Un maire italien installe sa crèche dans un canot pneumatique en hommage aux migrants

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Ils sont forts les maires italiens. L’année dernière, c’était une crèche quasi musulmane avec une Vierge en hijab, à Potenza. Cette année, c’est une crèche … migrante, la Sainte Famille installée, bon an mal an, sur un canot pneumatique. De quoi donner des idées aux maires français qui peinent à conserver leurs crèches dans leurs hôtels de ville – possible que ce prosélytisme-là fasse tout de suite mieux passer la représentation chrétienne.
 
Quant au pape François, si la crèche de la place Saint-Pierre, inaugurée hier, ne contient pas de bateau comme celle de l’année dernière, il a annoncé que la Journée Mondiale de la paix 2018 serait bel et bien dédiée aux migrants.
 

En canot sur les chemins d’eau… de Méditerranée

 
A l’époque de Noël, la question de la laïcité ne se pose pas vraiment en Italie, pays où est véritablement née la tradition de la crèche. Mais certains transforment l’essai et revisitent le sens de la Nativité. Le maire (classé à gauche) de la petite ville de Castenaso, près de Bologne, a bien sorti ses grands personnages en bois, mais il ne les a pas gratifiés d’un toit.
 
La Sainte Vierge et l’Enfant-Jésus ont été placés à bord d’un grand canot pneumatique, à l’image de ceux qu’empruntent les migrants pour franchir la Méditerranée. Saint Joseph, placé en dehors, semble attendre sur le rivage… tandis que les bergers s’affairent autour.
 
Non content du message véhiculé, Stefano Sermenghi compte bien utiliser aussi cette image pour les cartes de vœux de la municipalité. « Beaucoup de gens en Italie ouvrent la bouche, mais personne ne fait quoi que ce soit pour fournir un accueil positif à ceux qui arrivent », a-t-il déclaré selon The Local.
 

Ces maires français qu’on prive, juridiquement, de crèche

 
Peut-être que si Robert Ménard ou Laurent Wauquiez avaient opté pour ce genre de représentation, leur crèche n’aurait pas été interdite par le Conseil d’État ? !
 
Il y a un mois, ce dernier a statué contre la représentation chrétienne de la Nativité dans le hall des hôtels de ville, « sauf si des circonstances particulières montrent que cette installation présente un caractère culturel, artistique ou festif ». Nul doute que l’accueil des migrants soit une question d’héritage culturel maçonnique…
 
Quoi qu’il en soit, difficile de voir l’un ou même l’autre reproduire le geste de Stefano Sermenghi. Le maire de Béziers vient d’ailleurs d’enfreindre la décision du Conseil d’État en inaugurant, lundi, une belle crèche provençale – il y a néanmoins ajouté un sapin et une boite aux lettres pour le Père Noël afin d’enrober l’affaire d’une légère et opportune laïcité !
 

Une transgression religieuse

 
Pas de prosélytisme, nous dit-on ! Mais lorsqu’il concerne l’accueil sacré des migrants, tout est bon, même la transgression. Des plaintes de résidents italiens sont d’ailleurs remontées à l’évêque auxiliaire de Bologne, Monseigneur Ernesto Vecchi, qui n’a pas du tout apprécié l’audace du maire.
 
« Au cœur d’une scène de Nativité, on devrait trouver un enfant langé dans une crèche et on se doit de respecter cela », a-t-il déclaré au journal Il Resto del Carlino, le 4 décembre.
 
« La pièce maîtresse de la crèche ne peut pas être représentée par un bateau gonflable. Je ne me plains même pas du fait que l’embarcation soit intégrée dans cette crèche, mais elle aurait dû être placée ailleurs. Surtout, on n’aurait pas dû y embarquer l’enfant Jésus et la Sainte-Vierge ».
 

Le pape François veut un pacte mondial pour les migrants

 
Pourtant le pape François lui-même a déjà comparé la Sainte Famille à des migrants… évoquant la fuite en Égypte, pour fuir Hérode. Pourtant Marie et Joseph étaient bien seuls à fuir, personne n’a organisé leur départ et c’était surtout temporaire, caractéristiques tout à fait étrangères à la plupart des situations d’aujourd’hui…
 
Quoiqu’il en soit, il a, lui aussi, cherché à lier les deux sujets. L’année dernière, dans la crèche de la Place Saint-Pierre figurait un luzzu, un bateau de pêche maltais destiné à rappeler aux visiteurs « la triste et tragique réalité des migrants sur les bateaux qui se dirigent vers l’Italie » selon les mots du pape. Celle de cette année est peut-être seulement napolitaine, mais le pape a de nouveau déclaré, hier, qu’il espérait qu’on se souvienne du message de « fraternité, partage, accueil et solidarité » qui réside au cœur de la crèche…
 
Le 24 novembre dernier, a été rendu public le message du pape François pour la 51e Journée mondiale de prière pour la paix le 1er janvier prochain (un message daté du 13 novembre, fête de sainte Françoise-Xavière Cabrini, patronne des migrants, première sainte des Etats-Unis, en réalité italienne). Il l’a dédié aux migrants, en s’opposant fermement à ceux qui se refusent à cet accueil sous prétexte de « sécurité nationale » ou de « poids financier »…
 
« Tous les éléments dont dispose la communauté internationale indiquent que les migrations globales continueront à caractériser notre avenir ». Il souhaite donc, au cours de l’année 2018, « la définition et l’approbation par les Nations unies de deux pactes mondiaux : l’un, pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et l’autre concernant les réfugiés ».
 
Finalement, nous sommes tous des réfugiés – battons notre coulpe et changeons l’Europe !
 

Clémentine Jallais