Règles prudentielles proposées par Mark Carney : sauver les banques ou ruiner le Nord ?

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Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, veut en finir avec les sauvetages publics des banques en leur imposant des règles prudentielles draconiennes : détenir le double du capital qu’elles possèdent actuellement pour garantir leurs investissements, et détenir une part supplémentaire de « capital contingent » pour éponger d’éventuelles pertes : par ce biais, les créditeurs ne pourraient pas prétendre au remboursement de leur dû mais se verraient attribuer des parts de la banque. Avantage : plus de sauvetage par fonds publics. Inconvénient : les banques du Sud échappant à l’obligation, cela revient à ruiner le Nord.
 
C’est en sa qualité de président du Conseil de stabilité financière, groupement créé lors de la réunion du G20 à Londres en 2009, que Mark Carney, a proposé ces règles prudentielles qui s’appliqueraient dès 2019 aux plus grosses banques : la trentaine d’établissements dont la faillite feraient s’écrouler le système financier international et que l’on déclare donc « too big to fail » : « trop gros pour faire faillite ». Les banques des pays émergents seraient dispensées de respecter les nouvelles règles, au moins dans un premier temps.
 

Mark Carney veut sauver les banques sans secours d’argent public

 
Le CSF est basé à la Banque des règlements internationaux sise à Bâle. La BRI, fournisseur de services financiers internationaux pour les banques centrales du monde entier, société anonyme créée en 1930, surnommée aussi « la banque centrale des banques centrales », fonctionne comme une organisation internationale et supranationale, dont les hauts cadres bénéficient d’une forme d’immunité diplomatique. Le cœur du cœur du pouvoir financier ?
 
Sont visées des banques comme Deutsche Bank ou BNP Paribas qui utilisent une part importante d’argent emprunté pour faire leurs affaires et qui présentent donc un risque accru de sauvetage.
 
Alors même qu’un mouvement est en place qui incite au regroupement bancaire, les méga-banques appelées encore « banques systémiques » seraient ainsi soumises à des règles plus strictes – sur lesquelles elles sont invitées à s’exprimer d’ici à février prochain – que les banques moins importantes, pour les obliger soit à émettre de nouvelles actions pour recapitaliser, soit à emprunter à des investisseurs moyennant intérêts mais qui perdraient leur capital en cas de problème, soit à choisir des investissements moins risqués. En tout état de cause, la mise en œuvre des principes pèserait sur leurs profits.
 

Des règles prudentielles qui peuvent ruiner le Nord

 
Des règles qui ne seraient d’ailleurs pas les mêmes pour tout le monde puisque sous couvert de ces nouveaux « principes » une certaine individualisation serait possible ; ces banques seraient en outre contraintes de publier des informations sur leurs sources de capital.
 
L’inconvénient du système, de l’avis même du FSB, serait de diminuer au moins temporairement la capacité de consentir des prêts, avec à la clef une tension sur l’entreprise et la croissance économique, en échange, d’une part, d’une plus grande stabilité et d’un moins grand risque de dévastation économique en cas de problème, et d’autre part, d’un coup d’arrêt aux subventions publiques qui favorisent les banques systémiques par le biais des sauvetages.
 
Rien ne peut empêcher absolument une banque de faire faillite ; le simple fait de reconnaître qu’une banque est « systémique », note Tim Worstall de forbes.com, oblige bien en ce cas à éviter qu’elle ne s’écroule – c’est la limite du système. La deuxième, c’est que les principes proposés concernent la solvabilité des banques, et non leur capacité à rembourser effectivement leurs créanciers par le biais des liquidités. Encore un domaine où, sans doute, les banques centrales vont peser de plus en plus lourd.
 
La troisième, c’est que ces règles prudentielles forment un carcan pour les seules banques du Nord, les pays émergents s’en trouvant dispensés, et que c’est donc un avantage énorme donné à ceux-ci dans une concurrence internationale faussée dont l’objectif devient limpide : ruiner le nord.