Comment la police va être bouleversée par l’Internet des choses, l’intelligence artificielle et les robots

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Si la société est peu à peu envahie par les objets connectés, les forces de police n’ont pas manqué le train et suivent le mouvement. Internet des choses, intelligence artificielle, robots… tout est bon pour pister le criminel, démasquer le voleur, confondre le menteur. Bernard Marr dans Forbes, en dresse un tableau réaliste, dont peu prennent la véritable mesure. Car si la technologie peut favoriser la lutte contre la criminalité, le pendant est toujours qu’elle diminue l’exercice de notre vie privée, voire, in fine, de notre sécurité…
 
Un double tranchant permanent.
 

L’Internet des choses utilisé pour aider à lutter contre le crime

 
Voitures, réfrigérateurs, montres, téléphones, téléviseurs, stimulateurs cardiaques, moniteurs d’activité physique, consoles de jeux, cafetières… Tout un chacun se jette, dorénavant, sur ces joujoux derniers cris qui nous « connectent » et nous offrent un éventail magique de possibilités plurielles… mais aussi de très sérieuses « chances » d’être surveillés, enregistrés et occasionnellement poursuivis si la justice a maille à partir avec vous, grâce aux informations qu’ils peuvent fournir.
 
« L’Internet des choses a été explosif. Nous vous suivons à la trace tout le temps. Si vous ne le savez pas, vous êtes fou » disait le chef de la section de cybercrime informatique du département de police de Los Angeles, dans une interview. « La plupart des gens ne comprennent pas le pouvoir de ces dispositifs connectés de contredire les alibis et de capturer des mensonges » renchérit Bernard Marr.
 
Les scènes de crimes ont déjà bien évolué. Des arrestations ont été faites grâce à des preuves recueillies à partir d’appareils numériques connectés tels que l’enceinte Echo d’Amazon ou un Fitbit (bracelet-coach électronique).
 

« Si vous ne le savez pas, vous êtes fou »

 
Bernard Marr met en exergue des affaires emblématiques outre-Atlantique.
 
Celle de Richard Dabate qui contacte la police du Connecticut, en décembre 2015, en disant qu’un individu masqué s’est introduit chez eux et a frappé sa femme à mort. Malheureusement pour lui, le podomètre du bracelet Fitbit qu’elle portait, raconta une histoire bien différente.
 
Ross Compton, lui, avait déclaré aux enquêteurs qu’il s’était réveillé dans son domicile en feu et qu’il avait traversé une fenêtre pour échapper aux flammes. Seulement les données de son stimulateur cardiaque n’ont pas conforté ses dires – au contraire. Il a été accusé d’incendie criminel aggravé et de fraude à l’assurance.
 

Et la police aussi est contrôlable

 
Oui, les dispositifs numériques peuvent dorénavant mettre derrière les barreaux.
 
Mais à l’inverse, la police est autant « surveillable » et surveillée ! L’utilisation des caméras dans les patrouilles se multiplie, pour prévenir les comportements inacceptables des agents et de ceux avec lesquels ils interagissent…
 
Des capteurs intelligents ont été aussi développés pour être fixés à l’intérieur du pistolet d’un officier pour suivre comment l’arme à feu est utilisée, même si elle n’est pas dégainée. Une information qui pourrait s’avérer utile dans les procès criminels, en particulier ceux qui impliquent un individu issu des minorités ethniques – le dernier procès, celui d’un ancien policier blanc, Jason Stockley, qui avait tué un trafiquant de drogue noir en 2011, après une course-poursuite, génère tensions et émeutes depuis plusieurs jours…
 

L’intelligence artificielle dans les services de police prédictifs

L’intelligence artificielle progresse dans les services. Les agences à travers le monde travaillent sur des approches plus axées sur les données. L’apprentissage par machine est spécialement qualifié pour identifier les modèles et peut être très utile lorsque l’on tente de discerner un modus operandi (M.O.) d’un délinquant.
 
Dans la ville de Durham, en Angleterre, la police britannique a utilisé un système appelé Hart (Harm Assessment Risk Tool) qui classe les individus et donne la probabilité qu’ils commettent une autre infraction à l’avenir. Le système a été alimenté par des données recueillies entre 2008-2013 et évalue les personnes en fonction de la gravité du crime actuel, des antécédents criminels, du risque de vol et plus encore.
 
Un succès, si l’on en croit Bernard Marr, quoiqu’il ne faille pas oublier que l’utilisation d’algorithmes et d’outils logiciels prédictifs soit encore un problème : selon plusieurs études, ils accusent les accusés des minorités, deux fois plus que les Blancs… les « préjugés » ont la dent dure !… … …
 

A quand le premier robot tueur ?

 
D’un autre côté, ne l’oublions pas, ces nouvelles technologies grandissent aussi du côté obscur de la force…. piratages, escroqueries, « hackages » à grande échelle… L’internet des objets pourra aussi permettre de prendre le contrôle à distance ou d’espionner à mauvais escient.
 
Un cabinet de cybersécurité vient de publier un nouveau rapport démontrant comment les machines peuvent être transformées en dispositifs de surveillance, en envoyant de l’audio et de la vidéo de leurs propriétaires aux pirates, ou comment ils peuvent être contrôlés à distance de manière à nuire aux humains.
 
La police va gagner en efficacité. Mais va aussi gagner du travail.
 

Clémentine Jallais