DRAME SOCIAL / POLICIER Manos Sucias ♥


Manos Sucias, soit les Mains sales, est un film colombien, tenant avant tout du drame social. Il comprend certes une dimension policière, centrée sur les péripéties sanglantes d’un trajet périlleux effectué le long de la côte pacifique par des convoyeurs de drogue, faux-pêcheurs en cette occasion. Mais il prétend surtout témoigner d’un certain état de la Colombie, et en particulier du destin de la minorité ethnique noire, très présente sur cette côte nord-ouest du pays, autour du port de Buenaventura, et jusqu’à la frontière du Panama. Il intéresse à ce titre. Certes, le propos manque parfois de finesse. La dénonciation du « racisme » est des plus convenue dans le cinéma international actuel ; on ne doutera pas toutefois que les autres communautés de Colombie n’aient pas beaucoup de considération pour les Noirs.
 

Manos Sucias, un documentaire plutôt juste

 
Cette province côtière, pays de mangroves, est resté en large partie en marge de l’amélioration récente mais nette de la situation sécuritaire et économique de la Colombie. Des pans entiers du territoire colombien, en particulier dans cette région déshéritée, tels la ville de Buenaventura, sont encore contrôlés par des cartels de la drogue, de nouveaux cartels issus des paramilitaires anticommunistes démobilisés dans les campagnes alentour, et la guérilla des FARC près de la frontière panaméenne. Cette dernière, qui se conduit encore en quasi-Etat en assurant une forme de police, chose montrée, est tout aussi liée à la narco-économie – ce qui n’est pas explicitement exposé.
 
Manos Sucias possède le mérite de rappeler que même si l’on est animé de motivations avouables, telles soutenir financièrement sa famille, l’on ne saurait garder les mains propres en rentrant dans l’économie maffieuse de la drogue. Ainsi, le jeune homme un peu naïf finit par noyer de ses mains un petit voleur, les circonstances et la logique monstrueuse des organisations criminelles l’y contraignant absolument.
 
Si cet aspect documentaire, plutôt juste, intéresse, la narration convainc moins par ses longueurs. En outre, chose certes vraie mais néanmoins pénible, les criminels ne se distinguent pas par la beauté de leur langue ou la chasteté de leurs expressions.
 

Hector Jovien