Macron, VRP d’une Union européenne revisitée

Macron VRP Union européenne revisitée
Emmanuel Macron, aux côtés des premiers ministres slovaque (à gauche) et tchèque (à droite), au Conseil européen à Bruxelles, le 23 juin.

 
Jusqu’à vendredi, Emmanuel Macron se promène en Europe centrale, histoire de faire partager, autant que faire se peut, sa vision d’une Union européenne revisitée – ce qui ne signifie pas, loin de là, qu’il chercherait à la détricoter ; ce serait plutôt l’inverse, ainsi qu’il convient à un bon VRP.
 
Au cours de cette tournée, le président français évitera soigneusement la Hongrie et la Pologne, dont les autorités font montre d’une trop grande opposition, à ses yeux, à Bruxelles. Il leur préférera leurs confrères autrichien, tchèque, slovaque, roumain et bulgare – ce qui, quoi qu’il en pense, pourrait tout de même lui réserver des surprises, même si on estime en général à l’Elysée que ce sont des pays qui ont « envie de jouer le jeu de l’Union européenne et de l’approfondissement ».
 

Revisiter l’Union européenne

 
A côté de la délicate question des migrants, qui n’est pas sans inquiéter, comme on le sait, les pays d’Europe centrale, Emmanuel Macron aimerait porter l’accent sur une révision de la directive sur le travail détaché, qui, actuellement, permet aux ressortissants d’un pays membre de l’Union d’aller travailler dans un autre pays européen en conservant le contrat et les cotisations sociales du pays d’origine, mais en bénéficiant de la rémunération et de la protection du pays d’accueil.
 
Or, les pays d’Europe centrale, particulièrement concernés par ces emplois détachés, craignent que, derrière la volonté d’équilibre affichée par Emmanuel Macron, ne se cache une forme de protectionnisme déguisé. Il est vrai que, malgré les rodomontades de son prédécesseur François Hollande, la France continue de connaître, malgré des modulations qui demeurent relatives, un taux de chômage particulièrement inquiétant.
 

Les faiblesses du VRP Macron

 
D’un autre côté, la fuite de la main-d’œuvre est devenue un sujet suffisamment délicat dans la plupart des pays d’Europe centrale pour que les interlocuteurs du président français ne l’écoutent pas avec un minimum d’intérêt sur le point particulier de la concurrence qu’il entend particulièrement évoquer.
 
Reste à savoir si ses partenaires, notamment tchèque et slovaque, prendront le risque d’une tension nouvelle avec leurs voisins polonais et hongrois. Non qu’ils ne puissent éventuellement s’entendre sur le fond, mais la conception toute particulière qu’Emmanuel Macron a de la diplomatie en l’occurrence pourrait bien déboucher sur de nouvelles difficultés relationnelles qui, en définitive, n’amélioreraient guère, loin s’en faut, la situation.
 
Ce qui, au bout du compte, pourrait ternir l’image de marque – pour ne pas dire la stature… – européenne que le président français prétend avoir acquise, et ce d’autant plus qu’Angela Merkel, en la matière, semble observer un prudent retrait stratégique…
 

Hubert Cordat