La mort de B.B. King et le politiquement correct

La mort de B.B. King politiquement correct

 
Connu comme le « roi du blues », le guitariste B.B. King est mort jeudi à Las Vegas à l’âge de 89 ans. Il était une référence – peut-être même la référence – pour tous ceux qui voient dans le blues plus qu’une musique : un style de vie…
 
Même pour ceux qui n’en sont pas adeptes, B.B. King avait une voix, et un toucher, qui le faisaient facilement reconnaître. On pourrait citer certaines de ses chansons les plus connues, mais il y en a tant, que cela reviendrait à constituer un véritable catalogue. D’autant qu’il avait, à son actif, quelque cinquante albums, et que, durant des années, il a enchaîné jusqu’à trois cents concerts par an !
 
Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages se sont multipliés. Barack Obama a estimé que le blues avait « perdu son roi et l’Amérique une légende ». Mais c’est surtout une longue cohorte de musiciens qu’il a influencé qui se sont exprimés : Stevie Ray Vaughan, U2, les Rolling Stones… ou Eric Clapton, qui vient de déclarer : « Il a été un phare pour tous ceux d’entre nous qui aimaient ce genre de musique et je l’en remercie du fond du cœur. »
 

La mort de B.B. King

 
Que dire d’autres de Riley Ben King, sinon que né le 16 septembre 1925 à Itta Bena, près d’Indianola, dans le Mississipi, son enfant fut celle de milliers d’enfants noirs, travailleurs agricoles dans les grandes plantations de coton sud. Sa chance fut d’être remarqué par le guitariste aveugle Bukka White, qui se trouvait être son cousin, qui lui mettra le pied à l’étrier. Le reste, c’est soixante-dix ans d’histoire de la musique…
 
Le hasard d’un déplacement en voiture, et d’un butinage radiophonique, m’a permis d’entendre l’entretien accordé par l’un de ses biographes. Interrogé sur le nom du guitariste disparu, celui-ci explique que « King » est son nom, et que les initiales « B.B. », pour « Blues Boy » depuis des décennies, signifiaient au départ « Black Boy ».
Hésitation du personnage qui nous explique que c’était en fait une appellation « raciste » – on se demande pourquoi B.B. King l’avait conservée… – puisqu’il elle signifiait que c’était un garçon et qu’il n’était pas blanc.
 

De B.B. King au black boy king Charles II…

 
C’est bien là que l’on perçoit le ridicule du diktat de la pensée unique. Il n’y a rien de raciste à dire de quelqu’un qu’il est « noir », s’il l’est effectivement. Mais lorsqu’on dit qu’il n’est « pas blanc » parce qu’on n’ose pas dire qu’il est « noir », c’est là qu’on atteint le vrai racisme.
 
C’est d’autant plus ridicule que le roi d’Angleterre Charles II Stuart, fils de Charles Ier, et petit-fils de notre Henri IV, était surnommé « black boy » par sa mère parce qu’il avait la peau très mate.
 
Il est vrai qu’à l’époque internet ou la radio n’étaient pas là pour véhiculer, à la vitesse de la lumière, des indignations factices. Mais surtout personne n’aurait songé à s’indigner de pareille chose, à commencer par Charles II lui-même…
 

François le Luc