HORREUR Maggie ♥♥


 
Maggie, prénom féminin de l’héroïne malheureuse du film, est un film d’horreur, plein et entier, qui ne peut donc être vu que par un public averti d’adultes ou de grands adolescents. Il s’agit précisément du sous-genre du film de zombies, un zombie étant un mort-vivant qui tue ou contamine, rendant semblables à lui en les mordant, les vivants, humains comme animaux. Le plus souvent ces films sont peu intellectuels, au moins au premier degré, et débordent d’action. Or ici le réalisateur a fait le pari audacieux de prendre une attitude inverse et cultive la lenteur, sinon la contemplation, et tend vers l’art et l’essai. Le pari repose sur un Arnold Schwarzenegger inattendu, vétéran mondialement connu des films d’action pure, tout en émotion, intériorité, et conservant par ailleurs un physique de bûcheron peu craintif. S’il devait y avoir un survivant à une épidémie de zombies, ce serait certainement lui. Il décapite d’ailleurs efficacement à la hache quelques monstres, dans les rares scènes d’action.
 

Maggie, une expérience rare

 
L’épidémie serait à peu près sous contrôle. La société survivrait difficilement. Chaque famille serait invitée à s’occuper de son cas, de son malade futur zombie, durant les premières semaines de mutation, avant qu’il ne devienne vraiment dangereux. Arrivé à ce stade, ils sont entassés dans des mouroirs, puis douloureusement exécutés. Un père assiste à la mutation lente, atroce, fatale, de sa fille adolescente. Drame poignant. Et ce d’autant plus qu’elle est parfaitement consciente de son état. L’horreur atteint là des sommets difficilement supportables, bien pires que dans le Grand-Guignol habituel, sanguinolent et massif. L’humanité quitte lentement la jeune fille, sans disparaître totalement, et le père s’accroche à ce qui en reste, dangereusement, au-delà de toute raison. Le suspens persiste tout au long du film, sur la survie ou non du père imprudent.
 
Il n’y a nul message profond et évident. Maggie fonctionne comme une œuvre cinématographique esthétique pure, particulièrement sombre. Ce caractère pour le moins spécial du film empêche quelque peu de reconnaître pleinement une grande œuvre, mais il s’agit incontestablement d’une expérience rare, intéressante pour amateurs avertis.
 

Hector Jovien