DRAME HISTORIQUE L’Odyssée •


 
L’Odyssée est celle du commandant Cousteau, qui s’est voulu un nouvel Ulysse. Le film est donc une forme de biographie, dite couramment en anglais biopic. On aurait compris un franc hommage au commandant Cousteau (1910-1997). Il a été un des derniers explorateurs maritimes, au sens que ce mot a pu avoir dans les siècles précédents. Son navire la Calypso a navigué sur toutes les mers du monde, où ont été multipliés les relevés et les films-documentaires. L’Odyssée intéresse par ses scènes de reconstitution, à la réalisation soignée, très documentées en amont. Elles ont fait l’objet d’une émission spéciale de Thalassa, le magazine de la mer sur France 3, et d’une exposition à la Cité de la Mer à Cherbourg, encore visible dans le grand hall d’entrée. Les costumes, les décors, le contexte culturel comme politique sont bien rendus. Ces éléments de reconstitution intéressent donc véritablement. Cependant, elles prêtent parfois immédiatement le flanc à des jugements de valeurs implicites anachroniques : par exemple, l’équipage de la Calypso jetait tous ses déchets à la mer dans ses premiers voyages, y compris les plastics, négligence qui à l’époque ne choquait personne…
 

Odyssée : un indiscutable gâchis

 
Malheureusement, le film ne sait pas choisir un point de vue dominant, structuré, quitte à le nuancer à l’occasion avec délicatesse. Après un hommage à l’époque héroïque des « Mousquemers » et à la passion du commandant pour l’océanographie, il multiplie les attaques contre les erreurs, évidemment facilement perceptibles après coup, ou les indiscutables faiblesses personnelles du commandant. Il a été très vaniteux, et un mauvais mari. Souvent, le film frôle la thèse à charge, puis il revient brusquement à l’hommage, avant de repartir dans des minutes strictement insultantes pour le commandant en particulier à travers le personnage d’un fils Cousteau agressif, en crise d’adolescence tardive. Il est vrai que les enfants de célébrités ont du mal à exister par eux-mêmes ; mais c’est un autre sujet, traité ici sans finesse aucune ni même crédibilité : il doit bien y avoir un seuil de décence verbale dans les disputes familiales, du moins il faut l’espérer…Enfin, l’hommage finit par dominer, mais dans ce que le commandant Cousteau a pu avoir selon nous de plus discutable sur le plan idéologique, ses discours de prêcheur écologiste des années 1970-80… Défendre, préserver, la nature, les paysages, la flore, les animaux, est une belle cause, mais elle doit être subordonnée aux impératifs de la vie humaine et ne doit pas inciter à la réduction drastique de la population mondiale. Or ce n’a pas été le cas dans ces propos, ce qui provoque une réelle gêne.
 
Bref, l’Odyssée, qui avec un autre montage et beaucoup de coupes, aurait pu être un bon film, sans être totalement nul, donne le sentiment d’un indiscutable gâchis.
 

Hector JOVIEN

 
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