Montebourg drague Bedos à gauche : le bouffon roi de la démocratie

Montebourg drague Bedos Bouffon Roi Démocratie
 
Guy Bedos, l’humoriste de gauche qui se fit un nom avec la drague, sera bien le président du comité de soutien d’Arnaud Montebourg. Après avoir hésité : dans notre démocratie, le bouffon a un statut supérieur au militant et même à l’élu, c’est lui le véritable roi, le prescripteur d’opinion.
 
Mon Dieu que de chichis, quelle chochotte ! D’abord Montebourg produit tout fiérot son organigramme de campagne, avec tout en haut Guy Bedos, indéboulonnable bouffon de la gauche, qui sévissait déjà quand Mitterrand copinait avec Mendès-France. Dans l’heure qui suit, démenti de Bedos, puis rementi, il accepte « pour la forme », il soutient, il vote Montebourg, parce qu’il l’aime bien et l’admire, mais ne veut pas de fonction politique, il est un artiste. « Un grand artiste » ajoute Montebourg. Ah, les cabots. On aura bien parlé d’eux, et en ce morne début d’année, c’était l’effet recherché.
 

Bedos le bouffon roi connaît la loi de la gauche et de la démocratie

 
De Bedos, il n’y a pas grand chose à dire. La dernière fois qu’il m’a fait rire, c’était dans La drague avec Sophie Daumier, les années soixante, tout ça. Depuis, j’ai pris de la distance. Je n’aime pas les pieds noirs traîtres ni les crétins sentencieux. Et puis il y a cette lèvre supérieure, qui révèle ensemble sa suffisance et son insuffisance, et qu’il a passée à son fils, encore pire, celui-là. Enfin, ce n’est pas le sujet.
 
Le sujet, c’est la farce qu’ils nous ont jouée. Quelque chose comme l’amuseur abusé. C’est un pur mensonge. Bedos avait bien donné son accord. L’équipe Montebourg l’affirme. Mais il a ses élégances. Faire de la politique, ça va, paraître en faire, jamais ! Regardez Bigard ! Cet horrible garçon avait soutenu Sarkozy, pire, il était allé rendre visite à Benoît XVI en sa compagnie. On n’a pas idée ! Il a dû s’excuser vite fait, demander pardon pour ce moment d’égarement. Promettre de ne jamais recommencer. Il a galéré longtemps. Encore maintenant, il doit montrer ses mains, qu’il a les ongles propres.
 

Le sacro-saint statut de l’artiste engagé – à gauche bien sûr

 
Bedos, lui, n’est pas si bête. Bon, quand même, la gauche, c’est moins salissant. On a bien fait sentir à Serge Lama que chanter Jeanne d’Arc n’est pas opportun, mais on n’en a jamais voulu à Jean Ferrat de louer l’Union soviétique ni à Aragon de célébrer le Guépéou. N’empêche, un vieux briscard comme Bedos connaît la règle d’or : un humoriste, ça ne s’engage pas officiellement dans un parti. C’est engagé, mais ça ne s’engage pas. Justement pour pouvoir être efficacement engagé. Le compagnon de route n’est pas secrétaire de cellule, c’est ce qui fait sa force : son indépendance. Dans notre démocratie, le bouffon a un statut particulier, il est le vrai roi. Ce serait déchoir et perdre sa puissance que s’enliser dans le catch à quatre politique. Les vrais prescripteurs d’opinion, on les connaît, ce ne sont pas les élus, ce ne sont même pas vraiment les politologues ni les sondeurs, ce sont les sportifs, les chanteuses, les stars. Ecouterait-on l’opinion de Noah ou Sophie Marceau s’ils étaient députés ? Et Jean-Michel Apathie s’il portait en sautoir sa carte du PS ?
 

Montebourg drague la gauche ringarde : mauvaise pioche !

 
C’est pourquoi Guy Bedos a parfaitement joué le coup en se faisant un maximum de publicité et en restant chez lui ensuite. Sage. Honnête. Connaissant ses limites. Refusant de se compromettre. Incarnant les attentes et les espoirs du peuple de gauche. Libre. Un humoriste peut traiter par exemple Marine Le Pen de « conne ». Un président de comité de soutien, un homme politique, pas plus qu’un journaliste, ne saurait le faire, il serait condamné par la justice : pas le bouffon Bedos, dont les juges estiment qu’il « reste dans les limites » du genre. L’amuseur abusif. L’amuseur pas amusant mais dominateur est le roi des prétoires et des plateaux. Descendre dans l’arène politique et prendre des coups ? Vous n’y songez pas !
 
Décidément, Bedos aura été minable jusqu’au bout. Pauvre Montebourg. Il drague la gauche ringarde et fait une bien mauvaise affaire. Déjà que la primaire n’est pas un exercice exaltant, mais s’infliger un pareil boulet ! Ça me rappelle le pauvre Chaban-Delmas, en 1974, quand il avait amené André Malraux pour l’épauler à la télévision : les rictus et les tics du vieux drogué avait fait fuir bien vite l’électeur bourgeois chez Giscard. Valls doit se frotter les mains. Mais il est vrai qu’il est lui-même, à lui tout seul, un champ d’épouvantails.
 

Pauline Mille

 
Montebourg drague Bedos Bouffon Roi Démocratie