Nicolas Sarkozy et l’avenir de la France

Nicolas Sarkozy et l’avenir de la France
 
C’est très précisément de l’avenir de la France que parle Nicolas Sarkozy, dans l’entretien qu’il a accordé au Monde mercredi. De l’avenir de la France et du monde d’ailleurs, tant il est vrai qu’aujourd’hui, les deux sont liés.
 
Tandis que son successeur François Hollande revisite l’Afrique, Nicolas Sarkozy trace donc un tour d’horizon de la politique du moment, aussi bien sur le plan national que sur l’international. Mieux ! en répondant aux questions du Monde, il dessine les contours de son retour à l’Elysée.
 
On ne s’étonnera guère de voir le président des Républicains, au cours de cet exercice, évoquer l’insuffisance du gouvernement socialiste actuellement aux commandes du pays. Sur les attentats qui secouent la France, sur la Grèce, sur l’économie, sur l’immigration, etc. il juge, bilan contre bilan, du manque de moyens et du manque de volonté de l’équipe qui a pris sa suite. La gauche, pour résumer, est trop en retrait ; peut-être même dans le déni.
 

L’entretien de Nicolas Sarkozy

 
Dans tous ces domaines, Nicolas Sarkozy jugent qu’il faut aller de l’avant, mettre en place de nouvelles mesures, prendre de nouvelles décisions.
 
La chose n’a, en soi, rien de bien étonnant. Ce qui l’est davantage, c’est que, sur le fond, il n’y a guère de différences entre son discours et celui des autorités en place. Qu’on en juge…
 
Evoquant les attentats en France, le patron des Républicains lance : « La question n’est pas de savoir s’il y aura d’autres attentats en France mais quand. » On croirait écouter Manuel Valls.
 
Sur la déradicalisation et les djihadistes, français ou non, il préconise les mêmes mesures que Bernard Cazeneuve. Même chose en ce qui concerne les mosquées, l’amalgame, et toute la question de l’islam.
 
Et cette phrase : « Ce n’est pas une guerre de civilisations car Daech n’en est pas une mais une guerre à la civilisation », pourrait être recopiée dans le discours du premier ministre, même si Nicolas Sarkozy revendique l’antériorité chronologique de cette affirmation.
 

Une collection de faux-semblants

 
On pourrait reprendre tout au long l’entretien, de la zone euro à l’immigration illégale, des écoutes de la NSA aux interventions sur les théâtres extérieurs, pour ne trouver, en définitive, que des différences de moyens, d’engagement, d’appréciation, mais pas de réelles oppositions de fond.
 
Et c’est somme toute logique si l’on veut bien admettre que la politique française ne se décide plus à l’Elysée mais à Bruxelles et à l’ONU ; et, pour le dire plus nettement, que la politique française n’existe plus. Les gesticulations de François Hollande ou les querelles de partis ne sont, en définitive, que la part de folklore auquel nous sommes réduits.
 
On le voit bien lorsque Nicolas Sarkozy évoque la question de la primaire de droite à l’élection de 2017, idée à laquelle, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il a fini par se rallier.
 
Mais ce qui compte pour lui tient dans cette seule phrase : « Toute l’opposition doit se mobiliser et être concernée par l’ambition de se rassembler autour d’un seul candidat à la présidentielle. »
 
Bien évidemment, Nicolas Sarkozy entend être ce candidat. Il l’entend tellement qu’il a eu bien du mal à admettre l’idée de la primaire.
 

Quel avenir pour la France ?

 
Mais on peut aller plus loin dans le raisonnement. Il ne peut y avoir qu’un candidat de droite parce que, à la marge excepté, c’est-à-dire, encore une fois, au folklore près, il n’y a qu’un programme.
 
On pourrait même faire l’impasse sur l’élection présidentielle, en affirmant que, de Sarkozy, Juppé, Valls ou Hollande – ou qui que ce soit… – ce sera bonnet blanc et blanc bonnet, exception faite, sans doute, du calendrier et de la manière. Mais c’est à peu près tout !
 
Alors ? Alors, nous voterons quand même en 2017. Pas plus que pour les autres peuples, il ne faudrait que les Français s’aperçoivent que la démocratie, confisquée depuis longtemps, n’est plus qu’une farce.
 
On les laissera donc mettre gentiment leur bulletin dans l’urne, puis rentrer chez eux attendre tranquillement cinq années de plus (ou peut-être moins) que la France passe…
 

François le Luc