Macron entre Rihanna et Guillaume II : une adolescence impériale

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La chanteuse Rihanna est reçue aujourd’hui à l’Elysée par Macron pour parler des enfants déscolarisés dont elle est l’ambassadrice. De quoi satisfaire la part d’adolescence du président comme ses déguisements comblent une curiosité impériale qu’il partage avec feu Guillaume II de Hohenzollern.
 
On compare parfois Macron à Napoléon : même pour rire, rien ne s’y prête, pas même l’âge des deux hommes quand ils ont pris le pouvoir. Bonaparte avait à peine trente ans quand il devint premier consul. Si l’on cherche à Macron une comparaison impériale en raison de sa pente vers l’autoritarisme, mieux vaut prendre le Kaiser Guillaume II. Ils ont en commun la passion du déguisement. Et pas que.
 

Pour les socialistes, Macron a quelque chose à cacher

 
Le chef du groupe parlementaire socialiste à l’assemblée nationale s’est moqué de la manie d’Emmanuel Macron, depuis qu’il est président, de se « déguiser en permanence ». Olivier Faure, c’est son nom, a notamment relevé : « Vous l’avez vu en standardiste, vous l’avez vu en militaire ». Il aurait pu ajouter, en combinaison d’aviateur devant un jet, en marin sur la passerelle d’un navire, sur un fauteuil d’handicapé pour jouer au tennis, à bicyclette, en boxeur pour promouvoir Paris ville olympique, etc. Manifestement, Macron prend plaisir à jouer des rôles et porter les vêtements qui vont avec. Olivier Faure, c’est son boulot de polémiste politique, y voit la marque de la dissimulation qui caractérise son action : « Quelqu’un qui se déguise autant doit avoir beaucoup de choses à cacher ».
 

Guillaume II adorait se déguiser, comme Macron

 
Si l’on n’est pas convaincu par cette psychologie sommaire, on peut relever un précédent dans l’histoire récente, le Kaiser Guillaume II. L’homme adorait se déguiser. Sa fantaisie impériale n’avait pas de borne. En l’absence de maman Brijou, douze valets de chambre ne suffisaient pas à entretenir ses deux cents uniformes et son vestiaire civil. Il lui arrivait d’enfiler dix tenues en une seule journée, une casaque de forestier pour inspecter un rendez-vous de chasse, un spencer d’amiral pour écouter le vaisseau fantôme au Kursaal de Berlin, et ainsi de suite. C’était Fregoli sur le trône. D’après le vieux chancelier de Hohenlohe, il avait même voulu revêtir la toge pour visiter le musée archéologique.
 

Une diplomatie de l’adolescence impériale

 
Mais la comparaison avec Macron ne s’arrête pas là. Une prétention impériale anime l’un comme elle animait l’autre. Sous tous ses déguisements Guillaume II voulait qu’on reconnût César. Il donnait au monde la comédie d’un grand homme d’Etat. En 1899, âgé d’à peine quarante ans comme Macron, il se mit dans la grande diplomatie, pour faire de l’Allemagne la première puissance mondiale et en même temps réconcilier les autres puissances européennes. Il tablait pour cela sur son charme juvénile et la relation particulière qu’il pensait avoir avec sa grand mère anglaise, la reine Victoria. (Cela rappelle certaine mouche du coche voletant de Trump à Poutine en passant par Theresa May et Angela Merkel). En réalité, il agaçait les Anglais, fatiguait son cousin Nicolas II de Russie et faisait peur aux Français qui le haïssaient. Mais il continuait à s’exhiber et pérorer, toujours plein d’idées qui avortaient et de plans dont il changeait à l’occasion, ce qui faisait soupirer au chancelier Bernard de Bülow : « Zick-Zack Kurs » !
 

Rihanna humanitaire et en même temps Rihanna sexy

 
Guillaume II passait ainsi du zig au zag parce que, comme Macron, il refusait de se laisser arrêter par les contradictions. Il voulait ainsi garder l’Alsace Lorraine et en même temps l’amitié avec la France. Il voulait construire la plus grande flotte du monde et en même temps l’amitié avec la Grande Bretagne. Bref, c’était une personnalité charmeuse et charmante, d’ailleurs douée, pour le discours par exemple, mais qui n’était pas sortie du brouillon contradictoire de l’adolescence. Le jeune Macron de ce point de vue lui ressemble, et l’invitation faite à Rihanna le confirme. En bon adolescent communicateur, il fait un coup avec Rihanna ambassadrice humanitaire, et en même temps il rêve paillettes avec Rihanna chanteuse sexy. C’est le nième rôle de son début de quinquennat. Demain il chevauchera un bison ou fera la paix avec les Indiens. Tant que maman Brijou est d’accord, nous n’y voyons pas d’inconvénient. Ce n’est pas la partie la plus coûteuse de sa politique.
 

Pauline Mille