Mathilde Edey Gamassou : une jeune fille métisse incarnera Jeanne d’Arc aux prochaines Fêtes johanniques

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Elle est métisse : de père franco-béninois et de mère polonaise, mais surtout, française. Catholique et française ! Mathilde Edey Gamassou est d’une famille « assimilée » à 100 % : c’est par la volonté de son père et de sa mère qu’elle a reçu le baptême, ce sont ses parents qui ont veillé sur son éducation catholique, et à 16 ans, elle rend déjà une partie de ce qu’elle a reçu aux plus jeunes, à travers son engagement chez les scouts d’Europe notamment. Va-t-elle à la messe tous les dimanches ? Bien sûr : « Oui, c’est très important ! » Choisie par le comité d’organisation des Fêtes johanniques pour incarner Jeanne d’Arc à Orléans le 8 mai prochain, elle a déclenché bien malgré elle une sotte polémique sur les réseaux sociaux, les messages dénonçant le choix de la « métisse » pour jouer le rôle de la (blanche) Jeanne d’Arc. Et même celui de la « mulâtresse » comme on a pu le lire dans les colonnes d’un quotidien du soir, vendredi dernier.
 
Réflexe identitaire, racisme de peau, réaction épidermique après des années de pressions du « soi-disant anti-racisme » et de sa sœur jumelle, la discrimination positive : on a trouvé à ces réactions blessantes et irréfléchies des tas de raisons. Le plus souvent, c’était en accusant la motivation raciste des quolibets. Parfois, sur le ton de l’excuse, on a évoqué l’exaspération devant « le grand remplacement ».
 

Mathilde Edey Gamassou, catholique d’abord !

 
C’est toujours passer à côté de l’essentiel : le drame auquel fait face la France – et avec elle, l’Europe – aujourd’hui est celui de l’arrivée massive d’étrangers qui rejettent sa foi et son histoire, en même temps qu’un nombre toujours croissant d’autochtones oublie, ignore ou récuse les vérités qui à la fois la fondent et la dépassent. Des vérités qu’en tant que fille aînée de l’Eglise elle est aussi chargée de porter à tous, à l’intérieur de ses frontières comme aux confins de la terre.
 
Vérités religieuses, grandeur de la civilisation : on ne le dira jamais assez, l’un des buts réels du soi-disant antiracisme est non pas de poursuivre les discriminations injustes mais d’interdire toute hiérarchisation des cultures. La jeune Mathilde Edey Gamassou, souriante et sérieuse à la fois, travailleuse mais généreuse de son temps, passionnée par la mission céleste de Jeanne et par son histoire, a une identité catholique qui marque l’âme plutôt que la peau ou les traits, et elle y est courageusement fidèle comme en atteste son choix pour rappeler l’épopée de Jeanne d’Arc en ce qu’elle a de toujours actuel et de surnaturel. Courageusement parce que pour les jeunes d’aujourd’hui, affirmer sa foi n’est pas chose facile.
 
Marine Le Pen l’a compris, elle qui a tweeté : « Ce n’est pas un « biopic » de Jeanne d’Arc, ce n’est pas un film (sur) Jeanne d’Arc, ce sont des valeurs d’engagement, ce sont des valeurs de foi.  Et cette jeune fille, en l’occurrence, répond à tous les critères et ceci n’a évidemment strictement rien à voir avec la couleur de la peau. »
 

Incarner Jeanne d’Arc aux Fêtes johanniques, c’est rendre présente l’histoire surnaturelle de la France

