L’OCDE ne croit pas au numérique à l’école

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Parmi les ambitions, nombreuses et généralement inassouvies, de François Hollande, il y a celle du numérique à l’école. En ce domaine, le président de la République répète inlassablement – l’année dernière, en mai dernier, etc. – que la France doit devenir un des pays leaders en matière de « e-enseignement ». Le chef de l’Etat a même promis, en début d’année, un milliard d’euros sur trois ans pour y parvenir. « Cinq disciplines de collège seront ouvertes en priorité : le français, les mathématiques, les langues étrangères, l’histoire-géographie et, enfin, les sciences », précisait-il, en souhaitant que « tout soit prêt dès la rentrée 2016 ». Malheureusement, pour l’OCDE, tout cela n’est qu’un joli discours. Dans un rapport publié ce mardi, l’Organisation affirme ne pas croire au numérique à l’école, du moins comme facteur de (bons) résultats.
 
Intitulée Connectés pour apprendre ? Les élèves et les nouvelles technologies, cette enquête précise d’emblée que son appréciation ne porte pas sur le taux d’équipement en ordinateurs, puisque, dans les pays développés du moins, enfants et adolescents ont très largement accès à ces outils technologiques. « En 2012, 96 % des élèves de 15 ans des pays de l’OCDE indiquaient avoir un ordinateur à la maison », souligne le texte, qui précise par ailleurs que plus de 3 sur 4 ont un accès à l’école.
 

L’OCDE ne croit pas au numérique à l’école

 
François Hollande peut sans doute se satisfaire de la précision selon laquelle la France est bien placée dans ce classement matériel : 99 % des enfants y ont en effet un ordinateur à la maison et à l’école (16e sur 64 pays) ; et il y a un ordinateur en moyenne pour 2,9 enfants (26e) contre 4,7 enfants sur la moyenne des pays.
 
Du point de vue technologique et matériel donc, la France s’en tire plutôt bien.
 
Le hic ! apparaît, si l’on peut dire, lorsque le rapport en vient non plus à la disposition, mais à l’utilisation de ces outils technologiques. Parce que, expliquent les rapporteurs, ils ne sont en rien gage ou garantie de succès scolaire.
 

L’équation est simple : trop d’ordinateur = moins de compétence

 
Comment est-ce possible ? vont s’écrier nos sectateurs du progrès. Or, poursuit, impitoyable, le rapport, il y a pire encore. S’il considère en effet qu’une utilisation limitée de ces outils est préférable à son absence, elle montre en revanche que « les niveaux d’utilisation supérieurs à la moyenne actuelle des pays de l’OCDE sont associés à des résultats significativement plus faibles ».
 
« En moyenne, continue le texte, au cours des dix dernières années, les pays qui ont consenti d’importants investissements dans les technologies de l’information et de la communication dans le domaine de l’éducation n’ont enregistré aucune amélioration notable des résultats de leurs élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences. »
 
Et encore : « Les nouvelles technologies ne sont pas d’un grand secours pour combler les écarts de compétences entre élèves favorisés et défavorisés. C’est sans doute le constat le plus décevant de ce rapport. »
 
Alors ? Alors, l’OCDE suggère tout simplement d’en revenir, faute de mieux ou, triste consolation, en attendant mieux, aux bonnes vieilles méthodes – horresco referens !
 
« Le fait de garantir l’acquisition par chaque enfant d’un niveau de compétences de base en compréhension de l’écrit et en mathématiques semble bien plus utile pour améliorer l’égalité des chances dans notre monde numérique que l’élargissement ou la subvention de l’accès aux appareils et services de haute technologie. »
 

Nouvelle déception pour Hollande

 
C’est écrit en toutes lettres ! L’égalité des chances ne passera pas par le matériel, mais bien par une cervelle bien faite, comme Montaigne en faisait déjà le constat.
 
Autrement dit, si l’on comprend ce qu’écrit le rapport publié par l’OCDE, non seulement le plan numérique voulu par François Hollande et que Najat Vallaud-Belkacem s’efforce de mettre en place va représenter un fabuleux gaspillage – il est vrai que l’on n’est sans doute plus à un milliard près… – mais en outre il ne servira à rien, puisque le résultat sera pire encore, si c’est possible, que le résultat actuellement obtenu par l’Education nationale.
 
Y a-t-il une consolation à tirer de la constatation que ce quinquennat n’en est plus à un ratage près ?
 

François le Luc