Loi prostitution : analyse de la morale de François Hollande

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La loi sur la prostitution qui vient d’être votée définitivement par l’Assemblée nationale est un abyme de contradictions qui confine au mystère. Mais à l’analyse, elle révèle la logique de la nouvelle morale imposée à la France par François Hollande et une gauche féministe en perdition.
 
Les trois I. La loi sur la prostitution est marquée au chiffre de François Hollande, le triple I, elle est incohérente, inefficace et idéologique. Les incohérences sont si criantes qu’elles sautent aux yeux. Brigitte Lahaie, ancienne actrice porno et présentement chroniqueuse à la radio, s’est ainsi étonnée que la loi continue de tolérer la prostitution tout en pénalisant le client, ce qui est, dit-on « la mesure phare » : avec qui les prostituées sont-elles censées faire leur commerce ? D’autant que la deuxième « mesure phare » consiste à supprimer le délit de racolage passif. Voilà donc des femmes qu’on autorise à racoler (discrètement) à des fins de prostitutions – mais sans client ! C’est à peu près aussi cohérent que certains plans de relance socialistes de l’économie.
 

La loi prostitution est une promesse de François Hollande

 
Poursuivons l’analyse. La loi votée est, hélas, tout aussi inefficace. Syndicats de policiers et associations sur le terrain sont d’accord pour affirmer qu’elle « sera difficilement applicable », qu’elle « n’aidera en rien à lutter contre les réseaux de proxénètes », qu’elle n’est « pas la meilleure solution pour la protection » des prostituées, et qu’au contraire, pour protéger leur source de revenu, le client, « elles se cacheront et prendront tous les risques ». Il y avait cependant deux dispositions positives dans la loi, celles qui visaient à aider les prostituées à quitter le métier, mais les moyens et les fonds prévus sont tout à fait dérisoires. Parmi les pires aspects de la prostitution, il y a la soumission d’une partie des prostituées aux réseaux violents de proxénètes, et d’une autre partie (les deux peuvent hélas se recouper) à la drogue, qui peut être une addiction encore plus cruelle. La loi présente ne remédie en rien à cela.
 
Alors, pourquoi cette loi sur la prostitution ? La réponse est idéologique. Premier élément : c’est l’une des promesses de la campagne de François Hollande en 2012. Comme ce printemps est loin ! Ce ne sont pas quatre ans qui ont coulé, mais quatre siècles ! Monsieur 12 %, faute de pouvoir assurer la sécurité des Français et de les tirer de la misère où l’ouverture des frontières les plonge, épuise donc avant de couler sa check list de réformes « sociétales ».
 

Une loi féministe qui ne protège pas les femmes

 
L’important pour lui n’est pas de gouverner la France, mais de changer l’homme (femme comprise). Le monsieur qui bafouait Valérie Trierweiler avec Julie Gayet restera donc dans l’histoire pour avoir imposé sa nouvelle morale : pénalisation du client par la loi sur la prostitution, mariage gay GPA comprise grâce à la circulaire Taubira. Là aussi le plus bouché des crétins socialistes voit les incohérences : où est la « dignité de la femme » ? Où est la lutte contre la « marchandisation du corps humain » ? Les vertueux principes invoqués par certains hiérarques socialistes pour faire passer cette loi en force sont piétinés par d’autres lois sociétales imposées par François Hollande et par sa pratique personnelle.
 
Ce qu’il y a derrière tout ça, c’est une petite minorité agissante et idéologue. Emmanuelle, porte-parole du collectif du 8 mars, mouvement féministe alternatif le dit sans chichis : « La pénalisation des clients est une position moralisatrice des féministes institutionnelles proches du PS. » Une position partisane : si le PS et le Front de gauche ont voté majoritairement pour, tous les autres groupes, y compris les écologistes et les radicaux de gauche, ont voté contre.
 

La nouvelle morale mondiale a pour ennemi la nature

 
Il y a là comme un relent de « vertu rouge », quand l’URSS et la Chine abolissaient par voie constitutionnelle la prostitution. Mais en même temps, le Monde le remarque, la France rejoint par cette loi sur la prostitution, le groupe des pays européens qui pénalisent le client, Royaume Uni, Suède, Norvège, Islande. Caractéristique convergence Est-Ouest pour un puritanisme législatif mondial qui a pour principale haine celle de la nature. Le roi saint Louis savait que la chair est faible et il avait donc cru juste de tolérer les bordels pour éviter un plus grand mal. Sans doute a-t-il regretté sur la fin de sa vie de ne pas les avoir interdits, la responsabilité de l’Etat étant de sauvegarder la moralité publique et de protéger les plus faibles, ici les femmes, qui souffrent le plus souvent profondément de ce « métier » et de cette exploitation. Mais c’était le saint, attaché à la pureté des mœurs catholiques, qui avait ce regret, plus que le roi, dont la décision, enregistrée par la Providence, donna une certaine paix à la société. La convergence des puritanismes, au nom d’une hypothétique perfection sur terre, prétend interdire une prostitution qui se poursuivra sous d’autres formes, qui ne seront meilleures ni pour la santé morale, ni pour la santé physique.
 

Analyse morale d’une loi

 
Mais quoi qu’il en soit de cette question difficile, où théologiens et théoriciens pourront s’épuiser, l’analyse doit se concentrer maintenant sur la cohérence profonde des incohérences de la loi présente, sur l’effet recherché de toute cette inefficacité. Quelle est, sans rire, la morale de François Hollande ? Ce n’est pas sur la démocratie qu’elle se fonde. Car, chacun l’aura noté, les prostituées se dressent toutes contre la loi prostitution, dont elles craignent qu’elle ne leur enlève leur gagne pain. Que la loi démocratique soit l’expression des vœux de la majorité des personnes concernées, ou qu’elle soit le respect de la minorité sur la sellette, François Hollande la bafoue avec le même entrain.
 
Alors ? François Hollande est-il mû par le respect des femmes ? Cela serait louable, et très chou. Mais lisez-donc Merci pour ce moment, l’excellent petit livre de Valérie Trierweiler, et vous verrez qu’il n’en est rien.
 
On a pu le croire animé d’une frénétique transe soixante-huitarde, d’où tous les interdits seraient interdits : l’avortement de masse, les avancées vers l’euthanasie, la bénédiction de l’Etat aux paires homosexuelles, la location des ventres, la vente des bébés, tout semblait le montrer. Mais cette vertueuse loi sur la prostitution punissant de lourdes amendes les clients payant un acte sexuel vient en contradiction complète.
 

Analyse du psychisme de François Hollande

 
Alors, François Hollande cultive-t-il une morale de l’arbitraire pur ? Le genre, hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas (je le veux, je l’ordonne, que ma volonté vous serve de raison) ? Ou bien y a-t-il un fondement, sinon métaphysique, du moins psycho-politique, à sa nouvelle morale ?
 
Ce qui est frappant, c’est l’inversion symbolique de la culpabilité qui fonde la loi : la prostitution n’est plus un délit, le racolage non plus, c’est l’achat de l’acte qui devient punissable. En somme, l’homme est seul coupable, le mâle blanc dont il convient de protéger « les 80 % de prostituées étrangères ». C’est, par un biais secondaire et apparemment anodin, tout un parcours de repentance auquel est invitée la société française, et singulièrement sa composante mâle, forcément coupable de « violences ». Peut-on émettre l’hypothèse, puisque la psychologie entre ici dans notre analyse, que la mauvaise conscience personnelle de François Hollande le pousse à hâter cette inversion juridique et politique ?
 

Pauline Mille