 
Breiz Atao croit savoir que la jeune fille a été « sélectionnée par une conseillère municipale macroniste, elle-même d’origine béninoise, afin de promouvoir la société multiraciale » – une nommée Béatrice Odunlami, représentante de la mairie d’Orléans pour les Fêtes johanniques. Cela paraît absurde, puisqu’il ne suffit pas d’une voix pour devenir Jeanne (pardon pour le jeu de mots). Mais quelle qu’ait été la raison du choix, cette raison disparaît devant une réalité qui la dépasse. Une réalité en forme de réponse cinglante face aux errances du jour. Ce n’est pas le multiculturalisme qui a gagné : c’est la fraternité vraie, celle qui s’enracine en Dieu et qui porte la marque du baptême. Ce n’est pas non plus l’idéologie antiraciste : au contraire, voilà une jeune fille qui porte haut la bannière de sa foi : une lycéenne choisie parce que tout ce qu’elle fait dans la vie de tous les jours montre qu’elle veut en vivre. « Modèle de ce que peut être une jeune fille française », écrit Bernard Antony – une jeune fille enracinée dans un passé qu’elle assume, qu’elle aime et qu’elle veut transmettre.
 
« De même que jadis à Rome, les Romains de toutes origines ethniques ou raciales se voulaient les descendants civilisationnels de Romulus et Remus, de même, tous les Français de toutes origines, comme le mulâtre antillais Alexandre Dumas ou le Bachaga Boualem ou notre ami guadeloupéen le grand penseur et patriote Jules Monnerot, sont les descendants de nos ancêtres à tous, historiques sinon ethniques : les Gaulois. Que la jeune fille catholique et française, Mathilde Edey Gamassou ait aussi des origines béninoises et polonaises, on ne voit pas en quoi elle en serait moins digne d’incarner le rôle de notre sainte et héroïne nationale, Jeanne d’Arc, dont elle descend spirituellement et patriotiquement », commente encore Bernard Antony.
 

La métisse qui hérisse les identitaires

 
Mais en vérité, cette affaire est un révélateur. Elle hérisse les « identitaires » les plus radicaux, ceux qui pensent la religion liée à un terroir, ceux qui vantent le monde multipolaire où chacun est à sa place : musulmans, bouddhistes, animistes, chrétiens adorant leur dieux chacun à leur manière et selon leur prédestination géographique, puisant leurs croyances dans « l’histoire longue » et les cultes immémoriaux. C’est un relativisme, forcément, où il n’y a pas de foi vraie mais une sagesse occulte, une gnose où l’ethnie définit l’appartenance, où la fidélité à la race tient lieu de morale.
 
Mathilde Edey Gamassou n’entre pas dans leurs catégories. Pas plus qu’elle n’entre dans celles des « antiracistes ». Son choix dit quelque chose de la « seule internationale qui tienne » – comme le disait Maurras – cette Eglise catholique qui propose à notre vénération un Martin de Porrès et une Kateri Tekakwitha, une Joséphine Bakhita ou une Brigitte de Suède, les martyrs du Japon ou l’immense Thérèse d’Avila – espagnole d’origine juive.
 

Jeanne d’Arc et les vérités immuables

 
Notre religion catholique n’a pas peur de cela. Nos Vierges ont les cheveux dorés ou bruns, elles ont la peau blanche, matte ou noire, leurs traits changent au gré des siècles et des goûts. Voyez les crèches et les Vierges à l’Enfant : Marie, la sainte Mère de Dieu, est représentée comme japonaise au Japon, noire en Afrique, italienne à Naples, blonde chez les Flamands… Donnée pour Mère à tous les hommes, elle se présente d’elle-même à eux sous des apparences extérieures qui leur rend facile de croire en son amour maternel. Toujours toute belle… Métisse aussi, parfois, comme la « Morénita » de Mexico où par sa miraculeuse image de Guadalupe, Maris s’est révélée mère aussi bien des colonisateurs espagnols que des colonisés indiens.
 
Nous pouvons nous lamenter sur « la grande pitié du royaume de France » – ou de ce qu’il en reste, après plus de deux siècles d’apostasie publique. Mais cela ne sert à rien tant que la nature spirituelle du combat actuel n’est pas reconnu et pris en compte. Si seulement Jeanne d’Arc pouvait faire rêver, galvaniser les jeunes de France au service de la volonté divine – quelle que soit leur couleur de peau !
 

Jeanne Smits