Le Parti socialiste rappelle à l’ordre ses frondeurs

Le Parti socialiste rappelle à l’ordre ses frondeurs
 
Le Bureau national du Parti socialiste a lancé mardi un rappel à l’ordre à l’intention des frondeurs qui ont manifesté leur hostilité (partielle…) à la politique du gouvernement, sans pour autant les sanctionner, même dans le cas de ceux qui avaient manifesté leur intention de rejeter la loi Macron.
On a néanmoins adopté, rue de Solferino, une résolution – « un peu fourre-tout, comme la loi Macron », a estimé le président du Conseil général de l’Essonne Jérôme Guedj – au terme de laquelle des consignes de vote sur les textes de loi importants seront désormais données, après audition du gouvernement, aux députés socialistes.
 
Les élus seront, à partir de maintenant, obligés de respecter ces consignes, sous peine de subir les sanctions prévues par le règlement du parti – sanctions qui vont du blâme à l’exclusion pure et simple.
 

Le rappel à l’ordre des « frondeurs »

 
La décision a été prise après les déboires verbaux qui ont entouré le vote de la loi Macron. Mais celle-ci a tout de même été votée, ce qui prouve que cette « fronde » est menée par des opposants en peau de lapin, qui craignent pour leurs prébendes. Et le pluriel est ici de rigueur, pour la plupart d’entre eux au moins. Cela dit, le Bureau national considère que leur attitude a marqué un « manque de respect, de fraternité [!] ou tout simplement de camaraderie (…) intolérable ».
On en rirait, si ce n’était d’un ridicule achevé.
 
« L’idée était de sortir par le haut des difficultés que nous avons rencontrées la semaine dernière », a poursuivi cependant le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
 
Parlons-en ! S’il est assez logique qu’un député de la majorité suive le gouvernement, son mandat ne le prive pas, jusqu’ici, de sa liberté de pensée – même si, dans certains cas sensibles, celle-ci peut lui valoir bien des déboires. Mais si les partis contraignent désormais leurs députés (voir les autres élus à leur échelon respectif) à voter selon la discipline du parti, il serait aussi simple de supprimer le Parlement, et d’attribuer à chaque parti français le pourcentage correspondant aux voix reçues lors de la dernière élection… Pour le même résultat, ce serait une source d’économies non négligeable !
 
De ce fait, Cambadélis espère qu’il « n’y aura plus de vote contre » au Parlement. Si celui-ci demeure, l’opposition, en cas de majorité absolue détenue par le parti au pouvoir, n’aura plus qu’à prendre des vacances perpétuelles…
 

Le Parti socialiste en lambeaux

 
On ne s’étonnera pas, dans ces circonstances, de certaines protestations internes. Ainsi, le député européen Emmanuel Maurel, tenant de l’aile gauche du PS, a-t-il déploré les comportements de « maître d’école » du premier ministre : « On ne dirige pas un pays à coup de menton ou un parti à coups de martinet. »
 
Et d’ajouter : « On n’arrive pas à être d’accord car on s’est éloigné considérablement de ce sur quoi on s’était engagés en 2012. »
Mais cette protestation demeure, pour l’heure, de pure forme et sans impact aucun.
Néanmoins, selon le dernier sondage Odoxa pour Le Parisien et iTélé, six Français sur dix estiment que le PS est aujourd’hui menacé d’implosion.
 
Voire ! Mais, même si cela arrivait, on peut se demander, en l’état de déliquescence actuelle de la politique, si cela changerait quoi que ce soit…