Mort d’un Chinois à Paris : la France victime de la politique de la canonnière

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Avec des bougies, les manifestants ont écrit « violence » devant le commissariat du 19ème arrondissement de Paris, lundi soir.

 
Après la mort en août 2016 à Aubervilliers d’un Chinois victime de trois voyous, la communauté chinoise a menacé de se faire justice. Dimanche, la mort d’un père de famille chinois, à Paris cette fois, a provoqué une protestation comminatoire de Pékin : va-t-on vers la politique de la canonnière ?
 
A Paris et sur tout le territoire de la république, les Chinois sont considérés comme une communauté discrète dans l’ensemble, qui « règle ses problèmes toute seule », selon le mot d’un de ses membres. Mais depuis l’été dernier, cette discrétion s’en va. La mort d’un homme tranquille, tué pour une sacoche vide par trois jeunes canailles, a révélé un phénomène : les Chinois sont souvent agressés parce que les voyous du 9-3 les tiennent pour riches. 105 plaintes pour vol de Chinois ont ainsi été enregistrées rien qu’à Aubervilliers en 9 mois. Selon la police, il s’agissait de « crimes crapuleux » dont les victimes étaient ciblées selon un préjugé « raciste ».
 

Pour les Chinois Paris devient la capitale de l’insécurité

 
Reconnaître le problème n’équivaut pas à le régler, à cause d’un blocage politique. Les trois suspects de « coups et blessures ayant entraîné la mort » du Chinois d’Aubervilliers furent bientôt arrêtés, ils passèrent aux aveux, et c’est tout. On ne sut rien de leur identité ni de leur origine. La presse mentionna seulement qu’ils avaient de 15 à dix-neuf ans et qu’ils logeaient dans une cité de la Seine Saint-Denis. J’ai cherché en vain la trace du procès qui leur serait intenté. Cibler les racistes anti-chinois embarrasserait le politiquement correct.
 
C’est pourquoi le racisme anti-chinois de la racaille du 9-3 n’a fait nulle vague dans le paysage politique français, les bobos sont restés sagement endormis. Mais il n’en a pas été de même en Chine. Tous les grands médias ont parlé de l’affaire. D’autant que cette mort faisait suite à de nombreuses agressions de touristes chinois depuis 2013 en banlieue parisienne et précédait l’attaque d’un bus de touristes chinois devant leur hôtel à Morangis en octobre. Vu de Chine, Paris n’était plus seulement la capitale du vice, mais aussi celle de l’insécurité.
 

Mort à cause de la politique de la France ?

 
C’est dans ce contexte qu’il faut examiner la mort d’un père de famille quinquagénaire chinois dans le dix-neuvième arrondissement de Paris. Que s’est-il passé exactement ? Il faudra attendre le résultat de l’enquête pour le savoir. La police semble avoir été appelée sur les lieux par un résident parce que ledit père de famille faisait un esclandre chez lui. Elle assure qu’il était connu pour alcoolique et instable, voire « dangereux » et qu’il a été interné en 2012. A partir de là, les policiers affirment avoir dû enfoncer la porte, il se serait jeté sur l’un d’eux dans l’obscurité avec une paire de ciseaux, le blessant légèrement malgré son gilet pare-balles, et l’autre aurait tiré un coup de feu, un seul, tuant net la victime. L’une des quatre filles du père de famille nie le fait, il écaillait son poisson avec ses ciseaux, les policiers sont entrés et ont tiré tout de suite sans qu’il y ait combat. L’Inspection générale des polices enquête.
 

La politique de sécurité de Hollande, c’est du chinois

 
Quoi qu’il en soit, quels que soient les faits, qu’il y ait bavure ou non, l’important n’est pas là. Ce qui apparaît clair comme le jour, c’est que la communauté des Chinois de France n’a plus aucune confiance dans le pouvoir politique ni sa police. Deux manifestations violentes ont été organisées dans le dix-neuvième, relayées par l’extrême gauche et les casseurs, donnant lieu à trente-cinq arrestations.
 
On peut comprendre la colère de la communauté devant le laxisme des autorités françaises. Mais cette défiance des Chinois de France amène le gouvernement chinois à prendre les choses en main et à s’ingérer dans la politique intérieure française. La protestation officielle de Pékin est à cet égard à la fois éclairante et inquiétante.
 

Une canonnière pour mettre fin aux 55 jours de Pékin à Paris ?

 
Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères ne s’est pas contenté en effet de demander au gouvernement français d’assurer « la sécurité et les droits » de ses ressortissants, il exige que Paris « fasse toute la lumière sur cette affaire ». Il exige. Il exige qu’on lui communique toutes les informations sur ce qui est strictement du ressort de la police et de la justice françaises. Au nom de quoi ? En vertu de quel droit ?
 
Et si la France refuse de se soumettre à cette exigence, ou si elle y échoue, que fera le gouvernement chinois ? Enverra-t-il une canonnière à Paris croiser entre les bateaux mouches pour assurer la sécurité de ses ressortissants ? Quand les puissances, dont la France, ont dépecé voilà cent cinquante ans l’Empire du milieu, elles ont excipé de l’insécurité réelle où l’impuissance de l’impératrice plongeait leurs ressortissant. Avec un tranquille cynisme revanchard, Pékin fait aujourd’hui de même. La nullité d’un Hollande nous expose à ces humiliations inquiétantes. La jactance socialiste oublie que seule la puissance garantit l’indépendance. La France d’aujourd’hui est à la merci de la moindre canonnière, venue de Chine, de Turquie ou d’ailleurs.
 

Pauline Mille