Au sommet des Nations unies, Theresa May dit non à l’immigration massive sans contrôle

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Officiant pour la première fois au sommet des Nations unies en tant que Premier ministre, Theresa May a réclamé lundi des mesures globales pour lutter contre « l’immigration incontrôlée », dans cette crise dite « des migrants » qui ne cesse de s’amplifier. Les motifs des individus doivent être identifiés, les frontières maîtrisées, le flot enrayé… Du nouveau ? Peut-être, seulement, une nouvelle mouture façon Brexit.
 

Ce qu’a dit Theresa May aux Nations unies

 
« Nous devons être clairs sur le fait que tous les pays ont le droit de contrôler leurs frontières et de protéger leurs citoyens, tout autant qu’ils ont le devoir de gérer leurs frontières, afin de réduire en amont les flux d’une immigration clandestine et incontrôlée ».
 
Les niveaux actuels de « migration incontrôlée » ne sont dans l’intérêt ni des migrants, ni des pays concernés, durcissant bien au contraire le ressentiment populaire.
 
Elle rejette par avance tout appel des pays membres des Nations unies et des organisations caritatives à ouvrir les frontières pour permettre une immigration d’envergure… sans omettre de critiquer la politique internationale qui a clairement favorisé cette crise migratoire.
 

« Un changement d’approche »… ou donner le change aux pro-Brexit ?

 
Bien. Mais encore ? Que préconise, dans les faits, le nouveau Premier Ministre britannique ? Theresa May parle d’« un changement d’approche ».
 
Selon elle, les réfugiés doivent demander l’asile dans le premier pays « sûr » qu’ils traversent, sans avoir le droit de se rendre dans tout le continent européen pour choisir leur destination – une politique-échec déjà vue… Et il faut séparer les « vrais » réfugiés des migrants purement économiques – du rêve.
 
On a le sentiment que Theresa May donne le change sur ce thème particulièrement cher aux pro-Brexit qu’elle est censée, aujourd’hui, représenter. L’ancien ministre de l’Intérieur a toujours eu un discours relativement ferme sur le sujet, non pas de l’immigration en tant que telle à laquelle elle est favorable, mais de la folie migratoire de ces deux dernières années . En mai 2015, elle s’opposait à la politique des quotas de réfugiés prônée par l’Union ; c’est elle aussi, rappelle Le Monde, qui est à l’origine de la suppression du regroupement familial pour les étrangers les plus modestes.
 
Mais, à ce jour, dans les faits, rien de très tangible ne se profile à l’horizon… Malgré ce discours velléitaire à l’ONU, malgré la sécurité renforcée des frontières à Calais, on peut se demander si la position du gouvernement sur l’immigration se durcira vraiment, une fois le Brexit accompli.
 
Le 5 septembre dernier, Theresa May a rejeté un système de sélection des migrants réclamé par l’Ukip et des conservateurs. Fondé « sur des points », il s’inspirait de l’école australienne qui sélectionne les migrants en fonction de leur profession, qualifications et autres critères. Mais pour le Premier ministre, ce système, comme celui de l’Autriche qui est un tant soit peu le même, est « difficile à mettre en place », voire inefficace…
 

Se concentrer sur les « réfugiés qui ont désespérément besoin de protection »… ?

 
Il n’y a pas de « solution miracle » avait-elle dit – c’est un peu court ! Et la Grande-Bretagne continuera, bien sûr, à donner ses sous. Theresa May a promis que le pays allait « redoubler d’efforts », car les appels de l’ONU ont été « sous-financés » et les pays d’accueil ne reçoivent pas suffisamment de soutien. La Grande Bretagne a déjà versé 2,3 milliards £ pour la crise humanitaire en Syrie et presque 70 millions £ ont été consacrés à la crise migratoire méditerranéenne.
 
Le sommet de l’ONU pour les réfugiés et les migrants, à New-York, partage de plus belle les mots des pro-migrants qui ont disséminé, hier, des centaines de gilets de sauvetage sur la place du Parlement, à Londres, rappelant « la nécessité d’une solidarité avec les réfugiés, le respect de leurs droits et un plus grand partage de la responsabilité internationale »…
Objectifs des Nations Unies : augmenter de 30 % le financement des appels humanitaires pour monter à 13 milliards de dollars, y faire coopérer dix nouvelles nations, pousser les pays développés – comme le Royaume-Uni ! – à créer plus de possibilités pour les migrants économiques issus des pays pauvres, s’engager à partager la responsabilité de la crise des réfugiés de façon plus équitable entre les États membres et à lutter contre le racisme et la xénophobie…
 
Le « Sommet des leaders sur les réfugiés » que convoque aujourd’hui même Obama – et auquel participe également Theresa May – est du même métal.
 
Chaque mois, le nombre de personnes réfugiées, demandeuses d’asile ou simplement « déplacées », augmente – 65,3 millions de personnes à la fin de 2015. C’est une redistribution à l’échelle mondiale.
 
Le Brexit – et Theresa May – protègera-t-il vraiment les Anglais ?….
 

Clémentine Jallais