Passengers , soit évidemment les passagers en français, est un film de science-fiction pur. Il s’adresse avant tout voire exclusivement aux amateurs du genre. Ces passagers sont ceux d’un vaisseau spatial très long-courrier. Des humains sont transportés dans l’espace sur des distances considérables, afin de coloniser de nouvelles planètes. Ils sont supposés dormir, en état d’hibernation, sur plus d’un siècle, à bord d’un immense vaisseau automatisé. Il faut saluer un grand effort de travail des décors, avec un vaisseau qui correspond à peu près aux hypothèses sérieuses de la science-fiction – on reste loin de la science pure de toute façon – dans Passengers. Le système informatique est supposé tout gérer pour le meilleur, faire face à toutes les difficultés, réparer lui-même toutes les pannes. Evidemment, les choses risqueraient de ne pas être aussi assurées dans l’espace réel. Se retrouve le syndrome du Titanic : le vaisseau serait indestructible, tous les accidents possibles seraient parfaitement anticipés avec la gestion ad hoc…Il n’en sera rien. Des passagers, de un à trois, sur plusieurs milliers, sont éveillés 90 ans avant le réveil général, prévu à quelques mois de la planète habitable de destination. Ils ne pourront pas se remettre par eux-mêmes en hibernation. Il en résulte un fort stress psychologique à gérer : être seul, puis si peu, pour des décennies, avec la certitude de ne jamais arriver vivant à destination.
 

Passengers : plutôt réussi

 
Une grosse moitié du film constitue une variation du mythe de Robinson. Les naufragés ne sont pas sur une île, ou une planète, mais sur l’immense vaisseau spatial, qui paraît bien vide. Toutefois, si Robinson s’est beaucoup ennuyé en effet, à être si seul sans contacts avec une société humaine, l’ennui est la pire des émotions à transmettre à un spectateur au cinéma…Ne conserveront vraiment leur intérêt pour le film que les passionnés de science-fiction. Puis, surviennent, dans la logique du film, et au bon moment pour l’attention du spectateur de bonne volonté, des péripéties vraiment dramatiques. Une série de pannes, de plus en plus graves, menace la survie du vaisseau spatial, ce qui concerne les deux ou trois héros éveillés, mais aussi les milliers de passagers en sommeil profond. Il y a tout lieu de croire que les Passengers sauveront le vaisseau, au prix de dangereuses manœuvres acrobatiques dans l’espace. Mais il n’est pas certain du tout que tous y survivront, vrai suspens sur ce point. Nous n’allons surtout pas préciser la chose pour ménager la surprise, mais un passager est soumis à un dilemme moral. Ainsi, les héros ne sont pas parfaits, ce qui permet au spectateur honnête de davantage s’y identifier. S’adressant à un public d’amateurs spécifiques, Passengers est plutôt réussi.
 

Hector JOVIEN