Hervé Mariton au SPACE à Rennes : « Il faut libérer les agriculteurs français ». Entretien

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Ce mardi 13 septembre a ouvert à Rennes la 30e édition du SPACE, le Salon des productions animales – Carrefour européen, qui fait partie des rendez-vous obligés de l’agriculture et de l’agroalimentaire en France. Plus de 100.000 visiteurs sont attendus d’ici à la fermeture le 16 septembre, dont des délégations étrangères – Iran, Russie, Népal, Iran, Sénégal…  – et des hommes politiques. Après Jean-François Copé ce mardi matin, c’était Hervé Mariton (LR), autre candidat aux primaires de droite, que nous avons croisé dans les allées, en train de discuter à bâtons rompus avec Frank Guéhennec, président de la FDSEA 56 et des jeunes agriculteurs. Entretien.
 
Réinformation TV : M. Mariton, vous voici donc candidat aux primaires de la droite ?
 
Hervé Mariton : En effet. J’ai eu vingt parrainages de parlementaires – parmi lesquels le pilier de la droite en Basse-Bretagne, Marc le Fur, un peu plus de trois cents élus locaux, et 2.800 militants. Je crois que beaucoup ont apprécié le fait que je suis le seul candidat de la ruralité, de la sincérité, de la cohérence.
 

Libérer les agriculteurs des charges qui les écrasent

 
Quels sont les grands axes de votre projet ?
 
— La liberté et les valeurs. Libérer l’action, se libérer des contraintes normatives aberrantes, des charges, qui pèsent sur les agriculteurs justement. On est dans une compétition mondiale, et les agriculteurs l’assument. Mais il faut leur donner des armes pour se battre. Il faut libérer l’action des agriculteurs français. Il faut des valeurs, des ancrages.
 
Notamment sur la famille ?
 
— Exactement. Et je confirme que je suis pour l’abrogation de la loi Taubira. Quand une loi est mauvaise, elle ne devient pas bonne au bout de trois ans.
 
Que pensez-vous du choix du mouvement Sens Commun, censé représenter la Manif pour Tous au sein de l’UMP, et qui contre toute attente a choisi… Fillon, pourtant assez éloigné des valeurs défendues par les catholiques ?
 
— C’est assez déroutant en effet, mais cela a été un coup d’accélérateur pour ma campagne, car beaucoup d’élus locaux Sens Commun, notamment en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, et de militants se sont dit : « On ne comprend pas tout, donc on va parrainer Mariton. »
 

Hervé Mariton se présente comme plus proche de Sens Commun que Fillon

 
De son côté, Sens Commun répond qu’il a voulu soutenir un candidat sérieux, capable de l’emporter…
 
— Je ne suis pas sûr de gagner les primaires, mais Fillon ne l’est pas beaucoup plus. Quitte à soutenir un candidat qui ne sera pas élu, autant soutenir celui qui a le programme le plus dense et le plus idéologiquement cohérent.
 
Quel est votre point de vue sur l’agriculture française ?
 
— Elle est en crise, mais il ne faut pas s’enfoncer dans un modèle unique, ou céder aux sirènes de l’extrême-droite et envoyer bouler nos partenaires européens. Si on refuse l’Europe, on s’enfonce. Il faut avoir le courage de négocier, de faire valoir nos points de vue dans les instances européennes.
 
Le modèle actuel, productiviste, aurait-il vécu ? Ne serait-il pas temps de faire du bio le nouveau modèle dominant ? 
 
— C’est une voie, mais pas la seule. Le bio ne répond pas à toutes les attentes, en termes de pouvoir d’achat, de production, à l’exportation…
 

Au Salon SPACE de Rennes, Mariton parle des agriculteurs français dans son entretien avec RITV

 
Donc pour vous le modèle productiviste agro-industriel a de l’avenir ?
 
— Comme le bio. Il y a une place pour tout. Cependant, pour moi, l’agriculture doit davantage communiquer sur sa modernité. Et ses responsables, syndicaux notamment, ne doivent pas hésiter à répondre quand on dénigre leur métier.
 
Pensez-vous qu’on va actuellement vers une baisse des charges qui pèsent sur les agriculteurs ?
 
— Au contraire ! Ce qui est dans les tuyaux, c’est une augmentation de la fiscalité du gasoil de 20 centimes par litre d’ici à 2020, et 30 centimes d’ici à 2030. C’est l’ensemble du monde rural – et pas seulement les paysans – qui paiera ainsi pour financer les politiques environnementales, à fonds perdus.
 

Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe