FILM EXPERIMENTAL
Mother ! ♠

 
Mother ! relève de la catégorie spéciale du film expérimental, du fait surtout de sa narration de plus en plus extravagante. Sinon, il mêle tous les genres, le drame, le fantastique, et même pour certaines scènes le drame social et la guerre. Ce mélange est aussi en soi une expérience, et peu convaincante. Le film débute comme une chronique de couple, celle d’un écrivain et sa compagne, volontairement isolés dans une belle et grande maison à la campagne. Monsieur écrit, enfin en principe, car il souffre d’une panne d’inspiration, et madame achève de repeindre certaines pièces. Ce quotidien est de plus en plus perturbé rapidement par des visiteurs intempestifs. Un voyageur égaré demande l’hospitalité pour la nuit. Puis sa femme le rejoint. Il est un admirateur de l’écrivain, qui en est flatté. Débarquent les enfants du couple, qui se battent à mort pour l’héritage, le père étant mourant. On sent ici une inspiration de Caïn et Abel. Puis suivent une veillée funèbre, une invasion de journalistes, de criminels armés, une foule apeurée ou agressive selon ses humeurs, des militaires qui tirent en tous sens. Pendant ce temps, madame tombe enceinte. Elle accouche. Le père offre l’enfant à la foule, qui le dévore, au sens propre…Et ce n’est pas fini, même si le sommet de l’extravagance douteuse a été atteint…
 

Mother !, un gnosticisme à la limite du blasphématoire

 
On peut certes soutenir que Mother ! relève tout simplement du fatras indigeste, et dénué de tout sens. En fait, nous pensons avoir compris le film, qui possède probablement un arrière-fond ésotérique complexe. Le réalisateur, celui déjà d’un singulier Noé gnostique, n’a pas fait exactement n’importe quoi quand même. L’écrivain serait une figure divine, compris dans un sens gnostique de divinité vaniteuse, qui crée pour être adorée, de façon assez ridicule. Il sacrifie son fils aux hommes, qui le massacrent…Nous craignons d’y voir là une moquerie blasphématoire du dogme chrétien de l’Incarnation du Fils, et sans Résurrection ici. Le repas anthropophage ressemble aussi à une parodie de communion…Le démiurge crée la Vie – nom de la Mère ou Mother ! du titre – puis la féconde. Ceci se veut profond, ce qui est pour le moins discutable. Le tout obéit à une conception cyclique du temps, à opposer au temps biblique linéaire. Le démiurge créerait une série d’univers les uns après les autres, qui seraient invariablement ratés. Quel maladroit glisserait implicitement le réalisateur…
 
Si nous avons effectivement compris le message caché, ou une large partie d’icelui, ce spectacle de toute façon étrange, bizarre et pour le moins peu passionnant, serait donc d’autant plus à fuir par son gnosticisme à la limite du blasphématoire.
 

Hector JOVIEN

 
Mother Expérimental Film