L’Irlande vote pour ou contre le « mariage » gay : des évêques justifient le « oui »

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L’Irlande vote ce vendredi pour ou contre le « mariage » gay dans un référendum dont les résultats ne devraient être connus que samedi matin. Si la conférence épiscopale irlandaise a dénoncé avec vigueur cette tentative de dénaturer le mariage – en cas de « oui », on assisterait en effet à la mise en œuvre solennelle, par toute une nation, de l’idéologie du genre – il s’est trouvé des évêques catholiques pour dire que le vote négatif ne s’imposait pas en conscience aux fidèles.
 
A croire que ces évêques ont oublié leur rôle d’enseignants, de guides, de pasteurs, de garants de la doctrine… C’est un constat, hélas, qui n’est pas unique. Mais on peut s’étonner quand même de ce que l’Irlande, l’une des nations les plus catholiques du monde, à la constitution tellement pro-famille qu’elle s’attire régulièrement les critiques de l’Union européenne, ait affaire à de tels prélats. La France si « laïque » a su descendre dans la rue pour défendre la réalité du mariage, et on sait combien les prises de position de son épiscopat ont joué dans cette mobilisation. L’Irlande ne pouvait-elle pas en faire autant ?
 

La responsabilité des évêques face aux avancées du « mariage » gay

 
Certes, Mgr Donal McKeown n’a pas poussé le scandale jusqu’à favoriser le « oui » pour le « mariage » des couples de même sexe lors du référendum de ce vendredi.
 
Mais c’est son relativisme pratique qui a eu le dessus. Il intervenait lors d’un débat radiophonique, en faveur du « non », qualifiant le mariage de même sexe d’« expérience dangereuse », spécialement dans ses répercussions sur les enfants de ces couples et leurs lignées.
 
Mais il a affirmé que les citoyens irlandais peuvent voter « oui » ou « non », « en bonne conscience », pourvu qu’ils se soient informés le mieux possible et qu’ils prenaient donc une « décision mature ». Que la conscience doive être éclairée à la lumière de la vérité semble être devenu une opinion interdite. Et d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui taxent l’opposition aux unions de même sexe d’« homophobie » :
 
« Je détesterais vraiment que des gens votent pour de mauvaises raisons, pour des raisons sectaires, pour des raisons exécrables, par volonté de brimer. Les gens doivent prendre leurs décisions eux-mêmes et cela ne me dérange pas que les gens puissent faire cela devant Dieu, que ce soit pour dire « oui » ou pour dire « non » », a-t-il déclaré. Il ne doute pas, a-t-il précisé, que des pratiquants réguliers de quelque environnement ecclésial que ce soit voteront « oui » en conscience – « et cela est entièrement leur affaire. Je ne vais pas dire qu’ils ont tort. »
 

Irlande : cible privilégiée du lobby LGBT qui veut le « oui » pour le « mariage » gay

 
Désir de plaire ? Souci du monde ? Le sujet n’est-il donc pas fondamental ? C’est l’enseignement du Christ lui-même qui est ici passé à la trappe au nom d’une fausse conception de la primauté de la conscience, où vérité et réalité n’ont plus guère de poids. Le drame, c’est que sous prétexte de ne pas vouloir dicter leur conduite aux Irlandais, ni même aux catholiques, l’évêque pèse sur leur décision en leur donnant un élément d’auto-justification. Un « paternalisme » paradoxal…
 
L’archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, a fait des déclarations semblables, jeudi, en annonçant qu’il comptait voter « non » à titre personnel mais précisant, par le biais d’une porte-parole, qu’il n’avait pas pour politique de « dire aux autres comment voter ». Il faisait ainsi répondre – ou plutôt refusait de répondre – à une question posée par les médias.
 
Le prélat s’est borné à faire dire que « vu l’importance du mariage et de la famille, les décisions ne doivent pas être prises à la légère et chacun doit être informé de ce qui est en jeu ».
 

Mgr Diarmuid Martin, un évêque qui conçoit que l’on dise « oui » au « mariage » gay

 
Mgr Martin a écrit une tribune dans l’Irish Times cette semaine pour déclarer que ses « fortes convictions sur le mariage » sont « basées sur (ses) convictions religieuses ». « Je n’ai cependant aucun désir de faire avaler mes conceptions religieuses de force par les autres », a-t-il affirmé, dénonçant « ceux de l’aile droite ecclésiastique » qui l’accusent d’être en faveur du « oui », parce qu’il ne se « livre pas à la condamnation directe des hommes et femmes gays et lesbiennes ».
 
La majorité des évêques d’Irlande ont eu des paroles autrement plus fortes. Mais la question demeure entière : comment des propos aussi faux et aussi imprudents peuvent-ils être prononcés par un prélat de premier rang, qui ne voit même pas que la question du mariage naturel ne relève pas de la Révélation en tant que telle, mais de l’ordre des choses ?
 
Ne feignons pas la naïveté, cependant. De tels scandales ne sont pas inédits, et la dictature du relativisme a pu pénétrer dans l’Eglise à la faveur de l’esprit du temps. C’est en tout cas une raison pour que les laïques prennent au sérieux leur devoir de se former à la lumière de l’enseignement sûr de sa doctrine, sans se laisser intimider par les plus timorés…
 
Anne Dolhein