Le pape François parle de la communion pour les divorcés remariés : son discours reste ambigu

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Dans une longue interview donnée à une journaliste mexicaine, Valentina Alazraki, le pape François a répondu avec bonhomie et même familiarité à une multitude de questions allant de l’immigration à la réforme de la Curie. Il s’est notamment exprimé sur les propositions présentées au synode extraordinaire sur la famille : permettre aux divorcés remariés de communier dans certaines circonstances, apprécier les unions illégitimes et même homosexuelles en y recherchant un bien qui s’y exprimerait. Alors que d’aucuns affirment que le pape François a clarifié sa position à ce propos, la lecture de l’intégralité de l’entretien, publié sur le site du Vatican, laisse une impression plus ambiguë, liée notamment à la familiarité et à l’imprécision du langage, truffé d’expressions latino-américaines et de phrases incomplètes qui laissent bien des questions ouvertes.
 

Les divorcés remariés et la communion

 
Interrogé sur les divorcés remariés qui « pourront communier », sur le degré d’acceptation que peut espérer le « monde des homosexuels » le pape a répondu (les concordances de temps étranges sont dans le propos original en espagnol) : « Je crois qu’il y a des attentes démesurées, n’est-ce pas ? Le synode sur la famille, ce n’est pas moi qui l’ai voulu. C’est le Seigneur. Et cela a été une chose à Lui. Lorsque Mgr Eterović, qui était le secrétaire, m’apporte les trois thèmes qui ont reçu le plus de voix, il me disait que c’est celui-ci : qu’est-ce qu’il apporte, c’est ce que Jésus-Christ apporte à l’homme d’aujourd’hui. Eh bien, faisons cela. Ainsi on a le titre du synode. Nous avons continué de parler de l’organisation, et je lui ai dit : “Regarde, faisons ceci : mettons l’apport de Jésus-Christ à l’homme d’aujourd’hui et à la famille d’aujourd’hui.” Et le titre s’est retrouvé avec la famille en queue, là. Quand nous sommes allés à la première réunion du Conseil post-synodal on a commencé à parler de ce titre… et après oui, parce que l’apport de Jésus-Christ à la famille… et déjà l’homme d’aujourd’hui est resté un peu en marge. Et à la fin j’ai dit : “Non, parce que ce synode sur la famille…”, et la même dynamique a changé le titre. Et moi je n’ai plus rien osé dire, hein ! »
 

Pape François : accompagner les divorcés remariés et les couples de fait pour qu’ils réintègrent l’Eglise

 
Le pape pointe ensuite le caractère particulier que traverse la famille aujourd’hui, et qui se traduit par une désaffection à l’égard du mariage de la part des jeunes qui cohabitent, et finissent, pour certains, par se marier.
 
« Je crois que ce que veut le Seigneur, c’est que nous nous confrontions à ceci : la préparation au mariage, l’accompagnement de ceux qui cohabitent, l’accompagnement de ceux qui se marient, et mènent bien leur famille, l’accompagnement de ceux qui ont échoué dans leur famille et qui ont fait une nouvelle union, la préparation au sacrement du mariage, tous ne sont pas préparés. Et combien de mariages ne sont que des faits sociaux, ils sont nuls ! Par manque de foi. »
 
Et plus loin :
 
« Bien, la famille est en crise, comment intégrer dans la vie de l’Eglise les familles, les “replay”, non ? C’est-à-dire celle de la deuxième union qui parfois se révèlent phénoménale… que cela a été un échec. Comment les réintégrer, n’est-ce pas ? Qu’ils aillent à l’église, chacun alors, alors on simplifie et on dit qu’on va donner la communion aux divorcés. De cette manière on ne résout rien. Ce que veut l’Eglise, c’est que tu réintègres la vie de l’Eglise.
 
« Mais il y en a qui disent : “Non. Je veux prendre la communion et basta.” Comme une cocarde. Comme un signe honorifique. Non. Ou alors réintègre l’Eglise. Il y a sept choses que ne peuvent pas faire selon la législation actuelle ceux qui sont dans une deuxième union. Je ne me les rappelle pas toutes, mais l’une de ces choses, c’est qu’ils ne peuvent pas être parrains ou marraines de baptême. Pourquoi ? Quel témoignage peuvent-ils donner au filleul ? Celui de dire : “Regarde, chéri, dans ma vie je me suis trompé, et aujourd’hui je suis dans cette situation. Je suis catholique. Les principes, les voici. Je fais ceci et je t’accompagne.” Témoignage de vérité. Il t’arrive un mafieux, un délinquant, quelqu’un qui a tué des gens, mais comme il s’est marié à l’Eglise, il peut être parrain. C’est-à-dire ces contradictions. Une chose que… Et il faut les intégrer là-dedans et ne pas faire le catéchisme. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? S’ils croient, bien qu’ils se trouvent dans une situation qui se dissout, qu’on appelle irrégulière, et qu’ils la reconnaissent et l’acceptent, et qu’ils sachent ce que l’Eglise pense de ces choses, ce n’est pas un empêchement. Quand nous parlons d’intégrer c’est mettre tout cela… Puis accompagner les processus intérieurs. »
 

Le discours ambigu du pape François finit par ne rien dire ni dans un sens ni dans l’autre

 
On peut sortir ce qu’on veut de ce contexte imprécis et par moment inintelligible…
 
On notera simplement que l’Eglise demande de choisir les parrains et marraines en évitant de choisir une personne qui vit dans un état continu de péché mortel, en ne réservant pas cette restriction aux divorcés remariés. Sont aussi exclus – par exemple – ceux qui vivent au sein d’unions de fait, ceux qui favorisent l’avortement, ceux qui n’ont pas pratiqué depuis des années, ceux qui vivent dans un état continu de péché mortel en raison de leur immoralité…
 
Voilà bien des raisons de demander l’assistance du Saint-Esprit…