Madame le président : l’Etat socialiste impose la révolution par le langage


Sandrine Mazetier, présidant la séance d’hier à l’assemblée, a puni le député Aubert d’un rappel à l’ordre avec retenue d’un quart de son indemnité mensuelle pour l’avoir appelée Madame le président. C’est Laurent Fabius qui avait lancé en 1986 l’Etat socialiste sur la voie de la révolution par la syntaxe.
 
Il y a deux aspects à la question.
 
Le premier est disciplinaire. Sans doute une instruction du bureau du Palais Bourbon datée de 1998 oblige-t-elle à féminiser les fonctions exercées par des femmes à la chambre. Mais cela n’autorisait pas Madame le président à rappeler Aubert à l’ordre, cette sanction étant prévue limitativement au chapitre XIV du premier titre du règlement, article 71. Le député a été régulièrement invité à parler par Madame le président, et n’a insulté personne ni troublé l’ordre. Aucun alinéa ne s’applique donc à son cas.
 
Cet abus de pouvoir s’inscrit dans une pratique constante de l’Etat socialiste sur la féminisation de la langue, manifeste dans la circulaire Jospin de 1998 et la circulaire Fabius de 1986 : la réforme est imposée par voie administrative, jamais le peuple ni ses représentants ne l’ont votée.
 

Madame le président impose la révolution et le totalitarisme de l’Etat socialiste

 
Le deuxième aspect touche au langage.
 
Maurice Druon, alors secrétaire perpétuel de l’Académie française, se demandait : « Depuis quand les ministres s’occupent-ils de néologie ? » La réponse est aujourd’hui très claire : depuis qu’ils mènent la révolution en bouleversant la langue. On sait depuis toujours que le langage est lié à la pensée, et depuis Orwell en particulier qu’y toucher, c’est toucher à la liberté. C’est aussi couper l’homme, ici le Français, de son passé, sa poésie, sa littérature, sa philosophie.
 
Aubert s’étant retranché derrière l’autorité de l’Académie française, Sandrine Mazetier lui a opposé le règlement de l’assemblée. C’est en plus ridicule l’éternelle tyrannie de Créon, l’équivalent du mot de Jacques Chirac : il n’y a rien au-dessus de la loi civile. Les décisions d’une majorité de rencontre l’emportent sur l’histoire, la tradition, la loi naturelle – et ici la grammaire. Face à l’arbitraire totalitaire, l’Académie française oppose la prudence d’un usage raisonné. Elle note qu’il ne faut pas confondre la fonction avec la personne qui l’occupe et lui donne donc le genre non marqué, le masculin, que le français a repris du latin. Le ponte de la linguistique francophone d’aujourd’hui, Cerquiligni, juge cela « désuet ». Pardi, il est à la grammaire ce que Hans Küng est à la théologie catholique, et c’est lui qui a pondu les rapports pour Jospin et Fabius !
 

Révolution du langage et imposture intellectuelle

 
Le grammairien latin Charisius justifiait l’emploi du masculin non marqué de cette façon : (je traduis) « Personne en effet ne dit la deuxième héritier, la bonne parent, ou la mauvaise homme, mais use du masculin, même s’il s’agit d’une femme ».
 
Depuis, bien sûr, l’eau a coulé sous les ponts, et le français issu du bas-latin n’a cessé d’évoluer, mais invoquer, comme le font certains, certain usage du 17ème siècle pour justifier le désordre actuel n’est pas pertinent : la fonction de l’Académie a précisément été depuis lors d’unifier la langue française et de choisir les meilleurs usages, c’est-à-dire ceux qui se gardaient au mieux de l’ambiguïté, de l’obscurité, de la lourdeur, etc. Le député Aubert, qui parle proprement le français, a justement remarqué que madame la présidente désignait jusqu’à présent (au 17ème en particulier) l’épouse du président et que l’usage socialiste engendre donc une ambiguïté.
 
La révolution d’aujourd’hui tend à chambouler les genres. C’est ouvrir la boîte de l’absurde. L’usage du féminin est aussi arbitraire en effet que celui du masculin. On pourra sans doute donner la pouvoir aux sénateures, mais une réaction finira par libérer le langue français de la fascisme dominante, de la totalitarisme féministe, au nom du vérité, du liberté, du égalité, du fraternité et des pommes de terres frits. A la confusion des imposteures et des emmerdeures qui commencent à nous les briser menu.