DOCUMENTAIRE
Napalm ♠

 
Napalm est un film documentaire en deux parties, proposé par le célèbre réalisateur Claude Lanzmann. Claude Lanzmann est une personnalité engagée, depuis des décennies, en faveur de la mémoire de la Shoah et de l’Etat d’Israël – dans toutes ses dimensions, y compris ses guerres. De façon générale, il se situe dans le camp « progressiste », avec une phase nettement communiste dans les années 1940. Aujourd’hui nonagénaire, et en forme pour son âge, Claude Lanzmann a tenu à effectuer en 2015 un troisième et dernier voyage en Corée du Nord, dernier pays stalinien de la planète.
 
Le film-documentaire qu’il tire de ce voyage comprend en fait deux parties très différentes. Une première partie montre le voyage en question, très encadré, avec un réalisateur toujours entouré de près par deux agents de la police, dont l’un particulièrement près puisqu’il soutient de son bras le pas chancelant du vieil homme. En soi, ces images, plutôt rares, sont relativement intéressantes. On voit Pyongyang, et ses musées militaires, évidemment très orientés.
 

Napalm, un mélange de vanité mal placée et de sottise

 
Une deuxième partie de Napalm est consacrée à l’évocation par Claude Lanzmann de souvenirs personnels de son premier voyage en Corée du Nord en 1958. Pourquoi pas ? Le problème est que les 9/10 de ce récit sont consacrés à ses exploits amoureux, pour ne pas dire sexuels, avec une beauté locale. Ils sont pourtant improbables dans le contexte stalinien, et de forte xénophobie de fait des Coréens, qu’il a certes bien perçue. Cette partie est inintéressante, et de mauvais goût. Le vieillard se définit comme un chevalier courtois (explicitement) ; pourtant le contexte de la chambre d’hôtel aidant, tout comme son champ lexical sensuel, le spectateur ne peut s’empêcher de songer bien plus à Dominique Strauss-Kahn qu’à Galaad…
 
En outre, l’ancien compagnon de route [du mouvement communiste] amoureux n’a manifestement toujours rien compris. C’était évidemment sur ordre que la charmante infirmière nord-coréenne, très belle, mais portant des traces de brûlure au napalm (cicatrices de bombardements américains, d’où le titre), a tenu s’offrir à lui, afin de lui transmettre une excellente image de son pays. La manœuvre a d’ailleurs réussi in fine. Entendre le vieillard se vanter de son charme irrésistible de l’époque, triomphant même d’une barrière linguistique absolue, est assez lamentable. Quel mélange de vanité mal placée et de sottise ! Et quel ennui pour le spectateur !
 

Hector JOVIEN

 
Napalm documentaire film