage peut-être un peu gonflé, mais qui indique une tendance nette. Les autres auront moralement tort, puisqu’ils sont politiquement minoritaires.
 
Le Luxembourg a imité ses grands voisins du Bénélux, avec la légalisation de l’euthanasie et l’assistance au suicide, en mars 2009. Ce petit Etat connaît actuellement, sous la direction du premier ministre Xavier Bettel, homosexuel marié à son compagnon, une offensive totalitaire sans précédent. Il prône un « système unique de valeurs », à introduire dans l’enseignement, c’est-à-dire concrètement antichrétiennes. Il compte, via des référendums, supprimer le financement des ministres des cultes, ou à l’école, remplacer les cours d’instruction religieuse et de morale laïque par un cours unique « d’éducation aux valeurs », c’est-à-dire le second, aggravé, remplaçant le premier ; on frémit en pensant aux expériences pédagogiques du « gender » en France, clairement le modèle commun. Enfin, symboliquement, il ambitionne de remplacer les célébrations religieuses centrales dans la fête nationale par un nouvel « acte central à caractère civil » ; il rappelle, sans le vouloir peut-être, les expériences de fêtes révolutionnaires, en pire intellectuellement puisque surtout sans Etre Suprême, ni reconnaissance d’âme immortelle ou de valeurs familiales authentiques.

 
Le devoir de résistance
A quoi servent les monarques de ces petits pays ? A incarner la continuité de l’Etat, sans pouvoir réel, qui serait inadmissible selon les normes démocratiques actuelles. Cependant, il y a des cas extrêmes ou un homme placé même pour la forme dans un processus législatif essentiel ne peut plus se taire et tout accepter passivement. Si les monarques protestants des Pays Bas, par exemple, n’ont jamais semblé vouloir mettre de frein au « progressisme » de leurs gouvernements, le roi des Belges ou le grand-duc du Luxembourg ont du mal à se résoudre à la schizophrénie, avec une personnalité publique consentant à tout, puisque tel est l’usage, et une personne privée, qui pourrait in petto ne pas approuver les évolutions sociétales.
 
Dans certaines circonstances les deux corps du roi ne font plus qu’un, et le souverain catholique, au nom de sa conscience, ne peut signer des lois opposées à l’Eglise et la morale chrétienne. Le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, même modernisée de manière parfois discutable, demeure ferme sur ce point essentiel : l’autorité ne peut être déliée de la morale et donc de Dieu (paragraphe 396). Cet ordre « ne peut s’édifier que sur Dieu; séparé de Dieu il se désintègre ; l’autorité a le devoir de défendre la loi naturelle ( paragraphe 397) ; une loi qui ne respecte pas la dignité humaine et une autorité qui ne cherche pas à réaliser le bien commun sont illégitimes (paragraphe 398) ; refuser de collaborer à une loi illégitime est un droit et un devoir (paragraphe 399) ; le droit de résistance (paragraphe 400) ».

 
Abdication d’un jour
Des monarques ont déjà manifesté leur opposition publiquement : en 1990, le roi Baudouin des Belges a abdiqué durant 24h pour ne pas signer la loi autorisant l’avortement ; en 2008, le grand-duc Henri du Luxembourg a préféré une modification de la constitution supprimant son droit de véto, plutôt que de l’utiliser effectivement, à propos de l’euthanasie. L’abdication provisoire, si elle était utilisée, deviendrait-elle une norme ? Elle indiquerait certes une volonté, un courage minimal, pas assuré chez les souverains actuels, mais sans grand risque. Exigence de conscience, et choc sinon salutaire du moins de quelque force, ces monarques pourraient s’opposer fermement jusqu’au risque effectif de suppression de leur emploi. Comment accepter de présider une société monstrueuse, qui tue les enfants à naître, les vieillards, les malades de tous âges ?
 
Philippe de Belgique ou Henri de Luxembourg (qui est catholique pratiquant) ne rentreraient dans l’Histoire que par une protestation ferme, totale, définitive, ne tolérant aucun compromis, au nom des droits de Dieu et de la conscience humaine sur les sociétés. Ils risquent de disparaître sans bruit et dans l’indifférence dans quelques années, car ces progressistes fous au pouvoir trouveront bientôt en la monarchie un anachronisme à supprimer. A vue humaine, le panache serait d’anticiper cette abolition par un refus fort, avant un renvoi honteux. Citer la doctrine catholique, saint Thomas d’Aquin ou la réponse d’Antigone à Créon, voilà qui serait à l’honneur de ces souverains, et telle est sûrement l’action forte à accomplir pour leur salut éternel propre et le témoignage à donner à leurs sujets, et au-delà. En attendant cette insurrection morale des monarques, l’Europe pourrit, Benelux en tête.