Nouveaux affrontements militaires et politiques en Ukraine

Nouveaux affrontements militaires politiques Ukraine
 
De nouveaux affrontements ont opposé, ces derniers jours, les forces gouvernementales aux séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, provoquant la mort d’au moins deux soldats ukrainiens et de plusieurs civils. Ces heurts ont, évidemment, des buts militaires qui ne cèlent pas les forts enjeux politiques dont Kiev et Moscou n’ont pas manqué de souligner les responsabilités adverses.
 
Selon Andriy Lissenko, porte-parole de l’armée ukrainienne, les combats de ces derniers jours ont fait deux morts et sept blessés parmi les militaires, et deux civils, un homme et une jeune femme, qui ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi par des tirs rebelles à Sartana, une localité située à vingt kilomètres de Marioupol, port stratégique sur la mer d’Azov aux mains des forces gouvernementales.
 
« L’ennemi n’a pas bombardé des positions ukrainiennes, mais une ville et des civils », a-t-il dénoncé. Avant de préciser : « L’ennemi a adopté la tactique consistant à frapper et à se retirer rapidement. La prochaine fois, il s’exposera à une riposte rapide. Ce qui s’est produit à Sartana est un défi pour nos forces. »
 
Mais à Sartana, on blâmait plutôt les forces ukrainiennes, en affirmant que les armes séparatistes se trouvaient trop loin pour atteindre la ville…
 

Nouveaux affrontements militaires et politiques en Ukraine

 
De leur côté, les séparatistes ont fait état de trois morts et de quatre blessés à Horlivka, ville tenue par les milices pro-russes au nord de leur fief de Donetsk, capitale du Donbass.
 
Moscou a aussitôt accusé les autorités ukrainiennes de préparer une nouvelle offensive majeure. « Nous sommes inquiets de l’évolution de ces derniers jours, qui évoque fortement la préparation de nouvelles initiatives militaires », a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse à Moscou, au cours de laquelle il a clairement accusé Kiev de ne pas respecter les accords de Minsk : « C’est comme en août de l’année dernière, quand les soldats ukrainiens ont reçu l’ordre d’attaquer. (…) On ne doit pas chercher à faire des expériences ni tenter sa chance. On doit juste appliquer ce qui a été convenu à Minsk. »
 
De son côté, le président ukrainien Petro Porochenko a accusé Vladimir Poutine de provocation calculée. « C’est un défi lancé au monde civilisé et la poursuite d’un plan visant à intensifier la situation que mènent les troupes russes et leurs mercenaires dans le Donbass », a-t-il déclaré.
 
Son homologue russe, qui se trouvait alors en Crimée – pour y promouvoir le tourisme, a expliqué le Kremlin – a rétorqué que le président ukrainien n’avait sans doute rien de mieux à faire que d’« humilier » son propre peuple en nommant des étrangers à des postes-clefs, comme celui de gouverneur de la région d’Odessa, qui a été attribué à l’ancien président géorgien Mikhaïl Saakashvili. « Cette pratique scandaleuse doit cesser », a lancé Vladimir Poutine.
 

L’assurance de Vladimir Poutine

 
Mais le patron du Kremlin n’en a pas moins estimé que, « en dépit des difficultés actuelles, la situation en Ukraine va s’améliorer et l’Ukraine se développer positivement ».
 
En l’état actuel des relations entre les deux pays, le propos pourrait facilement passer pour une menace à peine voilée…
 
De fait, la situation ne fait pas honneurs aux capacités de négociateurs de François Hollande – ni d’Angela Merkel, d’ailleurs. Le président français, qui nous avait bercés de sa satisfaction dans ce dossier, doit bien admettre que, en réalité, aucun progrès n’a été enregistré dans ce conflit.
 
A Berlin, on n’hésite d’ailleurs pas à déclarer la situation « explosive ». Le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a ainsi déclaré au Bild am Sonntag : « Les risques sont importants. Si les deux parties ne reviennent pas au processus de paix, une nouvelle escalade militaire peut se déclencher à tout moment. »
 
Une escalade militaire dont les Ukrainiens, de quelque bord ils soient, seront, une nouvelle fois, les premières victimes.
 

François le Luc