Asile-immigration dans les Alpes et à l’assemblée : entre fausse fermeté et vrai laxisme

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C’est la semaine des faux semblants : nous examinerons le couple Trump-Macon demain, aujourd’hui la loi asile-immigration votée à l’assemblée et la frontière des Alpes où affluent les migrants et se positionnent les Identitaires. Avec l’aide de la gauche, le gouvernement affecte une fausse fermeté pour mieux exercer un vrai laxisme.
 
L’assemblée nationale est un théâtre, le néophyte s’étonne toujours d’y voir les pires ennemis qui viennent de s’agonir d’injures boire un verre avec une grande urbanité à la buvette. C’est le lieu d’élection de la comédie démocratique. Les vraies fausses empoignades font partie du spectacle, et le débat sur la loi asile-immigration aura permis à messieurs Collard, pour le Front National, et Mélenchon, pour la France Insoumise, de donner la mesure de leur talent. « Trouillard ! Péteux », a fini par jeter celui-là à celui-ci. Si ça ne vaut pas Clemenceau, les noms d’oiseau réveillent toujours agréablement la chambre de sa torpeur. Mais quel est l’argument de la pièce ?
 

Loi asile-immigration : triple salto arrière à l’Assemblée

 
Le voici. Avec la loi asile-immigration, Emmanuel Macron entend persuader l’électeur qu’il agit avec mesure pour le bien du pays, dans un équilibre parfait entre réalisme et générosité. Il entend persuader les Français qu’il n’accueille pas toute la misère du monde, et le cosmopolitisme mondialiste qu’il remplit son devoir d’accueil. Dans cet exercice plus délicat qu’un triple salto arrière, Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur, figure le père fouettard digne et mesuré, le grand vieux méchant loup sans dents qui appelle chacun à la raison et se sert de tout incident pour broder sur la rhétorique du juste milieu. Ni la gauche, ni la droite, ni l’ultra gauche ni l’ultra droite ne le détourneront de son devoir centriste. Modération et fermeté, c’est sa devise.
 

Les fausses pistes de la fermeté, le vrai esprit de laxisme

 
En fait de fermeté, que dit la loi asile-immigration ? Qu’un mineur non accompagné (comment saura-t-on qu’il est mineur ?) peut faire venir en France ses frères et sœurs (comment saura-t-on que ce sont ses frères et sœurs ?) grâce au dispositif de la « réunification familiale ». Le ministre nous assure que cela ne concerne que très peu de cas. Aujourd’hui, mais demain ? Voilà ouverte la porte de l’invasion familiale. 
 
Subsidiairement, la loi asile-immigration donne de nouveaux droits aux apatrides, favorise l’accueil, limite le « délit de solidarité » (euphémisme révolutionnaire pour décrire l’action des traîtres idéologues qui violent la loi française en aidant les envahisseurs à prendre pied sur le sol national), ôte de la liste des pays dits sûrs où l’on peut renvoyer le débouté ceux qui condamnent l’homosexualité. Il y aura demain des réfugiés parce qu’LGBT, après-demain des réfugiés vegans peut-être. C’est donc un texte de pur laxisme. Mais, grâce à l’appareil cohérent formé par les associations mondialistes, le défenseur des droits Jacques Toubon, la presse et « l’opposition » de gauche, le gouvernement peut le déguiser en texte de fermeté.
 

Asile ou pas, une immigration sans contrôle

 
Comment ? Par une disposition de bon sens qui, l’esprit public étant ce qu’il est devenu et les réseaux d’aboiement ce que nous savons, prend l’allure d’une provocation. Le gouvernement propose de réduire les délais des procédures des migrants qui demandent asile. Collomb a beau jeu de dire que chacun devrait y trouver son compte, car c’est vrai, y compris pour les migrants qui attendent. Mais la gauche juge cela « déshumanisant » et hurle à la « dissuasion ». C’est la preuve que ce qu’elle attend de la demande de droit d’asile, c’est qu’elle ne soit pas traitée, et que tout migrant, quelle que soit la raison de sa présence, puisse s’immiscer dans le tissu national sans limite ni contrôle. Pas de discrimination : accueil égale invasion.
 

Dans les Alpes, fausse résistance et vrai coup de force

 
Dans cet esprit, c’est par un tollé que la gauche a accueilli l’opération de communication lancée par les Identitaires dans les Alpes. Une centaine de militants identitaires, en majorité français, sont montés en raquette au col de l’Echelle pour y tendre des banderoles, afin, disent-ils, de « veiller à ce qu’aucun clandestin ne puisse rentrer en France ». Situé à 1762 mètres d’altitude, ce col est l’un des points de passage dans les Alpes des clandestins venus d’Italie. Le même jour, cent militants gauchistes ont aidé trente migrants à passer de force en France au col du Mont Genèvre, attaquant les forces de l’ordre et « dégradant » un véhicule. Les identitaires, eux, selon l’AFP n’ont pas été « au contact avec les migrants », et n’ont rien « dégradé ». Cela n’a pas empêché la gauche de de déplorer à l’assemblée nationale « l’inaction », voire la collusion du gouvernement avec « l’extrême droite ». Mélenchon, l’ami du genre humain, a dénoncé, avec toute l’ardeur de sa sollicitude maçonnique, la « bande » des « amis de Mme Le Pen » prêts à « repousser dans la neige de pauvres gens qui s’y trouvent ». Les randonneurs bobos en ont pleuré dans leurs refuges des Alpes.
 

Gérard Collomb, spécialiste du trapèze laxisme-fermeté

 
Cela n’a pas empêché non plus Gérard Collomb de faire son numéro de trapèze laxisme-fermeté. Côté fermeté, le ministre a envoyé au col de l’Echelle des renforts pour « s’assurer du respect absolu du contrôle des frontières. » Les forces de l’ordre en ont beaucoup ri, elles savent que l’invasion passe par d’autres cols dans les Alpes et au besoin par la côte à Menton. Quand Collomb affirme que « la pression migratoire reste forte » sur ce front, il minimise sciemment la situation, puisque ses services font état de 1.900 clandestins refoulés vers l’Italie pour les seules Hautes Alpes en 2017 contre 315 en 2016 : à s’en tenir à ce seul indicateur, la « pression migratoire » a été multipliée par six. Ce petit mensonge réduit son apparence de fermeté à ce qu’elle est : un vrai laxisme déguisé.
 

Mélenchon et Collomb, vrais champions du faux semblant

 
C’est à quoi tend aussi sa rhétorique du juste milieu. Il met sur le même plan les « gesticulations » de l’ultra droite et les « provocations » de l’ultra gauche. Or celle-ci, en aidant des clandestins à entrer de force et illégalement sur le territoire, commet un délit grave, assorti de violences contre les gendarmes, on aurait dit un crime en d’autres temps. Les Identitaires eux, quoi qu’on pense de leur action, n’ont commis nulle violence et n’ont d’autre but que de faire respecter une loi objectivement bafouée. Le délicieux Gérard Collomb leur reproche de « se substituer aux forces de l’ordre ». Il est cynique. S’il faisait son travail, ils n’auraient pas l’occasion de le faire. Quand l’Etat, manquant à son devoir de protection, laisse les citoyens à la merci de l’envahisseur, l’insurrection devient un devoir. Collomb aurait probablement dénoncé les « gesticulations » de la Résistance et Mélenchon n’aurait pas approuvé que l’on repoussât dans la neige les pauvres soldats nazis qui s’y trouvaient.
 

Pauline Mille